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Moyen Orient et Monde - billet

Le roi du monde

AFP PHOTO / POOL / TONY GENTILE

Tapis rouge, grand sourire et regard admiratif : il a beau être le chef d'État de la première puissance mondiale, le premier président noir de l'histoire de son pays, protestant libéral et décomplexé, Barack Obama donne l'impression d'être, comme tous les autres, fasciné par l'aura que dégage son hôte. Un invité si spécial qu'il peut se payer le luxe d'effectuer un vol direct entre Santiago de Cuba et Washington, et d'être accueilli par le président américain lui-même, tout en écoutant la foule scander des : « Welcome to the USA », « Francisco » ! Même dans ce pays majoritairement protestant, même dans ce pays où les fidèles sont plutôt conservateurs et n'apprécient pas particulièrement son discours moderne sur la famille, même dans ce pays qui incarne mieux qu'aucun autre tout ce qu'il a passé sa vie à combattre, le pape est chez lui. Avec son sourire, sa simplicité, sa Fiat 500, son accessibilité, et surtout son discours à la Maison-Blanche, devant plus de 10 000 fidèles. Il lui aura fallu moins de 24 heures pour conquérir l'Amérique.

Le catholique Joe Biden ne s'y est pas trompé en présentant le pape argentin comme « l'homme le plus populaire dans le monde aujourd'hui ». La Maison-Blanche, le Congrès, puis l'Assemblée générale des Nations unies : en seulement six jours, le pape va être écouté dans les principaux lieux de pouvoir de ce monde. Un monde qu'il cherchait jusqu'alors à éviter, plutôt adepte des visites dans les pays pauvres, mais dont il fait incontestablement partie depuis ce fameux « Buona sera », prononcé le 13 mars, le soir de son investiture en tant que pape.
Un monde qui a plus que jamais besoin de son courage et de son intelligence. Pour une raison très simple : aucune autre personnalité de premier plan ne montre aujourd'hui autant de clairvoyance dans ses mots et de cohérence dans ses actes. Aucune autre personnalité n'arrive à comprendre que l'élan révolutionnaire n'est pas contraire au respect des traditions.

 

(Lire aussi : François à DC : bien au-delà de la symbolique)



Jorge Bergoglio est un ovni qui cherche à redonner du sens à une époque qui en manque cruellement. Crise de l'environnement, culte de l'argent, implosion de la famille, dérives des sociétés matérialistes et individualistes, hypocrisie du discours religieux, le pape met des mots sur les maux de notre époque. Sans jamais accuser, sans jamais juger, appelant à la tolérance et au pardon, le pape bouscule, réforme, innove, avec force et simplicité. En réformant la curie romaine, en convoquant un synode sur la famille, en sortant une incroyable encyclique sur l'environnement, appelé « Laudato si », en renonçant au luxe de sa fonction, en lavant les pieds de prisonniers, le pape François offre une bouffée d'oxygène à l'Église de Rome. Il la réconcilie avec ses fidèles.
Il a compris que les appeler à la prière n'était plus suffisant. François ne s'adresse pas seulement aux catholiques. Il s'adresse au monde entier, aux misérables comme aux privilégiés, aux dévots comme aux athées, aux sœurs comme aux putains. Il leur propose une vision, il leur offre un message, il leur montre une lumière. La foi comme un retour au message christique, comme une nouvelle quête de sens pour cette humanité qui ne croit plus en rien.

Pour dresser le portrait idéal du théologien, François utilise les mots suivants : un « homme de son peuple (qui) ne peut ni ne veut se désintéresser des siens », « un croyant (qui) a fait l'expérience de Jésus-Christ », mais aussi « un prophète (...) capable de dénoncer toutes les formes d'aliénation parce qu'il discerne, en réfléchissant à partir du fleuve de la tradition reçue de l'Église, l'espérance à laquelle nous sommes appelés ».
Ni révolutionnaire, ni conservateur, ni de gauche, ni de droite, ni saint, ni manipulateur, ni le premier, ni le dernier, ni même le seul, François n'est pas le Christ ressuscité. Il est un homme, un croyant et un prophète qui possède, à maintenant 78 ans, toutes les qualités du Melchisédech. Ce personnage surnommé ainsi parce qu'il porte le titre de roi de Salem...

 

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