Le président Obama vous a récemment invité à la Maison-Blanche pour vous féliciter. Comment avez-vous eu l'idée de LifeSense ?
LifeSense est le premier système mondial de surveillance de données cardiaques en continu, avec des données pouvant être accessibles sur téléphone, tablette et ordinateur. L'idée m'est venue en 2003 suite au décès de mon père d'une crise cardiaque. J'ai alors voulu créer un appareil qui puisse surveiller les personnes soumises à des risques cardio-vasculaires en collectant leurs données cardiaques pour pouvoir intervenir au besoin. L'appareil permet au personnel soignant de contrôler les données cardiaques du patient 24h/24, grâce à des capteurs corporels placés sur son corps. Ce système a déjà permis de sauver trois vies aux États-Unis, et ce, dès les deux premiers mois de lancement !
Cela nous a notamment permis d'être repéré par le président Barack Obama, qui m'a invité à la Maison-Blanche le 11 mai dernier, avec une délégation de jeunes entrepreneurs. Cet événement a généré un engouement pour notre projet, beaucoup de personnes nous ont contactés pour obtenir des renseignements et évaluer le potentiel de cet appareil médical connecté.
Quel est le coût de cet appareil pour les patients ?
Nous avons choisi de commercialiser LifeSense auprès des professionnels de la santé, qui louent ensuite l'appareil à leur patient pour une durée de 30 jours. Le coût final est donc variable selon la durée d'utilisation, mais oscille généralement entre 500 et 800 dollars. Mais plus qu'un simple appareil, nous vendons surtout des services tels que les sessions de surveillance, la préparation des rapports aux médecins.
Pourquoi avoir choisi d'être présent aux États-Unis et au Liban ? Quel marché ciblez-vous de manière prioritaire ?
J'ai crée Cardiodiagnostics aux États-Unis en 2012, car c'est le marché le plus large pour ce type de produit, mais j'ai quand même voulu ouvrir un autre siège au Liban l'année suivante pour apporter ma pierre au développement de l'industrie technologique de mon pays.
Aux États-Unis, qui absorbent pour l'instant 90 % de notre clientèle, nous fournissons les appareils LifeSense à dix centres de surveillance médicale qui ont leurs propres patients partout dans le pays. Ces centres n'existant pas à l'étranger, nous avons créé notre propre centre de surveillance au Liban où le personnel soignant surveille ces données cardiaques, établit des rapports et contacte les médecins traitants si nécessaire. Dans la zone Mena – où nous sommes présents en Arabie saoudite, au Koweït et bientôt aux Émirats arabes unis –, nous passons essentiellement par des distributeurs qui redistribuent nos appareils aux hôpitaux et aux cliniques, lesquels les louent in fine à leurs patients. Le marché régional (Liban inclus) est en pleine croissance et devrait représenter 40 % d'ici à la fin de l'année.
Quels sont vos projets pour l'avenir ? Envisagez-vous de développer de nouveaux produits ou de revendre votre société ?
Jusqu'à présent, nous avons donc opté pour un modèle de vente aux professionnels, mais nous comptons nous adresser aussi aux consommateurs, notamment à travers des outils de prévention médicale qui leur permettraient de surveiller leur rythme cardiaque mais aussi leurs dépenses d'énergie ou leurs habitudes alimentaires grâce à une application mobile. Il faudrait alors créer des accessoires connectés pour récolter ces données.
Quant à l'avenir capitalistique de Cardiodiagnostics, il est pour l'instant assuré : nous avons d'abord pu récolter plus de 250 000 dollars à travers différentes bourses et donations, de la Qatar Foundation notamment, pour développer le pilote. Et une levée de 540 000 dollars auprès du fonds d'investissement Berythech Fund nous a permis de recruter le personnel. Nous préparons actuellement une troisième levée, et même si les investisseurs tendent à exiger des garanties sur la possibilité d'une revente future, je compte bien continuer à développer Cardiodiagnostics.
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