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Moyen Orient et Monde - Syrie / Reportage

« Mon fils n’arrive plus à aller à l’église, il se demande comment Dieu peut laisser faire »

Pour la première fois depuis la guerre, un évêque français, Mgr Rey, se rend auprès des chrétiens de Syrie. Il les a écoutés, a prié avec eux, et leur a promis, aussi, une aide matérielle.

Photo d'illustration. Reuters

« Je suis venu en Syrie il y a 40 ans et je découvrais alors le Proche-Orient. J'y suis revenu il y a 10 ans, et aujourd'hui, je me trouve dans un pays ravagé par la guerre et par les persécutions. »
C'est par ces mots que Mgr Dominique Rey, évêque du diocèse français de Fréjus-Toulon, a entamé sa visite de deux jours dans l'éparchie de Homs, avec laquelle il s'apprête à jumeler son diocèse.
« Je suis venu ici pour vous dire face à face notre volonté et notre désir de communion spirituelle à vos souffrances », a-t-il poursuivi devant la cathédrale, comble, de Yabroud, petite ville de 60 000 habitants attaquée par des groupes terroristes en 2013.

Il faut rappeler que le 15 août, c'était à l'initiative de Mgr Rey que les cloches de France et d'Europe avaient sonné à midi, appelant ainsi les fidèles à prier pour les chrétiens d'Orient, et pour la paix dans la région.
Au sommet de la cathédrale, de nouvelles croix ont déjà remplacé celles que les terroristes avaient jetées du haut du clocher. « Vous êtes placés au pied de la croix du Christ, et c'est là où se vérifie la foi la plus authentique. Votre fidélité dans la foi, à travers l'épreuve, nous encourage, nous réveille et nous fortifie », a poursuivi Mgr Rey devant une foule émue par cette première visite d'un évêque français depuis le début de la guerre.
« Sa présence est un véritable réconfort parce que l'on se sent parfois abandonné. Il faut du courage pour venir jusqu'à nous », commentait ainsi une jeune mère de quatre enfants obligée de fuir sa maison pendant un an, en 2013, en raison de la présence d'islamistes dans le quartier. « Nous sommes rentrés, nous avons reconstruit notre maison et nous avons besoin de ce message de soutien et de paix pour continuer à espérer pour la Syrie », a-t-elle ajouté.


(Lire aussi : Ban Ki-moon annonce une « véritable négociation » sur la Syrie fin septembre)

 

Les encourager à rester
À Yabroud comme à Maamoura, Mgr Rey a été accueilli par le chant joyeux des enfants, qui n'avaient que le mot « paix » à la bouche. Une joie profonde dont il a promis d'être le témoin « admiratif » dès son retour en France. Mais l'évêque français a également entendu des témoignages d'épuisement et de colère, et même des suppliques.
« Cette guerre n'a pas seulement détruit nos maisons, elle a également détruit le socle sur lequel nous avions construit notre foyer », pleurait ainsi une chrétienne de Homs. Elle regrettait l'absence de son fils dans l'église : « Il n'arrive plus à s'y rendre, il se demande comment Dieu peut laisser faire. » Un regard attentif, une accolade consolatrice, une bénédiction et la promesse d'une prière fervente et désormais incarnée, c'est ce que Mgr Rey a distribué à tous ceux qui venaient à lui pour le remercier.

Mais il a également promis une aide matérielle : « Nous allons transmettre votre message, faire connaître aux Français votre souffrance, mais nous allons également vous aider concrètement », a-t-il insisté. « Nous avons déjà accueilli des familles venues d'Irak ou de Syrie, mais nous voulons aider celles qui ont l'immense courage de rester sur place », a-t-il insisté.

Ce voyage a également été pour lui l'occasion de remercier les bénévoles de l'association française SOS Chrétiens d'Orient qui l'avaient aidé dans la préparation de son déplacement, et qui aident à la reconstruction d'églises, d'écoles et de maisons depuis deux ans dans le pays.
En constatant les dégâts colossaux engendrés par d'intenses combats dans les villes de Qousseir ou de Rableh, devenues des champs de ruine déserts, Mgr Rey a réitéré sa promesse d'une aide matérielle, essentielle pour encourager les chrétiens à rester en Syrie, « pays qui nous rattache aux débuts du christianisme ».

(Pour mémoire : Des chrétiens otages de l'EI à al-Qaryataïne, un dignitaire syriaque lance un appel à l'aide)

 

« Salam »
Sur le chemin du retour, il a rencontré le patriarche grec-melkite catholique Grégoire III Lahham à Maaloula, petit village majoritairement chrétien attaqué par des terroristes en septembre 2013.
Dans l'une des églises brûlées, devant des icônes grattées et brisées, le patriarche a remercié solennellement l'évêque français : « Nous constatons dans ces églises de Maaloula le mystère de l'iniquité dont parle saint Paul. Avec votre présence, nous touchons au mystère de la Résurrection. Merci de nous aider à reconstruire les églises de pierre, mais merci surtout d'être le signe de l'existence de l'Église de chair, au cœur de la souffrance. »

Au terme de son voyage dans l'éparchie de Homs, monseigneur Rey avait retenu un mot d'arabe : « Salam. » C'est celui qu'il a lancé devant la population de Maamoura, salué par les youyous de la foule, et les remerciements des enfants. C'est également pour la paix qu'il a promis de prier avec tous les Français de bonne volonté dès son retour.

 

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commentaires (2)

Allez un peu de courage ..., faudra bien un jour ,compte tenu de la pression criminogène islamique exponentielle, organiser aux 21 siècle une nouvelle croisade....! pour sauver l'islam...!

M.V.

22 h 10, le 27 août 2015

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Commentaires (2)

  • Allez un peu de courage ..., faudra bien un jour ,compte tenu de la pression criminogène islamique exponentielle, organiser aux 21 siècle une nouvelle croisade....! pour sauver l'islam...!

    M.V.

    22 h 10, le 27 août 2015

  • Durant l’été 2012, nous avions rencontré le nouveau patriarche maronite Bechara Raï1 dans sa résidence de Bkerké afin d’examiner la situation préoccupante des différentes communautés chrétiennes de Syrie. Dès cette période, donc très en amont de la création officielle de l’organisation Daech, le Patriarcat était en possession de documents et de témoignages accablant les différentes factions de la rébellion syrienne (principalement l’asl ou plutôt les groupes se revendiquant comme tel et les bactéries al-Nosra. On pouvait alors, d’ores et déjà établir, mesurer et confirmer la gravité et l’ampleur des sévices que les terroristes faisaient subir aux populations civiles des villages chrétiens qu’ils étaient en train de conquérir : exécution sommaire des hommes valides, femmes et jeunes filles violées durant des heures avant qu’on leur coupe les seins, les mains et les pieds, décapitations de nouveaux nés, etc. Transmis à plusieurs rédactions européennes, notamment parisiennes, pas un seul média n’osât informer l’opinion publique de telles exactions… Il fallu attendre l’été 2014, le calvaire des Yézidis et des communautés chrétiennes d’Irak, après la conquête de Mossoul, la destruction du tombeau du prophète Jonas par les bactéries et une épuration organisée de Qaraqosh et de plusieurs villes de la région habitée par des Chrétiens depuis plus de 1800 ans, pour que les médias commencent à « couvrir » l’arrivée de réfugiés en Europe.

    FRIK-A-FRAK

    16 h 36, le 27 août 2015

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