Retour, avec Charles Enderlin, sur 13 événements-clés du Proche-Orient

1987 et la première intifada
Les Palestiniens accueillaient les cameramen israéliens travaillant avec la presse étrangère et certains médias israéliens. Lorsque l'armée israélienne a décrété des zones militaires interdites, nous avons donné des minicaméras à de jeunes Palestiniens. J'ai formé les deux premiers cameramen de l'histoire du peuple palestinien à Gaza et en Cisjordanie. Une image : après la fermeture des écoles par l'armée israélienne, les cours clandestins dans une grotte près de Bethléem.

1993 et les accords d'Oslo
Le soir du paraphe de la reconnaissance commune, la signature par Yitzhak Rabin de la lettre à Yasser Arafat. Des milliers de Palestiniens sortent du camp de réfugiés de Jebaliah en agitant leur drapeau. Ils passent devant une jeep de militaires israéliens qui sourient. Avant, l'emblème palestinien était interdit.

2000 et la deuxième intifada
La mort de Mohammad al-Doura (lire ci-contre). Le lynchage des deux réservistes israéliens à Ramallah. Les premiers tirs d'hélicoptères de combat sur des cibles à Ramallah. Les attentats-suicide à Jérusalem.

2001 et le 11-Septembre
Miguel Angel Moratinos, l'émissaire européen expliquant à Arafat que la scène internationale vient de changer.

16 juin 2002 et le démarrage par Israël de la construction d'un mur, appelé « clôture de sécurité »
Les Palestiniens « sans papiers » escaladent le mur pour aller travailler sur des chantiers en Israël et gagner trois sous. C'est un mur de séparation.

17-18 mai 2003 et la première rencontre entre le Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ariel Sharon à Jérusalem
Les images tournées par le cameraman de la présidence du Conseil israélienne. Abbas expliquant à Sharon que c'est difficile d'être Premier ministre.

29 janvier 2004 et l'échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah
Le scandale en Israël : l'Israélien libéré était lié à une histoire de drogue.

11 novembre 2004 et le décès de Yasser Arafat, président de l'Autorité palestinienne
La foule immense sur l'esplanade de la Mouqataa, en pleurs. Puis, subitement, après l'enterrement, tout le monde disparaît. C'était ramadan, et il fallait rompre le jeûne.

9 janvier 2005 et l'élection du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas
Les espoirs de la gauche israélienne.

12 juillet 2006 et le lancement par Israël d'une vaste offensive aérienne et maritime sur le Liban
J'étais bien entendu du côté israélien de la frontière, où c'était la première fois que la population de tout le nord du pays passait plus d'un mois dans les abris. Les dernières roquettes tirées depuis des positions très proches de la frontière juste avant le cessez le feu.

11 janvier 2014 et la mort d'Ariel Sharon
Les questions que je posais : voulait-il réellement procéder à des retraits importants en Cisjordanie? Ou plutôt, avec le retrait de Gaza, comptait-il renforcer la mainmise d'Israël sur ce territoire?

Août 2015 et la détention administrative pour six mois de deux extrémistes juifs, Meir Ettinger et Eviatar Slonim
Il était temps de les neutraliser. Il y en a bien d'autres qui peuvent encore faire basculer la région. Voir mon dernier livre et mon film, Au nom du temple.

Comment définiriez-vous le Proche-Orient aujourd'hui?
La région de l'échec des grandes puissances depuis le début du siècle dernier. Un nouveau Proche-Orient est en train de voir le jour, entièrement différent de ce qu'on imaginait il y a seulement une dizaine d'années.

L'affaire al-Doura ? « Je ferai exactement la même chose »
En 2000, le décès de Mohammad al-Doura, un enfant palestinien de 12 ans, touché par des balles israéliennes, selon Charles Enderlin, bouleverse l'opinion publique internationale et lance aussi une vive controverse sur l'origine des tirs mortels. Le journaliste sera qualifié de « collabo » et menacé de mort à maintes reprises en France, comme en Israël. Et si c'était à refaire? « Je ferai exactement la même chose. Mais, après coup, en repensant à ce qui est arrivé en termes de diffamation contre moi et France 2, j'inviterai un huissier au bureau pour tout mettre sous scellés, pour aller à Gaza prélever l'ADN de l'enfant, etc. »

(Lire aussi : Charles Enderlin « a su être d'abord journaliste, avant d'être français et israélien. Ce qui lui a coûté cher »)

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« Le Liban ? Un beau pays où j'aimerais bien aller un jour »

Charles Enderlin répond au « Goût des autres », le questionnaire de La Seize de « L'Orient-Le Jour ».

AFP Photo/Gali Tibbon

Qu'est-ce qui vous fait vous lever le matin ?
Le réveil.

La chanson que vous sifflez sous la douche ?
Je chante trop faux.

Quelle est la dernière chose que vous faites avant de dormir ?
Regarder mes mails.

Qu'aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Je n'aime pas les anniversaires. Quand j'étais petit, je recevais des livres de classe et un nouveau pantalon.

Que ne jetteriez-vous jamais ?
Quelques livres importants.

Que trouve-t-on dans votre iPad ?
Des livres électroniques.

Votre film culte ?
Le grand doc télé Apocalypse.

Un livre de chevet ?
Des livres sur le sujet du bouquin que je suis en train d'écrire.

Que sont devenus vos rêves d'enfant ?
Ils se sont évaporés avec les années.

Le plus beau compliment reçu ?
Tu étais bien.

Le pire défaut chez l'être humain ?
L'arrogance.

Si vous pouviez avoir un don ou un superpouvoir ?
Surtout pas.

Le bonheur selon vous ?
Ma famille.

Votre plus beau souvenir ?
Les naissances de mes enfants et de mes petits-enfants.

Vous changeriez quoi en vous avec une baguette magique ?
Je ne sais pas.

Allergique à...
L'extrémisme.

Le Liban, c'est...
Un beau pays où j'aimerai bien aller un jour.

Vous croisez Dieu, vous lui dites quoi ?
Tu aurais pu épargner bien des choses aux Arabes, aux juifs, aux chrétiens.

Rédigez votre épitaphe
Il a été journaliste.

Quelle question me poseriez-vous pour finir ?
Pourquoi ces questions ?

Pour mémoire
Israël sous l'emprise des religieux ?

Un homme à abattre, l'article de Christian Merville