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Économie - Agriculture

Que sont devenues les subventions aux exportations maritimes ?

Le Conseil des ministres n'a toujours pas entériné, hier, les modalités de versement des 14 millions de dollars d'aides promises aux agriculteurs pour leur permettre de supporter le surcoût de la réorientation maritime de leurs exportations. Excédés, ces derniers tentent de trouver eux-mêmes des solutions pour parer au plus pressé.

Selon Idal, les exportations de fruits et légumes libanais ont baissé de 40 % sur l’ensemble du deuxième trimestre. Photo PHB

Toujours confrontés aux conséquences du blocage des voies de transport terrestres vers l'Est depuis la fermeture du poste-frontière syro-jordanien de Nassib en avril, les agriculteurs libanais qui doivent écouler une partie de leur production vers les pays du Golfe sont de moins en moins nombreux à compter sur l'aide promise par le gouvernement. Validé le 2 juillet par 18 ministres sur 24, le principe d'un plan d'aide de 14 millions de dollars établi à partir des recommandations de l'Autorité de développement des investissements au Liban (Idal) – qui avait de son côté produit une première estimation de 21 millions de dollars avant cet arbitrage gouvernemental – n'a toujours pas été suivi d'effets. Ces fonds sont censés compenser le surcoût provoqué par la réorientation de la production agricole locale par voie maritime vers les ports d'Aqaba, de Djeddah ou de Duba, via l'Égypte.

Mais la question de l'exécution du plan d'aides aux exportations est encore demeurée absente de l'ordre du jour de la réunion du Conseil des ministres qui s'est tenue hier. Sur ce dossier comme sur tant d'autres, les différents partis représentés au gouvernement continuent de s'opposer sur le mécanisme de décision applicable en Conseil des ministres – consensus ou unanimité – pendant la vacance présidentielle. « Il n'est pas normal que le gouvernement puisse prendre en otage des pans entiers de l'économie libanaise à cause de divergences politiques », s'étrangle le président du syndicat des agriculteurs, Antoine Howayek, interrogé par L'Orient-Le Jour. Même son de cloche du côté du président du syndicat des exportateurs et importateurs, Naïm Saleh Khalil, qui confirme que la solution doit venir de l'exécutif. « Conscient que plus de 70 % des exportations agricoles se font par voie terrestre, le syndicat a été le premier à proposer les contours de cette alternative dès le mois d'avril », a-t-il rappelé. Le ministère de l'Agriculture préfère, lui, botter en touche : « Je vous invite à contacter Nabil Itani, le président d'Idal, pour toute demande de précisions sur ce dossier », a simplement déclaré le directeur général du ministère, Louis Lahoud. Contacté par L'Orient-Le Jour, le président d'Idal n'était pas disponible pour répondre à nos questions.

(Pour mémoire : Subventions aux exportations : la formule définitive bientôt adoptée)

 

Effondrement des exportations
Une source à Idal confirme pourtant, sous le couvert de l'anonymat, que tous les détails techniques nécessaires à la mise en application du plan d'aide ont été arrêtés. « Les modalités d'utilisation des fonds débloqués pour aider les agriculteurs ont été soumises au gouvernement il y a près de deux semaines », indique-t-elle. « Les clauses portent aussi bien sur le type et le nombre de navires qu'il sera nécessaire d'affréter, la liste des sociétés à solliciter ou encore les procédures de contrôle à mettre en place afin d'empêcher que ces navires ne soient utilisés pour faire transiter des produits non libanais », poursuit-elle. L'agence gouvernementale précise néanmoins qu'elle n'est pas en mesure de communiquer davantage de détails sur le sujet avant la décision définitive du Conseil des ministres.

En attendant, alors même que l'ensemble des responsables politiques impliqués dans ce dossier s'accordaient à reconnaître l'urgence de ces aides – d'autant que l'écrasante majorité des marchandises sont des denrées périssables –, les fonds, eux, ne sont toujours pas disponibles. Selon les dernières statistiques publiées par l'administration des douanes, les exportations de fruits et légumes ont chuté de près de 18 % sur les mois d'avril et mai par rapport à la même période en 2014. La situation se serait même considérablement aggravée en juin selon Idal, qui fait état d'une baisse de 40 % sur l'ensemble du deuxième trimestre en se basant sur les chiffres communiqués par les exportateurs. « Cette situation est d'autant plus dommageable pour les agriculteurs qu'ils avaient pu récupérer une partie de la demande régionale qui se fournissait habituellement en Syrie, suite à l'aggravation de la situation sécuritaire aux frontières de ce pays », explique-t-on du côté d'Idal. De fait, les exportations de fruits et légumes avaient bien augmenté de plus de 25 % en glissement annuel au premier trimestre, selon les chiffres des douanes. Une performance qui allège un peu l'addition pour les agriculteurs qui doivent désormais préparer la deuxième saison de récoltes en septembre et exportent la majeure partie de leur production au second semestre.

Elle permet également aux agriculteurs et aux exportateurs de prendre les devants. Deux rouliers – des navires conçus pour transporter des camions – vont faire la navette entre les ports de Tripoli et de Duba. « Affrété par des exportateurs, chaque navire peut transporter une soixantaine de camions environ. Des départs sont programmés tous les mercredis et vendredis », confirme le directeur du port de Tripoli, Ahmad Tamer. « Agriculteurs et exportateurs financent ces initiatives de leur poche mais ne savent toujours pas si le plan d'aide prendra en charge les frais qu'ils auront engagés avant sa mise en œuvre », rebondit M. Khalil. Le syndicat des agriculteurs dénonce pour sa part certains choix imposés par Idal et qui auraient selon lui contribué à paralyser l'avancée du dossier. « Nous avions proposé de louer de vieux navires, mais les responsables d'Idal ont plaidé en faveur de modèles beaucoup plus récents et plus onéreux. Cette exigence est pour le moins suspecte, alors que l'essence de ce plan d'aide consiste à faire face à une situation d'urgence », conclut M. Howayek.

 

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EN RESTE-T-IL QUELQUE CHOSE... DES APPÉTITS GLOUTONS... POUR LES EXPORTATEURS ?

LA LIBRE EXPRESSION

15 h 56, le 06 août 2015

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Commentaires (1)

  • EN RESTE-T-IL QUELQUE CHOSE... DES APPÉTITS GLOUTONS... POUR LES EXPORTATEURS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 56, le 06 août 2015

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