Des gens ordinaires, des caméras, une zone de conflit : une émission de télé-réalité australienne a emmené ses candidats en Syrie où ils ont été pris sous le feu des jihadistes du groupe Etat islamique (EI).
La chaîne publique SBS devait diffuser mardi soir le premier de trois volets de l'émission "Go Back to Where You Came From" (Retourne d'où tu viens) qui consiste à suivre des "Australiens ordinaires" dans des camps de réfugiés en Syrie, en Irak ou en Birmanie.
L'équipe de tournage a été "escortée sous protection jusqu'aux lignes de front syriennes par des combattants kurdes défendant un village menacé par l'EI (...) et s'est retrouvée sous le feu d'insurgés de l'EI situés non loin", a expliqué SBS dans un communiqué.
La bande-annonce de l'émission montre trois des six participants, encadrés par des hommes armés et munis de gilets pare-balles, courant, tête baissée, se réfugier derrière des bâtiments tandis que résonnent des tirs de mortier. "Bon, ce sont des tirs. Baissez-vous, d'accord ?", conseille en anglais un guide invisible à l'écran. "Baissez-vous, très bas. Accroupissez-vous derrière ce mur. On ne veut pas qu'ils détectent notre présence. Ils sont juste en face de nous".
Vivement critiquée par des experts militaires selon qui SBS a mis ses employés et les participants en danger, la chaîne a affirmé avoir pris un maximum de précautions.
La sécurité des techniciens et des candidats est "primordiale" et les participants étaient accompagnés par une agence privée de sécurité, a assuré SBS alors qu'aucune des personnes apparaissant sur la vidéo ne porte de casque. "L'équipe de sécurité armée était préparée pour un incident de cette nature et a rapidement réagi pour mettre les participants et l'équipe de tournage en sécurité", a-t-elle insisté.
Une famille chez les nazis
L'émission a déjà été tournée en Afghanistan, en Somalie et en Indonésie.
L'idée, selon ses créateurs, est de faire découvrir aux Australiens le quotidien des civils dans la guerre dont des milliers tentent chaque année de gagner des pays en paix, en Europe mais aussi en Australie.
Or l'accueil de réfugiés dans ce pays fait débat depuis des années. En échange d'un relèvement du quota d'arrivants légaux, le gouvernement conservateur a décidé de refouler tous les migrants arrivant par la mer depuis l'Indonésie: ils sont systématiquement envoyés dans des centres de rétention sur des territoires isolés du Pacifique en attendant le traitement de leur demande d'asile.
Pour son épisode syrien, SBS a choisi deux personnalités emblématiques de ce débat : d'un côté Nicole, une jeune femme pro-immigration qui a travaillé dans un centre de rétention, de l'autre Kim, qui milite pour l'immigration zéro. Le troisième candidat, Andrew, enseignant d'école primaire, est lui aussi partisan du service minimum en matière d'accueil des étrangers.
Au risque de blesser des communautés, d'autres émissions de télé-réalité ont tenté de repousser les frontières du spectacle depuis l'enfance du genre, dans les années 1970 aux Etats-Unis.
En République tchèque, la télévision publique CT a diffusé cette année une émission plongeant une famille dans l'enfer de l'occupation nazie. Des acteurs professionnels jouent le rôle d'autres habitants du hameau, de soldats allemands et d'officiers de la Gestapo.
Outre-Atlantique, l'émission "Stars Earn Stripes" (Des stars gagnent des galons), jeu de mots formé à partir du nom du drapeau américain "Stars and stripes" (bannière étoilée), propulse des célébrités dans des opérations militaires.
Des veuves de soldats et d'anciens combattants ont vivement protesté contre ce concept animé par le général Wesley Clark, l'homme qui avait dirigé la campagne de bombardements de l'Otan sur Belgrade en 1999 afin de chasser les Serbes du Kosovo.
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DE L,ABRUTISSEMENT BIEN DANGEREUX...
21 h 46, le 28 juillet 2015