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Liban - Associations

Al-Kamanjati : de la musique pour une image plus optimiste de la Palestine

Aujourd'hui à 20 h, à l'Assembly Hall de l'AUB, des musiciens venus de Ramallah donneront un concert avec des enfants des camps palestiniens du Liban.

Colonie de vacances hors du commun à l’auberge Saint-Michel d’arcenciel à Maasser el-Chouf.

L'auberge Saint-Michel d'arcenciel à Maasser el-Chouf. Des violons, des percussions orientales, des ouds et des kanouns. Les rythmes orientaux envahissent tout l'espace, enivrent. Pour le deuxième été consécutif, l'auberge accueille, durant six jours, une colonie de vacances qui sort de l'ordinaire. Il s'agit de 33 musiciens en herbe des camps palestiniens de Bourj Brajneh et de Chatila. Ils sont encadrés par 16 musiciens venus de Cisjordanie pour l'occasion. L'idée est celle de l'association al-Kamanjati basée à Ramallah. Le projet est mis en place au Liban en étroite coopération avec l'association palestinienne Beit Atfal al-Soumoud qui se trouve dans tous les camps du Liban.
Depuis cinq ans, tous les vendredis et les dimanches, des enfants palestiniens apprennent le solfège, le chant et la musique dans des locaux mis à leur disposition dans les camps de Bourj Brajneh et de Chatila.
« Trente-trois enfants et jeunes, âgés entre 8 et 21 ans, participent à la colonie de six jours à Maasser el-Chouf. Le nombre de nos élèves dans les camps du Liban s'élève à 70. 45 d'entre eux sont assez avancés. Mis à part les cours de groupe, nous dispensons à chaque enfant des cours individuels chaque semaine durant une demi-heure », indique Julie Vautard, directrice du projet d'al-Kamanjati au Liban. « Nous prêtons les instruments aux enfants. La cotisation au cours est symbolique, une affaire de dix dollars par an ; et nous travaillons sur la qualité. Neuf de nos élèves suivent désormais des cours au Conservatoire national, qui est également l'un de nos partenaires », ajoute-t-elle.
Al-Kamanjati est une idée qui a germé il y a bien longtemps dans la tête de Ramzi Abou Redwan, un musicien de Ramallah, et qu'il a pu concrétiser en 2012. Aujourd'hui, l'association travaille avec 500 enfants palestiniens en Cisjordanie et 70 réfugiés palestiniens des camps du Liban.
La musique a changé la vie de Ramzi Abou Redwan, quand il avait seize ans. Né dans un camp de Ramallah, il distribuait des journaux et faisait du jardinage afin de gagner son argent de poche quand il n'allait pas à l'école. Il lançait aussi des pierres contre les soldats israéliens dès le début de la première intifada, en 1987. « J'avais huit ans et l'une de mes photos a fait le tour du monde », dit-il, un brin de fierté dans la voix.

Médaille d'or en alto
En 1993, suite aux accords d'Oslo, de nombreux Palestiniens sont rentrés en Cisjordanie, venant notamment de Tunisie et de Jordanie. Plusieurs associations internationales voulaient aussi les aider. « J'avais l'habitude de faire des travaux de jardinage chez une femme d'al-Bireh, non loin de Ramallah, dont l'un de ses amis musiciens venait de rentrer de Tunisie. Il avait un projet pour enseigner la musique. Elle lui avait fait remarquer que son projet touchera uniquement les jeunes Palestiniens riches et qu'il fallait qu'il s'adresse aussi aux plus démunis. Elle me l'a donc présenté », raconte Ramzi Abou Redwan, aujourd'hui président et fondateur d'al-Kamanjati.
Quand il est mis devant plusieurs instruments à cordes, Ramzi choisit un alto... parce qu'il avait toujours rêvé de jouer du violon et qu'il ne connaissait pas la différence entre ces deux instruments.
Les événements se suivent très vite. Ramzi Abou Redwan est un jeune homme doué et beaucoup de portes lui sont ouvertes. Il effectue un stage d'un mois à New Hampshire aux États-Unis, bénéficie d'une bourse de huit ans au conservatoire d'Angers. Il en sort notamment avec une médaille d'or en alto. Il devient aussi compositeur.
À Angers, il pense déjà à mettre en place un projet pour la Cisjordanie. Il commence son travail en collectant des instruments de musique qu'il envoie dans son pays. Il ramène des musiciens jouer à Ramallah et parvient grâce à des donateurs à restaurer des vieilles demeures abandonnées afin qu'elles servent de locaux pour l'enseignement de la musique. Petit à petit, il se fait connaître et bénéficie de l'appui d'importantes associations palestiniennes et internationales. Aujourd'hui, al-Kamanjati dispense des cours dans huit différents lieux, notamment à Ramallah, à Jénine et à Beyrouth.
Ramzi Abou Redwan réussit à changer la donne sur le plan de la scène musicale palestinienne. Depuis la création d'al-Kamanjati, quinze musiciens, dont deux luthiers (actuellement, ils sont les seuls de Cisjordanie à accorder et à réparer des instruments à cordes), ont bénéficié de longues formations à l'étranger. Ces jeunes suivent un cursus musical à l'étranger, notamment en France, et rentrent en Palestine pour passer leur savoir-faire.
Nombre d'entre eux sont présents au Liban pour la colonie de vacances d'al-Kamanjati à Maasser el-Chouf. Parmi eux, figurent Mahmoud Carazon, violoniste qui suit actuellement un cursus au conservatoire de Toulouse, Nawras Ibrahim, 22 ans, contrebassiste qui suit des cours au conservatoire de Bordeaux et Yanal Staité, flûtiste qui se spécialise également à Bordeaux. Ces musiciens veulent tous montrer une image bien vivante et bien gaie de la Palestine. Pour eux, la musique est un moyen de lutter contre l'occupation.
Le directeur d'al-Kamanjati Iyad Staité, également présent à Beyrouth, résume le tout en affirmant : « J'aime l'image d'une Palestine qui chante. C'est aussi une forme de résistance. »

L'auberge Saint-Michel d'arcenciel à Maasser el-Chouf. Des violons, des percussions orientales, des ouds et des kanouns. Les rythmes orientaux envahissent tout l'espace, enivrent. Pour le deuxième été consécutif, l'auberge accueille, durant six jours, une colonie de vacances qui sort de l'ordinaire. Il s'agit de 33 musiciens en herbe des camps palestiniens de Bourj Brajneh et de Chatila. Ils...
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