Dixième jour d’attaques du PKK en Turquie

La guérilla kurde de Turquie a poursuivi hier pour le dixième jour consécutif ses attaques meurtrières contre les forces de l'ordre. Hier matin, lors de l'assaut du commissariat de la ville de Pozanti, dans la province d'Adana, deux policiers ont été tués, portant à au moins 13 morts en dix jours le bilan des attaques attribuées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La guérilla qui a éclaté vise en priorité des postes de police, des soldats en faction ou des convois militaires. Jusqu'alors elle a concentré ses assauts dans les provinces du sud-est anatolien. Dans l'après-midi, l'aviation turque n'a pas hésité à répliquer : selon les médias, elle a de nouveau massivement bombardé des positions du PKK en Irak, entretenant ainsi le cycle de violences déclenché par l'attentat-suicide de Suruç où 32 jeunes militants kurdes ont trouvé la mort.
En parallèle, le pouvoir islamo-conservateur a engagé une offensive judiciaire contre les leaders du parti prokurdes HDP, considéré comme le grand vainqueur des élections législatives du 7 juin. Après s'en être pris au leader du principal parti de l'opposition, Selahattin Demirtas (HDP), le gouvernement s'est attaqué à la coprésidente du parti, Figen Yuksekdag, hier, directement visée par une enquête judiciaire pour « propagande en faveur d'un groupe terroriste ». Il lui a été reproché de récentes déclarations en faveur des rebelles kurdes de Syrie, considérés par Ankara comme des alliés proches du PKK.
Des élections anticipées semblent de plus en plus probables, le président turc Recep Tayyip Erdogan ayant fait part hier de son scepticisme sur les chances de voir aboutir les discussions en cours entre l'AKP et les sociaux-démocrates du parti CHP pour la formation d'un nouveau gouvernement.
« Sinon, il faudra retourner immédiatement devant le peuple pour sortir de cette situation », a-t-il dit, selon des propos rapportés par la presse turque l'accompagnant dans un voyage officiel en Indonésie.
Durant sa visite à Djakarta, M. Erdogan a vivement rejeté les accusations selon lesquelles le régime d'Ankara a longtemps aidé les militants de l'EI. « Des pouvoirs maléfiques mènent une campagne de désinformation contre la Turquie, a-t-il assuré dans une allusion apparente à la rébellion kurde, mais la Turquie n'a jamais été impliquée dans un scénario de ce type. »