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Torture à Roumieh : Rifi accuse le Hezbollah d'être derrière les fuites des vidéos

Brève mutinerie dans le bâtiment A de la prison.

Photo d'archives de la prison de Roumieh

Le ministre de la Justice Achraf Rifi a accusé mardi le Hezbollah d'être derrière les fuites de vidéos montrant des scènes de torture dans la prison de Roumieh. M. Rifi s'exprimait à l'issue de sa rencontre avec le ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk. Ce dernier a de son côté a estimé que toute cette séquence "ne fait que servir l'extrémisme".

Le Hezbollah a rejeté en bloc les accusations de M. Rifi, les qualifiant de "complètement erronées et malhonnêtes". Dans un communiqué, le parti chiite a estimé "désolant que le ministre de la Justice lance des accusations infondées et sans preuves alors qu'il est chargé de veiller à ce que le travail de tout le monde soit sous la loi et les institutions judiciaires". "Il est honteux que le principal accusé dans cette affaire, M. Rifi, se dérobe à ses responsabilités devant sa conscience, la loi et l'opinion publique en accusant les autres", ajoute le communiqué.

La diffusion sur les réseaux sociaux et les médias d'images d'agents des Forces de sécurité intérieure (FSI) passant à tabac des prisonniers islamistes à Roumieh, enregistrées il y a deux mois par l'un des tortionnaires à l'aide de son téléphone portable, suscite un tollé depuis dimanche.

Mardi, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a engagé des poursuites contre les cinq agents arrêtés dans le cadre de l'enquête sur la diffusion des vidéos : deux d'entre eux pour mauvais traitement contre des prisonniers, de comportement non conforme aux Droits de l'homme et de désobéissance contre la hiérarchie ; un troisième pour avoir filmé les actes de torture et deux autres pour dissimulation de faits délictueux. Les cinq suspects seront déférés devant le premier juge d'instruction militaire, Riad Abou Ghida.

MM. Rifi et Machnouk s'exprimaient au moment où les FSI entraient dans le bâtiment A de la prison de Roumieh pour en reprendre le contrôle et mettre fin à une mutinerie qui avait éclaté plus tôt dans la journée. Avant l'entrée des forces de l'ordre, des négociations avaient été engagées entre une délégation de détenus porteurs de revendications et le conseiller du ministre de l'Intérieur chargé des prisons, le colonel Mounir Chaaban, envoyé sur les lieux. Des commandos ont été postés à l'extérieur de la prison pour prévenir une éventuelle aggravation de la situation. Aucun gardien n'a subi de violences, rapportent les médias locaux, et les émeutes ont pris fin en début d'après-midi.

Il s'agit de la première mutinerie dans la prison de Roumieh depuis celle menée par des détenus islamistes dans le bâtiment D de la prison le 13 avril dernier, après que ceux-ci ont été transférés du bâtiment B où ils faisaient la loi. Selon Nohad Machnouk, c'est lors de cette opération que les actes de torture avaient eu lieu.

Parallèlement, les familles des détenus islamistes ont bloqué pendant quelques minutes le croisement routier de Samké, dans le quartier d'Ouzaï, dans la banlieue-sud de Beyrouth, selon les médias locaux. L'armée libanaise a été dépêchée sur les lieux pour disperser les manifestants et évacuer le croisement.


Le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, a de son côté imputé au service de renseignement des Forces de sécurité intérieure (FSI) la responsabilité des actes de torture infligés par des policiers à des détenus islamistes dans la prison de Roumieh. "La responsabilité incombe au service des renseignements des FSI car ce n'est pas la première fois" que de tels scandales éclatent, a-t-il dit, estimant qu'il s'agit d'une "erreur d'individus et non d'une institution" comme les FSI. Critiquant implicitement les réactions dans la rue à ce scandale, "C'est quand l'Etat ne prend pas des mesures légales à l'encontre des responsables que les mouvements de contestation deviennent légitimes", a souligné M. Aoun.

 

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Le ministre de la Justice Achraf Rifi a accusé mardi le Hezbollah d'être derrière les fuites de vidéos montrant des scènes de torture dans la prison de Roumieh. M. Rifi s'exprimait à l'issue de sa rencontre avec le ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk. Ce dernier a de son côté a estimé que toute cette séquence "ne fait que servir l'extrémisme".
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