Les opérations boursières ont repris avec des limitations pour les investisseurs locaux qui restent soumis au contrôle des capitaux en vigueur dans ce pays. Ronen Zvulun/Reuters
La Bourse d'Athènes a, comme c'était attendu, accusé hier le coup des turbulences financières de la Grèce, en essuyant des pertes record (- 16,23 %) le jour de sa réouverture après cinq semaines d'interruption des échanges, dans le contexte sensible des négociations sur un troisième plan international de renflouement.
L'indice Athex a clos à 668,06 points, récupérant légèrement, au fil de la journée, de son ouverture par un plongeon de 22,82 %. Selon l'opérateur boursier grec, la précédente chute d'une telle ampleur remonte à décembre 1987 avec des pertes de 15,3 % sur une séance.
Les valeurs bancaires ont été particulièrement pénalisées, avec un plongeon d'environ 30 % qui traduit la grande vulnérabilité du secteur en attente pressante de recapitalisation après des retraits de plus de 40 milliards d'euros (44 milliards de dollars) depuis décembre.
Les acteurs du marché prévoyaient une remise en route pénible après une interruption des opérations le 26 juin sur fond d'impasse dans les négociations entre la Grèce et ses créanciers UE et FMI sur la reprise du financement de ce pays.
Depuis l'accord au forceps, au sommet européen du 13 juillet entre Athènes et les institutions créditrices, les négociations ont repris « et nous allons dans la bonne direction », a estimé hier le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici dans le quotidien grec Ethnos.
Bourse à deux vitesses
Les opérations boursières ont repris avec des limitations pour les investisseurs locaux. Ces derniers ne peuvent pas financer l'achat de titres avec l'argent de leurs comptes bancaires en Grèce, restant ainsi soumis au contrôle des capitaux en vigueur dans ce pays. Ils peuvent en revanche se servir de comptes à l'étranger ou effectuer des transactions en liquide. Une interdiction des ventes à découvert pour limiter la spéculation à la baisse était également en vigueur hier.
Les investisseurs étrangers – qui détiennent environ 60 % de la capitalisation boursière sur le marché grec – ne sont pas concernés par ces restrictions.
La Bourse avait terminé en hausse sa précédente séance, le 26 juin, à 797,52 points. Dans la nuit, le Premier ministre de gauche radicale Alexis Tsipras avait procédé à l'annonce surprise d'un référendum sur les nouvelles mesures d'austérité proposées à son pays.
Devant le risque de panique bancaire, le gouvernement avait décrété le 29 juin un contrôle des capitaux et la fermeture à la fois des banques, qui ont finalement rouvert le 20 juillet, et de la Bourse.
Le « non » au plan des créanciers l'avait emporté au référendum le 5 juillet.
La Grèce et ses créanciers ont néanmoins conclu le 13 juillet un accord de principe sur un troisième plan d'aide dont les modalités sont en train d'être discutées par le gouvernement grec et les représentants des créanciers (UE, FMI, MES, BCE), à Athènes depuis une semaine. Les discussions se poursuivaient hier.
Industrie en berne
« Nos partenaires grecs répondent de façon constructive et exhaustive et travaillent dur », a estimé M. Moscovici dans Ethnos, après des mois de relations acrimonieuses entre les deux parties.
La principale caisse de retraite grecque, IKA, a ainsi publié hier le décret sur l'augmentation des cotisations santé de 4 à 6 %, rétroactivement applicable à partir de juillet, comme voté d'urgence par le Parlement sur demande des créanciers mi-juillet.
Principaux sujets discutés pour la suite : privatisations, recapitalisation des banques, état des finances publiques et aggravation de la situation économique ces derniers mois.
Le contrôle des capitaux a en moyenne divisé par deux le chiffre d'affaires des PME, principalement des commerces, selon un sondage publié hier pour le compte de la fédération professionnelle du secteur (GSEVEE). Ce contrôle des capitaux reste en vigueur, bien qu'assoupli.
Le gouvernement grec veut finaliser d'ici à la mi-août l'accord sur le nouveau prêt de trois ans, d'un montant de plus de 82 milliards d'euros (90 milliards de dollars), car Athènes a besoin d'argent pour rembourser le 20 de ce mois 3,4 milliards d'euros (3,7 milliards de dollars), intérêts compris, à la BCE.
Selon l'édition dominicale du journal Avgi, quotidien proche de Syriza – le parti d'Alexis Tsipras –, le gouvernement espère le versement d'une première tranche d'environ 25 milliards d'euros (27 milliards de dollars).
(Source : AFP)