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Économie - Liban - Commerce

Les industriels de la Békaa peinent à exporter

Selon la Chambre de commerce de Zahlé, les exportations industrielles de la Békaa sont en chute libre. Une tendance difficilement rattrapable par le plan de subventions lancé par le gouvernement.

Contrairement aux exportations agricoles, la plupart des exportations industrielles ne sont pas conteneurisées, ce qui les pénalise dans le cadre du plan de subventions gouvernementales. Photo « L’OLJ »

Après avoir terminé 2014 en baisse de 7,4 %, les exportations industrielles devraient enchaîner une nouvelle contre-performance cette année, même si la tendance reste difficile à confirmer du fait de l'absence provisoire de statistiques nationales. « La publication de ces données a été bloquée depuis plusieurs mois suite à un désaccord entre le ministère de l'Industrie et les douanes », révèle une source au ministère, qui assure toutefois qu'elle devrait reprendre « dans les semaines qui viennent ». Plusieurs indices semblent néanmoins laisser présager un recul significatif cette année. D'abord, la baisse de près de 7 % en glissement annuel, à 1,77 milliard de dollars, du niveau global des exportations libanaises enregistrées fin juillet. Un autre signe révélateur réside sans doute dans la situation connue par les exportateurs industriels de la Békaa : selon les données collectées par la Chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Zahlé, les exportations industrielles de la région ont chuté de presque 21 % fin juillet en glissement annuel, à environ 65 millions de dollars. Cela représente environ 60 % du total des exportations de la Békaa, hors réexportation (7 %). Les industriels de la Békaa produisent essentiellement de l'agroalimentaire (notamment des chips et des laitages) et des produits de conditionnement (emballage en carton, en plastique, etc.).


« L'évolution des exportations industrielles des entreprises de la Békaa a été obtenue en dépouillant les certificats d'origine délivrés à près de 400 industriels souhaitant exporter leurs productions par le ministère de l'Industrie, via les Chambres de commerce », explique le directeur général de la Chambre de commerce d'industrie et d'agriculture de Zahlé, Youssef Geha.

Les agriculteurs exportent mieux

Les mauvais résultats des exportations industrielles de la Békaa sont naturellement liés au recul de la demande dans les pays arabes. « Sur les sept premiers mois de l'année, les exportations vers l'Irak, la Syrie ou l'Égypte, qui représentent plus de la moitié du total des exportations industrielles de la région, ont diminué de respectivement 54 %, 45 % et 38 % », illustre M. Geha. « Si la fermeture du poste-frontière de Nassib en avril a naturellement contribué à compliquer la tâche aux exportateurs, les raisons qui expliquent ces mauvais résultats sont plus nuancées », relève-t-il toutefois. « La situation n'était pas beaucoup plus confortable pour les industriels avant la fermeture des voies terrestres d'exportation », analyse de son côté Antoine Saliba, un industriel de Zahlé. « Les troubles sécuritaires qui secouent la région depuis 2011 ont, par exemple, fait progressivement grimper les primes de risques des transporteurs, faisant ainsi diminuer l'écart de prix entre le transport maritime et terrestre, qui s'est de ce fait considérablement réduit en 4 ans », poursuit-il. Selon un rapport de l'autorité des investissements au Liban (Idal) publié en juin, ce dernier serait actuellement inférieur à 25 %. « Par conséquent, de nombreux industriels avaient entrepris d'expédier leur marchandise par bateau bien avant la fermeture de Nassib », conclut M. Saliba.

Reste que, confrontés au même problème, les agriculteurs de la Békaa sont loin d'avoir connu une telle érosion. En effet, sur la même période, leurs exportations ont enregistré plusieurs performances en hausse, respectivement de 49 % pour l'Irak et de 266 % pour l'Égypte, tandis que celles vers la Syrie n'affichaient qu'un léger recul de 2,5 %, selon M. Geha. Une différence qui pourrait notamment s'expliquer par le fait que le renchérissement des coûts de transport affecte aussi leur production en amont : « À la fin de la journée, les industriels se retrouvent avec des matières premières importées toujours plus chères et un coût du transport qui ne cesse de grimper », résume M. Geha. « Cela ne serait qu'un moindre mal, si les produits qui sortent de ces usines ne devaient pas aussi subir la concurrence de pays comme l'Arabie saoudite, largement avantagée par les accords de libre-échange signés par le Liban et le Conseil de coopération du Golfe en 2004 », surenchérit M. Saliba. Il rappelle enfin que le plan de subventions aux exportations initié par Idal il y a quelques semaines ne concerne pas les exportateurs qui font transiter leurs marchandises par conteneur, ce qui n'est pas le cas de nombreux industriels. « Ce plan aurait pu proposer une solution plus adaptée aux industriels », regrette-t-il.




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