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À La Une - terrorisme

L'EI affirme avoir décapité l'otage croate en Egypte

Si la mort de l'otage se confirme, ce serait la première fois qu'un Occidental est enlevé et tué par des jihadistes dans ce pays.

L'organisation Etat islamique (EI) a dit mercredi avoir décapité le Croate Tomislav Salopek enlevé en Egypte il y a trois semaines. AFP PHOTO / HO / WELAYAT SAYNA

L'organisation Etat islamique (EI) a affirmé mercredi avoir décapité le Croate travaillant pour une compagnie française enlevé en Egypte, qui serait, si l'assassinat était confirmé, le premier Occidental exécuté par des jihadistes dans ce pays.

Le Premier ministre croate a indiqué ne pas être en mesure de confirmer à "100%" la mort de son compatriote. "Je ne sais pas si nous pourrons le faire dans les prochains jours, mais ce que nous voyons (...) a l'air horrible", a déclaré Zoran Milanovic.

Une photo mise en ligne sur des sites jihadistes, qui n'a pu être authentifiée dans l'immédiat, montre le cadavre d'un homme surmonté d'une tête à côté d'un drapeau de l'EI et d'un poignard plantés dans le sable.
Les ravisseurs affirment qu'il s'agit de Tomislav Salopek, 31 ans, enlevé le 22 juillet par des inconnus armés sur une route au sud-ouest du Caire.
"Exécution d'un prisonnier de Croatie -pays qui participe à la guerre contre l'Etat islamique- après expiration de l'ultimatum", lit-on dans un court texte sous la photo.
Le 5 août, la branche égyptienne de l'EI, qui se fait appeler Province du Sinaï, avait menacé de le tuer dans les 48 heures si Le Caire ne libérait pas "les femmes musulmanes" emprisonnées en Egypte.

Les autorités égyptiennes craignaient que la décapitation d'un Occidental effraie encore un peu plus les touristes, qui boudent le pays des Pharaons depuis la révolte populaire ayant chassé du pouvoir Hosni Moubarak en 2011, mais également les nombreuses entreprises étrangères présentes dans le pays, dans un contexte économique morose.
"Cette exécution indique que les éléments égyptiens de l'EI qui sont de retour de Syrie et d'Irak ont pris totalement le contrôle du groupe Province du Sinaï et qu'ils appliquent la même stratégie qui a déjà été suivie par Daech", a indiqué à l'AFP Mathieu Guidère, professeur d'Etudes islamiques et de géopolitique à l'Université de Toulouse (France).
"Pour les autorités égyptiennes, cela signifie une plus grande radicalisation et une extension des actions aux étrangers, ce qui implique une concentration sur les cibles économiques visant à affaiblir davantage le régime", selon l'expert.

Tomislav Salopek travaillait depuis quelques mois comme analyste sismique pour la société Ardiseis, filiale de la Compagnie Générale de Géophysique (CGG), une firme française spécialisée dans l'exploration des sous-sols.

 

(Pour mémoire : Au Sinaï, "c'est la guerre" entre l'armée et l'EI)

 

"Acte satanique"
Les jihadistes de Province du Sinaï, basés dans la péninsule du même nom dans l'est de l'Egypte, ont multiplié depuis deux ans les attentats visant essentiellement les soldats et les policiers.
Ils assurent vouloir venger les victimes de la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans du président islamiste élu Mohamed Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013.
Depuis, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués par les policiers et les soldats, plus de 15.000 partisans du chef de l'Etat déchu ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'Onu de "sans précédent dans l'Histoire récente".

Dans le même temps, de nombreux attentats revendiqués essentiellement par Province du Sinaï et un autre groupe jihadiste ont fait des centaines de morts parmi les policiers et les soldats, selon les autorités.
Le 11 juillet, la branche égyptienne de l'EI avait revendiqué un attentat à la voiture piégée contre le consulat d'Italie au Caire, dans lequel un passant avait péri. En décembre, elle avait affirmé avoir tué un Américain travaillant pour la société pétrolière Apache, non loin de là où M. Salopek a été kidnappé.

Responsable d'atrocités dans les régions sous son contrôle en Syrie et en Irak, l'EI, qui se réclame de l'islam sunnite, a exécuté de nombreux étrangers enlevés notamment en Syrie, dont des journalistes et des humanitaires.
La décapitation de M. Salopek est un "acte satanique qui n'a rien à voir avec aucune religion", a dénoncé mercredi Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions du sunnisme, basée au Caire.
Si l'exécution de l'otage croate est confirmée, elle montrerait aussi les limites de la vaste campagne militaire engagée contre l'EI et de la répression implacable visant toute opposition islamiste, notamment la confrérie des Frères musulmans de M. Morsi, que M. Sissi veut "éradiquer" en l'accusant d'être la "source" du "terrorisme".
Les cadres de la confrérie se défendent de ces accusations et condamnent régulièrement les attentats. Avant la destitution de M. Morsi, premier président élu démocratiquement en Egypte, les Frères musulmans avaient remporté toutes les élections organisées depuis la chute de Moubarak en 2011.




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