Deux mois se sont écoulés depuis la diffusion de l'encyclique Laudato si du pape François, un texte destiné à sensibiliser croyants et non-croyants aux soins à entreprendre pour sauvegarder « notre maison commune », maison de toute création consciente et inconsciente de la grâce procurée par le Très Haut.
« Même la vie éphémère de l'être le plus insignifiant est l'objet de son amour, et, en ces peu de secondes de son existence, il l'entoure de son affection. » (art. 77)
Laudato si discute l'état actuel de l'environnement, assez détérioré et loin de l'harmonie première. Elle met l'accent sur les racines humaines de la crise actuelle en renonçant ouvertement à la culture de déchets et offre une stratégie environnementale intégrée basée sur le principe du bien commun pour restaurer ce qui a été détruit.
« L'ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu'à chacun de leurs membres, d'atteindre leur perfection d'une façon plus totale et plus aisée. » (art. 156).
Mais plus que cela, l'encyclique, dans sa grande partie, cherche à guérir les esprits et les pensées aussi bien qu'à rectifier les stratégies environnementales. François sollicite les gouvernements à conserver la dignité de chaque créature pour que chacune rentre en harmonie avec la création.
« Parmi les pauvres les plus abandonnés et maltraités, se trouve notre terre opprimée et dévastée, qui "gémit en travail d'enfantement" (Rm 8, 22). » (art. 2)
Deux mois se sont écoulés et les Libanais n'ont pas tardé à répondre hardiment aux soucis de la maison papale envers la santé de l'homme et de tout homme. Cette encyclique est aussi importante, pour nous, que l'Exhortation apostolique Une espérance pour le Liban. On y lit :
« Il faut considérer également la pollution produite par les déchets, y compris les ordures dangereuses présentes dans différents milieux... La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir. À plusieurs endroits de la planète, les personnes âgées ont la nostalgie des paysages d'autrefois, qui aujourd'hui se voient inondés d'ordures... Bien des fois, on prend des mesures seulement quand des effets irréversibles pour la santé des personnes se sont déjà produits. » (art 21)
Nous sommes tous bien d'accord que le Liban, avec les déchets produits, n'est pas un générateur de changement climatique. Bien au contraire, il subit ses conséquences à l'égard des autres pays du tiers monde, mais ces derniers jours ont bien démontré que le Liban n'est pas épargné par la « culture des déchets », qui envahit nos esprits plus que nos bennes. Alors, avant de chercher les solutions d'incinération et d'enfouissement, avant de construire les usines de triage et de recyclage, avant le triage à la source, cessons d'empiler nos chariots et limitons notre consommation pour limiter nos déchets, et réduire les factures environnementale et médicale.
La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif capable d'aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. Il est important d'assimiler un vieil enseignement, présent dans diverses traditions religieuses et aussi dans la Bible. Il s'agit de la conviction que « moins est plus ». (art. 222)
Antoine ALLAM