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À La Une - Méditerranée

La guerre pacifique contre le jihad

Les initiatives sont nombreuses.

Une soixante de personnalités de la société civile, des religieux, universitaires et politiques se sont retrouvés cette semaine à Barcelone pour réfléchir aux moyens de combattre pacifiquement le jihadisme, notamment sur internet. Capture d'écran du site "stop-djihadisme.gouv.fr"

Une soixante de personnalités de la société civile, des religieux, universitaires et politiques se sont retrouvés cette semaine à Barcelone pour réfléchir aux moyens de combattre pacifiquement le jihadisme, notamment sur internet. La rencontre, organisée jusqu'à vendredi par l'Union pour la Méditerranée, rassemblant 43 pays de la region, avait pour objectif de permettre aux différents acteurs impliqués de partager leurs expériences.

Comment freiner la radicalisation ayant mené aux attentats qui frappent régulièrement les deux rives de la Méditerranée, de la France à la Tunisie en passant par l'Égypte, les massacres de minorités religieuses et les enlèvements d'occidentaux en Syrie et en Irak, où l'on estime que 25 à 31.000 étrangers prennent part au jihad du groupe État Islamique ?

La radicalisation passant essentiellement par les réseaux sociaux, la réponse est là, aussi: "Nous devons utiliser internet beaucoup plus, nous saisir de ces médias pour atteindre davantage les jeunes et les femmes", leurs mères, a expliqué, en marge de cette réunion, Elisabeth Guigou, présidente de la Fondation Anna Lindh pour le dialogue entre les cultures.

 

(Lire aussi : Quand des chercheurs se font voyeurs pour traquer les candidates au jihad)

 

En France, où 90% de la radicalisation se trame sur la toile, le gouvernement a lancé un site, "stop-djihadisme.gouv.fr", destiné à contrer la propagande jihadiste, en la décryptant et en expliquant notamment les "techniques de manipulation mentale" utilisées. Les initiatives sont nombreuses. La Fondation Anna Lindh, créée en 2005, propose de son côté la diffusion d'un message alternatif, grâce à son programme "Young arab voices" (jeunes voix arabes), apprenant aux jeunes à se servir des réseaux sociaux et des blogs pour diffuser des messages de tolérance. En Grande Bretagne, un groupe de religieux a aussi créé en mars Haqiqah, un magazine en ligne dont la vocation est de répandre la "bonne interprétation" du Coran, disponible en ligne.

L'université Al-Azhar, au Caire, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite, a pour sa part créé un Observatoire, dont le site internet, en six langues, identifie et corrige les interprétations extrémistes de l'islam. "L'islam véhicule un message divin et comme tous les autres messages divins, il invite à l'amour, à la tolérance, et à la rencontre entre êtres humains", a déclaré à l'AFP le président de l'université, Abdel Hay Azab. "Notre mission est de former dans le monde entier des personnes armées de cette véritable compréhension de l'islam", a-t-il ajouté.

"Un choc d'ignorance"
Mais tout n'est pas internet: il faut une autre "narration", mais aussi des "actions", insiste Mme Guigou.Ainsi à Fez, au Maroc, l'Union pour la Méditerranée a financé une université euro-méditerranéenne qui accueillera à la rentrée 300 étudiants. A terme, l'idée est d'y accueillir 6.600 élèves des pays arabes, européens et sub-sahariens.

 

(Lire aussi : Cibler des églises : une stratégie du jihad global )

 

C'est aussi l'objectif de la fondation libanaise Adyan (religions en arabe) qui organise des ateliers d'études interconfessionnels pour jeunes et imams au Liban, où les plaies de la guerre civile (1975-1990) ne sont pas encore refermées. La Fondation approche ceux qui pourraient être attirés par les groupes extrémistes pour en faire "des leaders du contre-terrorisme", a expliqué à l'AFP Fadi Daou, son fondateur. Le chemin est long dit-il, mais l'espoir est permis: en 2014, la fondation a reçu 1.390 candidatures de personnes intéressées par son séminaire d'études interconfessionnelles, pour seulement 60 places.
"Beaucoup de jeunes du monde arabe souhaitent apprendre, améliorer leurs connaissances et faire autre chose. Nous investissons dans les bombes et peut-être nous ne le faisons pas assez pour eux", a-t-il estimé.

 

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