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Liban - Environnement

Barrage de Janné : M. Machnouk demande l’arrêt des travaux et l’évaluation des dégâts

Le ministre de l'Environnement adopte le rapport de la commission qu'il a chargée d'évaluer une étude récente, accablante pour le projet.

L'étude de Gicome a établi le risque de dégâts irréversibles sur un site jusque-là préservé. Photo Myrna Semaan Habre

Il n'est pas possible de poursuivre les travaux sur le chantier du barrage de Janné (Nahr Ibrahim), au regard des risques sur l'environnement démontrés par la dernière étude d'impact sur le projet. C'est ce qu'on peut lire dans le communiqué du ministère de l'Environnement, publié hier, qui reprend le texte d'une lettre adressée par le ministre de l'Environnement Mohammad Machnouk à son homologue de l'Énergie et de l'Eau, Arthur Nazarian, datée du 31 août.


Ce communiqué fait référence à la publication, le 4 août dernier, du rapport de Gicome sur l'impact de la construction du barrage dans la région de Janné, qui avait fait l'effet d'un pavé dans la mare : l'étude avait montré sans équivoque l'impact désastreux sur la biodiversité et sur le patrimoine culturel de la vallée d'Adonis. Lors d'un débat houleux en commission parlementaire de l'Énergie, des Travaux publics et des Transports (voir L'Orient-Le Jour du 5 août), le conseiller du ministre de l'Environnement avait alors affirmé que le ministère apporterait sa réponse au rapport début septembre. Et c'est ce que le ministre Mohammad Machnouk a fait hier, en affirmant « adopter le rapport de la commission technique (du ministère) pour l'évaluation de l'étude d'impact environnemental sur le projet du barrage de Janné ».
Par voie de conséquence, le communiqué du ministère souligne qu' « en vertu du rapport de la commission chargée par le ministre de l'Environnement de l'évaluation de l'étude, et conformément aux recommandations de cette étude et au regard des risques sur l'environnement qui ont été démontrés, le ministère de l'Environnement estime qu'il n'est plus possible de poursuivre les travaux sur le site du barrage de Janné – Nahr Ibrahim. »

 

(Pour mémoire : Abiramia rejette la recommandation sur l'arrêt des travaux à Janné)


Le ministre Machnouk a suggéré au ministère de l'Énergie et de l'Eau « d'explorer des alternatives qui peuvent remplir les mêmes objectifs sans causer les mêmes dégâts environnementaux ». Il a également recommandé de « former un comité d'experts chargé d'évaluer, de manière scientifique précise, les dégâts déjà causés au site par le chantier ». Il a ajouté que « ce comité peut consulter au besoin des experts internationaux en vue de définir un plan clair pour la réhabilitation des zones endommagées ».
Rappelons que l'étude en question avait été menée par le bureau Gicome à l'initiative de l'Office des eaux de Beyrouth, qui finance le projet, et à la demande du ministère de l'Environnement, pour répondre à quatre points : l'impact sur la biodiversité et sur le patrimoine culturel, les endroits les plus menacés, les risques de fuites et les risques d'effondrement.

 

( Lire aussi : « À Janné, personne ne peut imposer le barrage-scandale par la force ! » )


Le constat de l'étude de Gicome était particulièrement accablant puisqu'elle souligne que le système écologique « unique » du lieu risque d'être « fragmenté par les travaux entrepris », que « des parties importantes subiront de graves dégâts », que « la présence d'un grand lac dans un système écologique qui s'est développé sans une telle structure sera synonyme d'une dégradation à long terme », que « de vastes étendues au-dessus du barrage et au-dessous seront soumises à des pressions qui destabiliseront l'équilibre climatique fragile », que « les espèces endémiques perdront leur territoire », etc. Le document démontre que la seule surface de construction du barrage est un territoire pour 404 espèces de végétaux, 739 espèces d'invertébrés, 6 espèces d'amphibiens, 23 espèces de reptiles, 32 de mammifères et 140 d'oiseaux. « Il n'y a pas de mesures compensatoires possibles pour les dégâts que subira la vallée », selon les experts du rapport.


Ce n'est pas la première fois que le ministère de l'Environnement demande l'arrêt des travaux sur ce barrage. Le ministère de l'Énergie et de l'Eau a ignoré jusque-là ces requêtes. Le fera-t-il également cette fois ?

 

 

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