L'Orient-Le Jour – Pourquoi appeler d'abord à l'élection d'un président de la République, au moment où certains mettent en doute la légalité de la Chambre ?
Michel Sleiman – En tant que président de la République, j'avais déposé un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel contre la prorogation de la Chambre. Le Conseil avait aussitôt répondu. Ce que je dis aujourd'hui, je l'avais déjà dit par le passé : la Chambre après la prorogation est légale, mais non démocratique, parce qu'elle ne s'en est pas remise à la volonté populaire.
Y a-t-il aujourd'hui un moyen réel d'élire un président ?
Oui, à tout moment. À condition d'en finir avec le « moi », au profit de l'intérêt national supérieur.
Votre appel est-il une réponse au retrait des ministres du CPL du Conseil des ministres ?
Certainement pas. J'ai commencé à appeler à l'élection d'un président avant la fin de mon mandat. Depuis, je ne rate pas une occasion de revenir à la charge, parce que cette situation de vide présidentiel ne saurait être normalisée. La preuve que la situation n'est pas normale : tous les problèmes auxquels le gouvernement fait face concernant le mécanisme de prise de décision et le renvoi du passage à la retraite des chefs sécuritaires, sans compter la crise des déchets... Tout cela est dû au fait que nous n'avons toujours pas de président de la République.
Vous étiez commandant en chef de l'armée durant les manifestations de 2005. Pourquoi n'ont-elles pas pris la même tournure violente que celles dont nous sommes témoins aujourd'hui ?
En tant que commandant en chef de l'armée, à l'époque, et en dépit de l'existence d'une décision politique qui interdisait les manifestations, j'avais pris sur moi la responsabilité de préserver la sécurité. C'est cela qui a fait assumer aux jeunes manifestants, à l'époque, une responsabilité importante leur incombant de respecter l'armée et de lui offrir des roses en signe d'affection. L'affection était réciproque entre l'institution militaire et les foules, qui ont maintenu une ligne de conduite pacifiste, ce qui a conduit au grand triomphe. Ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que les jeunes préservent leurs revendications justes en s'inspirant des manifestants de 2005. J'appelle également les jeunes des forces armées à pratiquer le plus haut degré de maîtrise de soi. Que tout le monde sache que les revendications des jeunes, forces de l'ordre ou manifestants, sont les mêmes. La douleur est la même. C'est pourquoi ils devraient refuser qu'une partie ou un cas de figure quelconque les entraîne dans la confrontation.
Ce qui se produit dans la rue prépare-t-il un éventuel règlement, tel qu'un régime militaire par exemple ?
Le Liban est très différent des autres pays, du fait de sa diversité et de son pluralisme culturel et religieux. Je ne pense pas qu'un changement de régime soit actuellement possible, quelles que soient les difficultés. Les jours à venir seront meilleurs, une fois naturellement que l'on aura recommencé à respecter la Constitution, qu'un président de la République aura été élu et que la vie constitutionnelle et démocratique aura repris son cours normal.
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commentaires (9)
Au final, tout le monde veut plagier deux gaules avec une seule canne à pêche ...ben ca ne marche pas ...même les poissons ont détecté le plagiat....!
M.V.
22 h 16, le 27 août 2015