Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a rendu hommage dimanche au chef des opérations du parti chiite à Idleb, en Syrie, Hassan Hussein al-Hajj, tué au combat le week-end dernier. Il a mis l'accent à cette occasion sur l'importance stratégique de la résistance face à la menace takfiriste, soulignant en outre sa volonté de maintenir le gouvernement libanais et le dialogue national à flot, invitant ceux qui veulent se retirer du gouvernement ou du dialogue à le faire.
Après avoir salué les "exploits" de Hassan Hussein al-Hajj, plus connu sous le nom d'Abou Mohammad, âgé d'une quarantaine d'années, vétéran du Hezbollah et un des fondateurs de la "Résistance islamique" qui avait dirigé les plus importantes opérations contre Israël dans le sud et l'est du Liban jusqu'au retrait de l'État hébreu en 2000, M. Nasrallah a souligné que "la résistance porte la lourde responsabilité de protéger le Liban et son peuple, son honneur et sa souveraineté", lors d'une intervention sur la chaîne de télévision du Hezbollah, al-Manar.
Les combattants du Hezbollah se sont battus "pendant 30 ans à la frontière palestinienne et se trouvent aujourd'hui à Sahl Ghab où est mort Abou Mohamed", a ajouté M. Nasrallah. La présence du mouvement chiite en Syrie "est plus importante que jamais --qualitativement, quantitativement et en matière d'équipement-- parce que nous nous trouvons face à une bataille essentielle et décisive", a-t-il poursuivi.
Abou Mohammad est mort le 10 octobre à Sahl Ghab, une plaine stratégique au nord-ouest de la Syrie, où les miliciens du Hezbollah sont déployés pour combattre aux côtés des troupes du président syrien Bachar el-Assad. Le Hezbollah a envoyé des milliers de combattants en Syrie pour appuyer l'armée du régime.
Le secrétaire général du Hezbollah a également vanté le combat du parti face au "projet takfiriste". "Nous tenons tête au projet takfiriste depuis maintenant plus de quatre ans sur plusieurs fronts. Nous sommes présents partout où nous devons l'être. Nous avons certes subi des pertes mais nous sommes toujours présents", a-t-il indiqué.
Certains reprochent au Hezbollah de se détourner ainsi de son ennemi principal au sud du Liban, Israël, qui lui avait mené une guerre d'un mois en 2006. D'après le dernier bilan donné en août par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), 903 membres du Hezbollah ont trouvé la mort en Syrie. Le parti chiite n'a de son côté jamais fourni de chiffres sur ce plan.
(Lire aussi : Nasrallah : Le Hezbollah soutient "l'intifada" du peuple palestinien)
'Nous resterons au gouvernement'
Hassan Nasrallah a essayé de tempérer ces critiques en affirmant que l'Etat hébreu et les groupes extrémistes en Syrie, comme l'Etat islamique (EI), avaient les mêmes objectifs. "Les deux projets --le sioniste et le takfiriste ont le même objectif: détruire nos peuples et nos sociétés", a-t-il dit, assurant que le Hezbollah continuera à protéger le Liban d'Israël tout comme il combat les groupes extrémistes en Syrie.
"Sans la persévérance au sol face à Daech et ses alliés... qu'en serait-il de la région aujourd'hui, en Irak, en Syrie et au Liban?", a-t-il poursuivi, utilisant l'acronyme arabe pour désigner l'EI.
Estimant que "les projets takfiriste et sioniste humilient les peuples de la région", M. Nasrallah oppose à ces projets "la résistance en faveur de tous les peuples de la région - les chrétiens, les sunnites, les chiites et les minorités - la logique du partenariat et la liberté d'expression". Le chef du Hezbollah a toutefois reconnu que le combat en Syrie "risque d'être long", mais il a affirmé qu'il est nécessaire pour "protéger ces pays et ces régions".
Evoquant la situation politique locale, le secrétaire général du Hezbollah a indiqué que son parti "tient à rester au gouvernement et autour de la table de dialogue", saluant les efforts du Premier ministre, Tammam Salam, et l'exhortant à préserver le gouvernement et à éviter qu'il ne chute. "Le maintien du gouvernement sert l'intérêt des Libanais", a-t-il souligné, mettant en garde contre l'"effondrement".
M. Nasrallah s'est ensuite adressé au Courant du Futur, dont "certains cadres expriment une gêne par rapport au Hezbollah". "Nous refusons le chantage, a-t-il prévenu. Ceux qui souhaitent rester autour de la table de dialogue et au sein du gouvernement sont les bienvenus. Ceux qui souhaitent les quitter sont libres de le faire", a-t-il indiqué, assurant "n'obliger personne à rester". "Nous tenons à notre pays, à sa stabilité politique et sécuritaire", a-t-il conclu.
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commentaires (15)
Quelle "Colle" ! Pire que le "sparadrap" du Capitaine Haddock !
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
03 h 06, le 20 octobre 2015