Jamais au Liban, un mur n'aura suscité autant d'émotions. Lundi soir, les services en charge de la sécurité autour du Sérail ont décidé d'ériger un mur entre la place Riad el-Solh et le siège du gouvernement pour protéger celui-ci mais aussi pour éviter des heurts entre des manifestants en colère et les forces de l'ordre.
Ce mur, composé d'immenses blocs en béton, aura cependant une durée de vie de moins de vingt-quatre heures. Symbole de division, assimilé au tristement célèbre mur de Berlin, il a suscité une vague d'indignation et choqué même le Premier ministre, Tammam Salam, qui a aussitôt ordonné son démantèlement.
Mais ce n'est pas sans une pointe de tristesse que les protestataires de la place Riad el-Solh ont vu partir les blocs de béton, l'un après l'autre, portés par une grue qui les a alignés non loin de la place. Parce que l'espace d'une nuit et d'une matinée, ces masses grises sont devenues autant de toiles sur lesquelles de nombreux Libanais ont laissé éclater leur colère, leur frustration et leurs rêves d'un autre Liban. Il y a celle qui a dessiné des maisons libanaises traditionnelles, une sorte de tableau naïf, à travers lequel elle a dit avoir voulu montrer son attachement au patrimoine architectural libanais, un autre qui a tenu à remercier les autorités pour cette cloison improvisée « qui nous a assuré un espace pour exprimer nos opinions », a-t-il écrit sur un papier collé au mur. Des opinions, il y en avait de tous genres, des gribouillis aussi : du « Love », des « Mort à Israël », des « À bas le régime » et des insultes pour le moins impubliables dans ces colonnes.
En moins de vingt-quatre heures, ce n'était plus un mur mais une peinture géante et par moments expressive qui séparait les protestataires et les agents de l'ordre.
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LE VRAI MUR, CELUI LÀ N'EST PAS EN BÉTON, MAIS BEAUCOUP PLUS SOLIDE, C'EST LE MUR QUI SÉPARE PROFONDÉMENT LE PAUVRE PEUPLE DES CES FAMILLES MAFIEUX QUI LE GOUVERNENT.
12 h 52, le 26 août 2015