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Liban - assassinat

Joumblatt : Cheikh Balouss et ses compagnons ont rejoint les martyrs du 14 Mars

Le député Walid Joumblatt déclarant hier que « tout le peuple syrien sera victorieux, tôt ou tard ». Photos Mohammad Azakir

L'engagement des druzes de Syrie contre l'alliance des minorités et ses deux facettes, la dictature et le fondamentalisme, a retenti en force hier à Beyrouth. Plusieurs milliers de personnes étaient ainsi réunies à la Maison druze, à Verdun, pour honorer la mémoire du cheikh Wahid Balouss et de ses compagnons, assassinés samedi dernier dans un attentat à la voiture piégée dans la périphérie de Soueida, en Syrie.

Le cheikh Balouss dirigeait, avec « les cheikhs de la dignité », un groupe de miliciens (près de 7 000) chargés de protéger la montagne druze syrienne des groupes fondamentalistes, mais aussi de la « libérer » de la présence militaire du régime.
Une volonté de se distancier du conflit syrien qui a coûté la vie au dignitaire druze et à 36 autres personnes.
Devant une foule arborant les couleurs de la communauté, « qui sont en fait des couleurs nationales de liberté et de dignité », selon un habitant du Chouf en habit traditionnel, le chef du Parti socialiste progressiste, le député Walid Joumblatt, a prononcé un discours à la fois ferme et mesuré, ferme dans son appui à la révolution syrienne. « Le peuple, tout le peuple syrien, sera victorieux tôt ou tard », a-t-il déclaré. « Nous avons voulu que cette cérémonie soit l'expression de la solidarité avec tous les martyrs du peuple syrien, sans exception, des enfants de Deraa à Hamza el-Khatib, au nourrisson Aylan. Un, le peuple syrien est un », a-t-il insisté au début de son allocution.

Et c'est par la même référence à ces martyrs, auxquels il a joint les cheikhs de la dignité et « tous les martyrs du 14 Mars » , qu'il a achevé sa brève allocution. Dénonçant « l'oppression, le meurtre, la destruction des maisons et des villes de tout un peuple », le leader druze a exprimé non pas un appel, mais une « recommandation »: « Rentrez à vos villages et accrochez la photo du cheikh Wahid Balouss à côté de celles de Hamza el-Khatib et d'Aylan, et des portraits de tous nos grands martyrs du Liban, Rafic Hariri et tous les martyrs de la révolution de l'indépendance. Mettez ces photos dans vos maisons et, tôt ou tard, c'est le mot de la vérité qui vaincra. » « C'est cela mon message aujourd'hui », a-t-il précisé.
Et son message est mesuré en ce sens qu'il n'a appelé explicitement à aucune action de représailles, même si, dans l'assistance, les mots de « colère » et d' « escalade » se répétaient hier. « L'injustice doit finir sous toutes ses formes. Qui nous agresse sera agressé. Le régime syrien tombera », a affirmé un habitant du village de Kobayé, accompagné de ses deux fils.

C'est la cohésion interne druze et libanaise que Walid Joumblatt a surtout valorisée. « Cette cérémonie ne se veut un défi pour personne. Nous respectons tous les avis, et apprécions toutes les positions et tous les engagements. Comme vous le savez, nous avons régulé le conflit avec le Hezbollah pour ce qui a trait à la révolution syrienne. Ils ont leur position et nous avons la nôtre. De même, comme vous le savez, nous comprenons la position du Parti démocratique libanais de l'émir Talal Arslane, et nous voulons qu'aucune tension ne touche une partie ou une autre. Ils ont leur avis et nous avons le nôtre », a-t-il déclaré.

(Lire aussi : Joumblatt accuse le régime syrien et appelle les druzes à rejoindre la révolution)

 

Un modèle de rejet de l'alliance des minorités
La référence au Hezbollah n'a pas manqué de susciter la réflexion de certains notables druzes, qui se disaient incertains de leur relation avec le Hezbollah.
« Nous avons voulu que cette cérémonie soit une cérémonie nationale fédératrice, l'occasion d'exprimer notre solidarité avec le cheikh Wahid Balouss et ses compagnons. Nous avons voulu adresser un message de la montagne de Kamal Joumblatt à la montagne du sultan Bacha el-Atrache », a déclaré enfin le chef du PSP, appuyant ainsi, d'une autre manière, l'insurrection syrienne.

Parmi les dignitaires qui se sont succédé à la tribune hier, le cheikh Sami Abi al-Mouna, membre du Conseil communautaire druze, qui a expliqué à L'OLJ que la référence au sultan el-Atrache, leader druze ayant conduit la révolution syrienne de 1925 à 1927, renvoie à l'engagement national des druzes pour la Syrie de l'avenir. « Leur position étant profondément ancrée dans leur appartenance nationale, les druzes de Syrie constitueront un modèle et une force essentielle pour la nouvelle Syrie », a-t-il souligné. Il a valorisé « les liens fraternels », tout en refusant la théorie de l'alliance des minorités, « produit des ingérences des États en Syrie ». La présence, hier aux condoléances, du mufti de la République aux côtés du cheikh Akl a reflété ce message.
Les « cheikhs de la dignité » ont constitué un « phénomène rappelant notre grand legs historique, celui de la protection de notre terre », a poursuivi le cheikh. « Après quatre ans d'une guerre épuisante et ressentant un danger imminent, les druzes de Soueida n'ont eu d'autre choix que de se protéger », précise-t-il.

Avant l'attentat de Soueida, la dynamique de résistance, que les cheikhs de la dignité ont organisée, a pu circonscrire la présence militaire du régime à Soueida (en le contraignant notamment à ôter ses barrages à l'intérieur de la ville), dans l'objectif – rapportent des sources du PSP – de « neutraliser la ville, quitte à ce que l'armée syrienne régulière, qui dit vouloir protéger la ville, se déploie à sa périphérie ». Mais cela, « le régime syrien ne pouvait le leur concéder », poursuivent ces sources, d'autant que la Montage druze avait, depuis plusieurs mois, refusé l'enrôlement de ses jeunes au service militaire syrien. « Le cheikh Balouss se rendait personnellement dans les casernes de l'armée syrienne pour ramener chez eux, par la force, les jeunes druzes contraints à effectuer leur service militaire », confie pour sa part le cheikh Abi al-Mouna. Le cheikh Balouss a réussi à insuffler la culture du double refus du fanatisme et des dictatures, « parmi la population, dans les foyers de Soueida ». Son assassinat a surtout « catalysé l'éveil des druzes récalcitrants et la remise en cause de leur soutien au régime ». Selon le dignitaire, « c'est la politique des États qui a érodé le sentiment de l'appartenance nationale, y compris au sein de la communauté druze syrienne », relève-t-il, dans une allusion à peine voilée au financement iranien des troupes syriennes et l'absence de fonds qui alimenteraient, en contrepartie, le djebel druze... et soutiendraient efficacement son choix de défendre sa liberté.

 

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LE DIEU JOUMBLATT A PARLÉ. LES TROUPEAUX EN SYRIE, LIBAN ET ISRAEL ONT ENTENDU LE MESSAGE. TYMOUR DOIT RASSEMBLER TOUT CES TROUPEAUX POUR CRÉER UN SEUL PAYS RELIGIEUX "LES DRUZES".

Gebran Eid

12 h 05, le 11 septembre 2015

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Commentaires (1)

  • LE DIEU JOUMBLATT A PARLÉ. LES TROUPEAUX EN SYRIE, LIBAN ET ISRAEL ONT ENTENDU LE MESSAGE. TYMOUR DOIT RASSEMBLER TOUT CES TROUPEAUX POUR CRÉER UN SEUL PAYS RELIGIEUX "LES DRUZES".

    Gebran Eid

    12 h 05, le 11 septembre 2015

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