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Liban - Dialogue

Containment et statu quo sur la présidentielle

Des blocs de béton ont été acheminés en soirée pour ériger un mur bloquant l’accès au Parlement, dans la perspective de la table de dialogue ce matin. Photo Michel Sayegh.

La fonction de pure forme ou, au mieux, la fonction de « containment » que remplit le dialogue national se confirme, en dépit des surenchères verbales.
Entre la deuxième séance de dialogue qui a consacré, à la quasi-unanimité des participants, le refus de tout amendement constitutionnel pour faire élire un président et la troisième, qui doit se tenir aujourd'hui au siège du Parlement, les discours du Hezbollah et du Courant patriotique libre (CPL) se sont crispés.

Le parti chiite a réitéré au fil de la semaine, par le biais de ses députés et ministres, son appui déclaré au chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun. Les positions de Nawwaf Moussaoui et Mohammad Raad ont été suffisamment explicites dans ce sens au cours des derniers jours. M. Raad a été particulièrement lapidaire, exprimant la disposition de son parti à « attendre mille ans jusqu'à avoir un président » répondant aux critères que le Hezbollah souhaite fixer au prochain chef de l'État.

Au cours de la cérémonie solennelle de Sahel Alma dimanche dernier, le général Aoun a lui aussi assumé avec une clarté sans précédent que le choix était bien entre un « président fort » (entendre lui-même) et le chaos, au moment où des sources proches de Rabieh font état d'une analyse aouniste selon laquelle l'intervention russe en Syrie pour protéger le régime Assad ne peut que déboucher ultimement sur la victoire de la ligne défendue depuis 2005, par l'ancien commandant en chef de l'armée et, partant, sur son retour triomphal à Baabda. Pour sa part, le nouveau chef du CPL, le ministre Gebran Bassil, a appelé le camp adverse, notamment le courant du Futur, à « desserrer son emprise sur la parité, la proportionnelle et la présidence de la République ».

Cette hausse de ton a été interprétée par des observateurs comme une réponse directe au chef du bloc du Futur, le député Fouad Siniora, qui avait exprimé clairement, à la table de dialogue, le refus de son bloc d'appuyer la candidature de Michel Aoun à la présidence. C'est effectivement sur la candidature du général Aoun (camouflée jadis par les expressions de candidature tantôt « consensuelle », tantôt « forte ») que se limite désormais ouvertement le débat sur la présidentielle. Et c'est dans ce sens que doit s'orienter le débat aujourd'hui à la table de dialogue.

Le CPL prévoit de proposer par écrit trois options de déblocage de la présidentielle, qui sont, par ordre de préférence: « L'élaboration d'une loi électorale juste et équitable afin d'élire un Parlement compétent pour élire un chef de l'État ; l'élection d'un président au suffrage universel (même si cela exige un amendement constitutionnel) ; une présidentielle par consensus, sur la base d'un plébiscite chrétien », explique Ziad Abs, l'une des figures du CPL, à L'Orient-Le Jour. En réalité, ces propositions sont les déclinaisons d'une même demande que le CPL souhaite adresser au camp adverse: « Pour sortir de la crise, il faut sortir de la théorie de veto qu'on oppose à un candidat », explique M. Abs. « Nous proposons trois issues à la crise. Qu'est-ce qu'ils proposent, eux, en contrepartie ? » s'interroge-t-il.

Du côté du courant du Futur, la réponse est claire: « La candidature du général Michel Aoun qu'ils proposent n'est pas recevable. Qu'ils en proposent une autre », affirme le député Ahmad Fatfat à L'OLJ. Il insiste sur « la position ferme du 14 Mars dans ce sens », qui se traduira notamment par « un refus catégorique de traiter des clauses suivantes à l'ordre du jour avant d'avoir réglé la question de la présidentielle. Il n'est pas question de passer outre cette clause ».
Cette détermination du 14 Mars est renforcée par « l'hostilité » que ses milieux disent avoir perçue dans les discours du CPL, y compris l'appel de Gebran Bassil à une manifestation devant le palais présidentiel, à Baabda, le 11 octobre prochain.

En revanche, la virulence verbale du CPL est tempérée par une tendance (paradoxale) dans ses milieux à minimiser l'appel à la manifestation – en la limitant à la commémoration symbolique du 13 octobre, date de l'éviction du général Aoun du palais de Baabda par l'armée d'Assad en 1990 – et à afficher une attitude positive par rapport au dialogue. « Nous tenons au dialogue et sommes convaincus de cette voie pour régler les différends, ayant compris, au final, que nul ne peut éliminer l'autre », affirme Ziad Abs.
Cette position répond au souhait du Hezbollah de maintenir le dialogue, perçu comme un moyen d'éviter tout dérapage vers un vide global.
La menace d'effondrement est constamment ravivée par la rue en bouillonnement: hier en soirée, des blocs de béton armé ont d'ailleurs été entassés autour de la place de l'Étoile jusqu'au bâtiment du quotidien an-Nahar pour fortifier l'hémicycle.

Le général Michel Aoun s'est ainsi abstenu d'évoquer le dialogue dans son discours à Sahel Alma. Après avoir menacé de s'en retirer, il a décidé finalement d'y prendre part de manière intermittente, déléguant, le cas échéant, Gebran Bassil. Le CPL a d'ailleurs tout intérêt à maintenir le dialogue, qu'il tend à associer à la relance de l'exécutif. « Le dialogue est d'autant plus nécessaire que la gouvernement est paralysé », affirment des milieux aounistes. Cette association parvient à peine à dissimuler le lien entre la relance de l'exécutif et les nominations sécuritaires.

Alors que les milieux du Futur se montrent fort sceptiques quant à l'aboutissement de la formule visant à élargir le nombre de généraux de brigade (une formule à laquelle s'opposerait le commandement militaire), le CPL maintient, de son côté, l'option de recourir éventuellement à la rue. En somme, la séance d'aujourd'hui promet un retour au statu quo sur le dossier présidentiel, avec les conditions rédhibitoires des deux parties, l'élection étant prisonnière d'une conjoncture régionale complexe et encore insoluble.

 

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commentaires (5)

contre manifestation allez tous a Rabieh protester la position du General et de son gendre et les obliger a aller voter au parlement quand dans son proper parti on n a pas la majorite aux elections pour Bassil, on change tout et on le nomme ce qu'il peut faire dans son parti, il ne peut pas le faire dans le pays entier dont acte

LA VERITE

13 h 47, le 22 septembre 2015

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Commentaires (5)

  • contre manifestation allez tous a Rabieh protester la position du General et de son gendre et les obliger a aller voter au parlement quand dans son proper parti on n a pas la majorite aux elections pour Bassil, on change tout et on le nomme ce qu'il peut faire dans son parti, il ne peut pas le faire dans le pays entier dont acte

    LA VERITE

    13 h 47, le 22 septembre 2015

  • Mohammed Raad : Elire Michel Aoun ou attendre mille ans jusqu'à avoir un président (sic). Michel Aoun à Sahel-Alma : Moi ou le chaos (sic). Les paroles de Mohammed Raad n'engagent que lui, quant à Abou-Chakouche de Rabieh, il doit savoir une fois pour toutes qu'on ne veut pas de quelqu'un qui, en fuyant le pays en 1990, avait emporté avec lui la caisse de l'Etat. C'est clair, net et précis.

    Un Libanais

    10 h 21, le 22 septembre 2015

  • A ce jour, tous les choix stratégiques de Aoun nous ont conduis au chaos et par la suite a la catastrophe. Cette fois aussi il a fait les mauvais choix. S'il croit que les Russes vont pouvoir faire plus que limiter les déboires d'Assad, il se trompe. Tout ce que les Russes veulent c'est faire en sorte que leur base militaire soit protégé et hors de danger pour qu'a travers elle, elle puisse quand même avoir accès aux ressources énergétiques qui se sont avérés énormes dans notre partie du bassin Méditerranéen. Poutine est un personnage bien plus intelligent que le Général le pense, pour se mettre a nouveau dans une situation du style Vietnam ou Afghanistan. Il ne faut pas oublier que les autres en face aussi se préparent et se défendront avec becs et ongles et tous supports qui leurs sera donnés pour couler les Russes s'ils interviennent au delà de la livraison d'armes. Sur ce, au mieux le régime se maintiendra sur une ligne de front défendable avec ses faibles moyens. au pire il lui restera son fief du Nord ou il se retirera. Mais soyez sur qu'Assad ne restera pas, les Russes aussi n'en veulent plus. Aoun devra plutôt se préparer a partir a la retraite. Quand au Hezbollah et tous les autres, ils attendront éternellement puisque le Liban restera aux Libanais quoiqu'ils fassent. Ni Fakih, ni Califat, ni sultanat, ni émirat, nous sommes les hôtes, ils sont chez nous... Ils partirons ou muteront, leur choix, mais le Liban restera tel que NOUS l'avions rêvé!

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 02, le 22 septembre 2015

  • À DÉSERRER SON EMPRISE SUR LA PARITÉ, SUR LA PROPORTIONNELLE ET LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE. 1 - À NOTRE HUMBLE CONNAISSANCE LA PARITÉ N'EST PROPOSÉE QUE PAR LE FUTUR, LES AUTRES N'EN PARLANT NI NE LA VOULANT PAS. 2 - LA PROPORTIONNELLE EST ANTI CONSTITUTIONNELLE ET IL FAUT QU'IL Y AIT UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE POUR QUE LES CHOSES AILLENT LÉGALEMENT ET CONSTITUTIONNELLEMENT VERS SON CHOIX SI ELLE OBTIENDRAIT LA MAJORITÉ DES VOIX DÉMOCRATIQUEMENT AU PARLEMENT. 3 - CEUX QUI BLOQUENT L'ÉLECTION D'UN PRÉSIDENT SONT CEUX DONT LES SLOGANS SONT : OU MOI OU PERSONNE... ET : OU MOI OU LE CHAOS... MALGRÉ çA JE CONSEILLE L'ÉLECTION DÉMOCRATIQUE AU PARLEMENT DU GÉNÉRALISSIME PARAVENTISSIME COMME PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE APRÈS ACCORD DE TOUS LE PROPULSANT AINSI CONSENSUELLEMENT SUR LA CHAISE DE SES RÊVES ! JE RÉPÈTE QUE LÀ Où EN EST LA DONNE RÉGIONALE ET INTERNATIONALE L'ACCALMIE, LA SÉCURITÉ, LA PAIX CIVILE, L'ÉCONOMIE ... ET LA SAUVEGARDE DU PAYS POUR SIX ANS EN VAILLENT LA PEINE !!! LE DIALOGUE ET L'ENTENTE SONT PLUS QUE NÉCESSAIRES. ILS SONT UN DEVOIR ET UNE URGENTE NÉCESSITÉ !!! QUE DIEU SAUVE LE LIBAN... DE SES PROPRES FILS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 07, le 22 septembre 2015

  • Le général Aoun et son gendre chéri pratiquent la politique la plus aveugle, la plus insensée et la plus contre-nature qu'un candidat à la présidence aurait pu jamais inventer. Ils pensent que plus le général se présente et est présenté par les Raad et les Moussaoui comme candidat de l'axe Iran-gang Assad-Hezbollah, plus sa candidature a de la chance. Alors que la ruine politique du général a été et est justement de s'être fourré dans cet axe, que l'écrasante majorité des Libanais considèrent comme très néfaste pour le Liban.

    Halim Abou Chacra

    03 h 53, le 22 septembre 2015

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