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Économie - Rapport

Pourquoi le Liban ne crée-t-il pas assez d’emplois qualifiés ?

Pour la Banque mondiale, l'économie libanaise souffre de nombreux handicaps structurels qui freinent la capacité de la croissance à générer suffisamment d'emplois pour réduire la pauvreté et les inégalités.

Selon la Banque mondiale, la forte dépendance du Liban à l’économie de service a contribué à limiter la création d’emplois qualifiés au Liban. Photo P.H.B.

Dans son récent « Diagnostic systémique du pays » (DSP) basé sur un panel d'indicateurs reflétant divers aspects de l'économie libanaise, la Banque mondiale a analysé le faible impact de la croissance sur la création d'emplois. Alors que le PIB réel a augmenté en moyenne de 4,4 % entre 1997 et 2009, le taux d'emploi – soit la proportion de personnes disposant d'un emploi parmi celles en âge de travailler –, n'a progressé en parallèle que de 1,1 %.
Entre 2004 et 2009, les trois premiers secteurs en termes de création d'emplois ont été le commerce (près de 100 000 emplois créés), les services (environ 50 000) et la construction (près de 16 000). Mais la forte dépendance de l'économie du pays vis-à-vis du secteur tertiaire – qui représente environ 74 % du PIB entre 1997 et 2011 – combiné à sa fragilité face aux crises politiques et sécuritaires et la forte corruption présente à de multiples échelons de la société, ont fortement limité la création d'emplois qualifiés. Or pour la Banque mondiale, ce sont surtout ces derniers qui permettent in fine de réduire les inégalités sociales et la pauvreté.

Précarité politico-sécuritaire
L'insuffisante répercussion de la croissance libanaise sur l'emploi s'explique d'abord par la volatilité de cette dernière, du fait de la succession de crises que le Liban a affrontées depuis la fin de la guerre civile. Le rapport souligne que la croissance libanaise est passée de 12,9 % pour la période 1991-1995 à 1,7 % depuis le début de la crise syrienne en 2011. Entre ces deux périodes, elle a pâti des retombées de plusieurs crises ponctuelles comme les attaques israéliennes de 1996 et 2006 ou l'assassinat de Rafic Hariri en 2005. Pendant ces crises, la croissance libanaise n'a que rarement dépassé les 2 %, dans un contexte d'explosion de la dette publique. Cette précarité de la situation politique et sécuritaire a naturellement déteint sur l'emploi, notamment en l'absence de politique publique cohérente pour enrayer cette tendance.
En parallèle, les périodes d'accalmie (1991-1995, 2001-2004 et 2007-2010) ont surtout été marquées par une hausse de la consommation interne et des investissements. Alors que la croissance n'est jamais descendue en dessous de 4 % lors de ces différentes périodes, la majorité des investissements s'est concentrée sur les secteurs financier et immobilier, particulièrement vulnérables aux tensions politiques et extérieures.

Fuite des cerveaux
La Banque mondiale révèle également que la capacité des entreprises à créer des emplois est pénalisée par une série de facteurs endogènes parmi lesquels figurent, dans l'ordre, l'instabilité politique, la précarité des infrastructures – électriques en tête – et la corruption. Les entreprises voient ainsi leur développement contrarié par des contraintes financières – comme des pots-de-vin pour l'obtention de permis – ou légales – comme une réglementation inadaptée. Enfin, les banques ne financent pas assez les PME, malgré les incitations mises en place par la Banque du Liban.
Ces contraintes structurelles combinées à la multiplication des périodes de tensions ont encouragé le développement de l'économie informelle. Selon la Banque mondiale, près de la moitié de la population active dépend de ce secteur. Les employés au noir constituent près de 74 % des travailleurs les plus pauvres qui exercent leur activité dans le commerce de détail, les entreprises de services de réparation et de maintenance ou encore les transports.
Ces difficultés ont enfin pour effet secondaire d'encourager la fuite des travailleurs qualifiés, qui préfèrent tenter leur chance à l'étranger plutôt que de subir les effets de la corruption, de faibles rémunérations ou d'autres barrières à l'emploi. D'après le rapport, 15 % de la population libanaise a suivi cette voie en 2010, laissant sur place une population active dans laquelle près d'un travailleur sur deux n'a pas dépassé le primaire et où de nombreux diplômés de l'enseignement supérieur ne trouvent pas de débouchés dans leur filière.

 

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