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Économie - Consommation

Commerce en ligne : les Iraniens attendent la fin de l’isolement

Isolés du marché international, les Iraniens attendent impatiemment que la levée des sanctions prévue par l'accord nucléaire leur permette enfin d'effectuer des achats à l'étranger sur Internet et d'acheter librement les derniers smartphones américains.
Depuis 2006, les Iraniens sont soumis à une série de sanctions de l'Onu, des États-Unis et de l'Union européenne, les plus strictes dans le monde, selon les experts.
Dans ce contexte, pour les visiteurs de la récente Foire internationale du livre de Téhéran, les panneaux publicitaires « Achetez directement sur Amazon » avaient un goût amer : il est en effet impossible pour le consommateur iranien de commander sur le site du géant américain de vente en ligne, faute d'accès au système bancaire mondial Swift. Ils se sont donc tournés vers les intermédiaires. À la foire, Amazon était en fait une société locale offrant les succès de librairies en anglais... au triple de leur prix.
Le même modèle économique s'applique pour les smartphones, les cosmétiques et les autres produits fabriqués en Occident : en l'absence de canaux officiels, la contrebande prolifère.
L'accord nucléaire, conclu mardi à Vienne avec les grandes puissances, est la porte de sortie tant attendue. Les Iraniens espèrent bénéficier rapidement de la réouverture du marché intérieur, avec de meilleures offres et plus de choix de produits.
« L'économie, c'est comme une ligne téléphonique. Plus vous avez de lignes vers d'autres pays, meilleur sera le commerce », résume Mohammad Gholi Yousefi, professeur d'économie à l'université Allameh Tabatabaie de Téhéran. « Lorsque les produits sont importés librement, il est possible d'établir des relations suivies avec les pays de fabrication, en Europe ou aux États-Unis, et de se débarrasser des intermédiaires », explique-t-il.
En avril, le président modéré Hassan Rohani avait lui-même conseillé aux profiteurs des sanctions de « se chercher un nouveau travail ».
Un accord intérimaire conclu en novembre 2013 avait levé une partie des sanctions, et les sociétés occidentales avaient profité de l'occasion pour renouer les liens avec leurs partenaires iraniens. Certaines n'attendent plus que l'accord final pour finaliser des contrats.
Avec une population de près de 78 millions de personnes, l'Iran est en effet un marché d'avenir pour les sociétés étrangères. Notamment, parce que plus de la moitié (56 %) des Iraniens ont moins de 30 ans, une population hyperconnectée et avide de nouveautés technologiques.
À Téhéran, un Iphone 6 importé de Turquie est vendu 28,5 millions de rials (850 dollars au marché libre) contre 750 dollars (hors taxes) aux États-Unis. Mais Apple n'opère pas en Iran pour cause de sanctions américaines, et les problèmes commencent après l'achat. « Nous ne pouvons pas payer les applications à cause des sanctions », explique Sarah Deraksham, professeur d'anglais de 30 ans qui s'est fait inscrire sur l'Appstore par un ami au Canada. Autre problème, les réparations coûtent cher puisque la garantie constructeur ne s'applique pas en Iran. « La boutique m'a fait payer 100 dollars une garantie locale, mais elle n'était pas reconnue par l'assurance. J'ai dû porter plainte pour avoir un nouveau téléphone », témoigne-t-elle.
Même si certains responsables politiques – comme l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad – ont minimisé l'impact de ces sanctions, Hassan Rohani reconnaît que les investissements étrangers dont le pays a besoin ne reviendront qu'une fois les sanctions levées.
Avec un taux de chômage officiel de 17 %, une inflation à 15 % et une croissance économique de 3 %, le pays reste vulnérable aux fluctuations des cours du pétrole, principale source de revenus en devises alors que l'Iran dispose des quatrièmes réserves mondiales. Ces dernières années, la flambée de l'or noir a permis de limiter les effets des sanctions. Mais avec la chute brutale des cours au printemps 2014, le retour du pays dans l'arène internationale n'en est que plus urgent.
Pour certains Iraniens, il est toutefois déjà trop tard. Ali Ezzadi a un diplôme de tourisme, mais, faute d'emploi dans son secteur, il gagne sa vie comme chauffeur de taxi à Téhéran. « Accord ou pas, ça ne changera rien pour moi », dit le jeune homme de 24 ans, qui va émigrer au Canada.

Ali NOORANI/AFP

Isolés du marché international, les Iraniens attendent impatiemment que la levée des sanctions prévue par l'accord nucléaire leur permette enfin d'effectuer des achats à l'étranger sur Internet et d'acheter librement les derniers smartphones américains.Depuis 2006, les Iraniens sont soumis à une série de sanctions de l'Onu, des États-Unis et de l'Union européenne, les plus strictes...

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