L'aviation de l'armée israélienne a visé hier près de 14 cibles du régime syrien. Ces représailles sont une réponse à des tirs de roquettes lancées de la Syrie sur la Haute Galilée. Israël a sauté sur l'occasion pour pointer du doigt le Jihad islamique, mais surtout l'Iran, qui, selon Tel-Aviv, aurait commandité les tirs. De quoi craindre une réponse venant du Hezbollah et de la République islamique, menaçant ainsi le statu quo sur le Golan. Le général Hicham Jaber, général à la retraite et directeur du Centre du Moyen-Orient pour la recherche, répond sur ce plan aux questions de L'OLJ.
Assisterons-nous à un regain de violence sur le plateau du Golan, suite aux incidents d'hier et au fait que des positions de l'armée syrienne ont été directement visées ?
Même si personne n'est capable de réellement dire si les Syriens riposteront, une chose reste sûre : ces derniers sont dans l'incapacité d'ouvrir un front militaire contre Israël. Mais si les chances de voir l'armée syrienne riposter aux raids aériens d'Israël sont minimes, le Hezbollah, lui, pourra très bien, dans les prochaines semaines, préparer une attaque ciblée contre l'armée israélienne qui servirait de riposte. Il reste important de mentionner que cette série de raids aériens ne devrait pas être interprétée comme un « appel » à la guerre contre le régime syrien. Il s'agit plutôt d'une opération militaire très spécifique. Il n'est pas dans l'intérêt d'Israël de faire la guerre à la Syrie parce que cela mènera forcément à une guerre contre le Hezbollah au Liban. Par contre, on peut parler de « guerre psychologique », stratégie employée déjà maintes fois par l'État hébreu.
En pointant du doigt l'Iran, pensez-vous qu'Israël tente coûte que coûte de « montrer » aux Occidentaux que Téhéran est, malgré l'accord nucléaire, inlassablement guidé par un esprit belliqueux ?
D'abord, la riposte israélienne aux tirs de roquettes venant du côté syrien du Golan peut s'interpréter comme une stratégie de communication cherchant principalement à « rassurer » le peuple israélien, vu que la Haute Galilée occupe une place symbolique fondamentale auprès de la société israélienne.
Ensuite, le gouvernement israélien n'a jamais caché son inébranlable opposition à l'accord nucléaire entre l'Iran et les 5+1, mais surtout à la normalisation des relations diplomatiques entre les États-Unis et la République islamique. Il est donc évident qu'Israël, en faisant assumer la responsabilité à l'Iran, a voulu soutenir son argument de base qui consiste à faire croire que l'Iran reste une menace considérable à la « survie » de l'État hébreu. De plus, Israël veut prouver au Congrès américain, qui n'a toujours pas donné son verdict décisif sur le texte de l'accord sur le nucléaire iranien, que l'Iran a un comportement « impérialiste » et qu'il emploie des forces paramilitaires sous son contrôle direct au Proche-Orient pour déstabiliser Israël.
Enfin, il me semble que cette riposte sert aussi à déstabiliser les forces gouvernementales qui tentent de chasser les rebelles syriens se trouvant dans la province de Quneitra, qu'Israël n'a jamais nié soutenir.
Téhéran va-t-il se contenter de nier son implication ou se joindra-t-il à la « guerre psychologique » lancée par Israël ?
Si Israël cherche désespérément à provoquer le gouvernement iranien, celui-ci ne se laissera pas faire si facilement. Et pour cause, les actes et paroles de Téhéran sont aujourd'hui observés à la loupe par les puissances internationales au lendemain de l'accord historique sur le nucléaire iranien. En se joignant à la « guerre psychologique » lancée par Israël, l'Iran perdra sa crédibilité nouvellement rétablie aux yeux des 5+1 et se verra accablé de nouvelles sanctions, chose qu'il se veut éviter à tout prix. Pour cela, sa réponse à Israël sera certainement stricte mais dépourvue de propos à connotation violente.
Pour mémoire
Sur le Golan, soldats et rebelles syriens combattent sous le guet israélien
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Pour Israël, « l'État islamique d'Iran, c'est comme l'EI, mais en bien plus grand »
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Quand les libanais de toutes confessions comprendront-ils que notre pays est faillite et en danger et que ce ne sont ni les USA, la Russie, l'Iran ou la Chine qui nous aideront De toute façon, la Chine vit une période très perturbée L'Iran est en attente de l'application de l'accord Les USA jouent à chat perché Alors, les libanais ne peuvent compter que sur eux-mêmes et surtout veiller à ne pas abandonner notre armée qui semble être la seule organisation en ordre de marche
FAKHOURI
14 h 37, le 22 août 2015