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Liban - Patrimoine

Pourquoi Byblos restera ville-vitrine éternelle...

Tout savoir sur Byblos, son site archéologique, son patrimoine religieux souvent méconnu, ses bâtiments ottomans qui pour être plus modestes n'en sont pas moins intéressants ? « Byblos, ville mondiale de l'Antiquité : 5 000 ans de croissance et d'opportunités », écrit à quatre mains par Camille Asmar et Claude Doumet-Serhal, répondra à pratiquement toutes vos questions.

Vue d’angle de la vieille ville de Byblos.

Byblos, ville mondiale de l'Antiquité: 5 000 ans de croissance et d'opportunités offre une synthèse claire des fouilles archéologiques et des cultures accumulées au fil des siècles. Deux spécialistes ont apporté à la rédaction de cet ouvrage leurs compétences spécifiques : l'architecte et ancien directeur général des Antiquités Camille Asmar, et l'archéologue Claude Doumet-Serhal, qui dirige depuis 17 ans les fouilles du British Museum à Saïda. Ils étalent sur 116 pages une ville marquée par une superposition de périodes allant du néolithique à la période ottomane, avec chacune ses propres caractéristiques et à tous les niveaux : architecture, matériaux employés, urbanisme et culture.
Émaillé d'infos pratiques, de croquis, de plans, de photos et de cartes, l'ouvrage livré avec sa pochette qu'on peut porter en bandoulière propose trois itinéraires pour déambuler dans les ruines de l'antique cité et les ruelles du souk ottoman entre mosquée, églises et maisons traditionnelles.
Mais tout d'abord une plongée dans l'Antiquité.

Même si des secrets enfouis dans les entrailles du sol attendent encore de libérer leur histoire (comme celle du port antique), les prospections menées à Byblos dès le XIXe siècle par Ernest Renan et les fouilles entreprises, de 1921 à 1924, par l'égyptologue Pierre Montet, relayé à partir de 1925 et jusqu'au milieu des années 1970 par Maurice Dunand, ont permis de réveiller des siècles d'histoire, d'apporter une moisson de découvertes et d'amasser une somme de connaissances couvrant les différentes périodes qui ont marqué la ville. S'appuyant sur les études consignées par Dunand, sur les publications de Gassia Artin sur la période chalcolithique de la ville, de Muntaha Saghieh sur l'âge du bronze ancien, d'Honor Frost sur l'aspect maritime du site et les recherches scientifiques de Jean Laufray et Yasmine Maacaroun, Camille Asmar et Claudet Doumet-Serhal déroulent un panorama du site et signalent les « interprétations récentes » portant sur des monuments comme celui du temple de la tour, ou temple à escalier, dont le toit aurait servi de « proto-phare pour guider les marins venus de loin en quête du port d'Ougarit ». À noter toutefois que peu de documents concernant l'histoire politique de la ville entre le VIIIe et la fin de la domination babylonienne (VIe siècle), ainsi qu'au sujet de la domination perse, sont disponibles.

Tout y est...
Compte tenu du riche héritage de la cité, nous avons choisi de sélectionner brièvement les quelques points forts qui font d'elle une ville vitrine éternelle. Byblos est la première des villes phéniciennes à battre monnaie (vers 450 avant J-C). C'est elle aussi qui a fourni la plupart des sources permettant de connaître la période néolithique du Liban. Son site chalcolithique est le plus étendu et le plus systématiquement fouillé du Liban : il a livré un nombre important de structures d'habitat et de routes pavées ainsi que 2 097 sépultures pourvues de mobilier funéraire, dont 2 059 jarres funéraires et 3 652 objets votifs.

Byblos est également le site archéologique qui donne l'un des premiers exemples d'organisation urbaine dans le monde méditerranéen : les murs de défense, les portes de la ville, son aménagement, ses habitations, ses temples et son réseau routier. Tout y est. On apprend qu'à l'époque chalcolithique, les logis de pierre, comportant une seule pièce rectangulaire (parfois d'une superficie de 54 m2), se sont développés de façon circulaire, autour d'un bassin artésien s'étendant sur 1 200 m2. Cette source sacrée, appelée Ayn al-malak (puits du roi), alimentait la ville en eau. Sur ses bords, ont été érigés plusieurs sanctuaires dont le temple Ba'al-Gebal, et le temple égyptisant aux obélisques, un bijou architectural du XVIIe siècle avant J-C, que Dunand a démantelé et déplacé à l'est du site pour dégager un sanctuaire plus ancien, le temple en L.

Au IIIe millénaire, les nouvelles habitations sont toujours unicellulaires, mais elles sont bâties sur des piliers rectangulaires et regroupées en enclos délimités par des murets périphériques. Quant au réseau routier, particulièrement adapté à la topographie de Byblos, il a survécu aux différentes périodes d'occupation ancienne, et même bien au-delà de l'époque romaine.

Le sarcophage d'Ahiram
Byblos est directement associée à l'histoire de la diffusion de l'alphabet phénicien. De ses entrailles a surgi le plus ancien (à ce jour) sarcophage phénicien: celui d'Ahiram (Xe siècle avant J-C). Découvert en 1923 par Pierre Montet, il constitue la pièce maîtresse de la collection du Musée national de Beyrouth. Sur son couvercle et sur le bord de sa cuve est gravé le plus vieux texte qui nous soit parvenu en écriture phénicienne linéaire. « L'inscription comprend deux lignes de 136 signes représentant 19 caractères différents, tous des consonnes directement liées aux 22 caractères de l'alphabet phénicien ». Elles indiquent que ce sarcophage a été commandité par Ittobaal, fils d'Ahiram, pour son père, et « que si un roi, un gouverneur ou un chef d'armée se présente devant Goubal et ouvre le sarcophage, que son sceptre se brise, que le trône de son royaume tombe, que la paix s'échappe de Goubal et que sa mémoire s'efface pour l'éternité ». Les spécialistes sont toutefois partagés sur la date exacte de ce vestige. La découverte dans la chambre funéraire de cartouches frappés du sigle de Ramsès II laisse en effet penser que le sarcophage a été réalisé au XIIIe siècle avant l'ère chrétienne, puis réutilisé pour l'inhumation d'Ahiram.

C'est également dans le sous-sol de Byblos et plus précisément dans le temple des obélisques que dormaient d'un long sommeil les célèbres figurines guerriers de bronze, de cuivre ou d'argent, recouvert d'une feuille d'or. Vêtues d'une espèce de jupe courte, coiffées d'une tiare conique et brandissant une arme, elles représentent le dieu Réshef.

Camille Asmar et Claude Doumet-Serhal se sont également penchés sur la Byblos hellénistique, « nommée Byblos la sacrée », qui a livré un exemple typique de la statuaire colossale existant dans l'Égypte de l'Ancien Empire : le colosse exposé au Musée national de Beyrouth. Place ensuite aux romains avec un ensemble de théâtre, de bains, de sanctuaires et un nymphée, construits au Ier siècle avant j-c. Large de 9,50 mètres, la voie romaine était autrefois l'entrée principale de la ville. Bordée de colonnes de granit de 4,80 m portant des chapiteaux corinthiens en marbre, la route passe sous une partie de l'ancien souk et arrive au nymphée qui se trouve au pied du château des Croisés dont il ne subsiste de sa tour qu'une section de 275 mètres à l'est et 398 mètres au nord.

Les fossiles les plus célèbres
Dans une seule et même ville, à travers des quartiers contigus, c'est un voyage à travers le temps. Car au-delà des ruines archéologiques, Camille Asmar et Claude Doumet-Serhal proposent aussi une lecture de la piazza, avec son souk ottoman, son ancien sérail, son khan et son caravansérail, la mosquée de l'émir Youssef Chéhab, etc. Au programme également, les maisons traditionnelles libanaises, comme la demeure des Sfeir et sa petite chapelle, ou celle de Beiruti devenue un restaurant, ou encore la fondation Cordahi qui abrite les archives de Byblos, mais à laquelle le public n'a pas encore accès ; sans oublier la maison Hussami qui avait abrité tout au long d'un siècle les archéologues travaillant sur le terrain et qui sera prochainement destinée à un musée.

Le livre dévoile enfin les particularités d'un nombre d'anciennes églises et chapelles et retrace l'histoire du musée des fossiles de poissons, d'invertébrés, de tétrapodes ou de plantes. Vieux d'environ 100 millions d'années, « ils sont parmi les plus célèbres du monde, et surpassent souvent en qualité et en nombre les spécimens trouvés aux USA, en Italie, en Allemagne ou au Brésil ».

 

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