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Cinema- - Webdoc

En Syrie, les Casques ne sont pas bleus, mais blancs

En Syrie, il n'y a pas que les combattants qui sont au front. Grâce à ce passionnant et émouvant Webdoc, réalisé par deux amis, Robin Braquet et Flavian Charuel, respectivement âgés de 24 et 23 ans, nous pénétrons dans l'univers des Casques blancs, ces civils qui s'entraînent pour sauver des vies humaines. Ils ont répondu aux questions de « L'Orient-Le Jour ».

« Ils étaient civils, mais la guerre les a rattrapés. Les Casques blancs syriens portent secours aux populations encerclées par les combats, qui subissent les bombardements quotidiens du régime. Anciens professeurs, boulangers, ingénieurs, étudiants... les membres de la Défense civile syrienne ont un principe : la neutralité. Ils sont parfois pris pour cibles par le régime, mais n'oublient pas de ramasser les corps des soldats des deux camps. Régulièrement, ils traversent clandestinement la frontière pour s'entraîner en Turquie, avant de retourner au cœur de la guerre. » Voici le synopsis de Casques sur le front, réalisé avec le soutien de France 24, RFI et Courrier international.

Comment est né ce projet ?
Nous avions tous les deux l'habitude de « veiller » sur la Syrie, sur les réseaux sociaux. Et nous avions déjà brièvement travaillé sur le sujet, en suivant un réfugié syrien à Paris, au cours de nos études à l'école de journalisme de l'institut français de presse, à Paris. Peu de gens en parlaient à l'époque où l'idée est née. Nous avons donc découvert l'existence des Casques blancs suite à une campagne de levée de fonds qu'ils avaient lancée et à un article sur le blog Un œil sur la Syrie, du Monde. Pendant notre préenquête, RFI a fait un papier de desk sur la levée de fonds et les observateurs de France 24 ont diffusé quelques images. Il nous a donc semblé logique de leur proposer de devenir nos diffuseurs.

Est-ce votre premier travail ?
C'est notre première réalisation professionnelle, en dehors de l'école, que nous venons de terminer. Un projet que nous avons mené à deux de bout en bout : démarcher les médias partenaires, trouver des financements, tourner, monter toutes les vidéos, concevoir le site avec l'aide de Racontr, qui est devenu un de nos partenaires, etc.
Quelles ont été les conditions de réalisation du reportage ?
L'idée est née en novembre 2014. Après quatre mois de préparation, le tournage a eu lieu du 9 au 22 mars 2015. Pendant dix jours nous avons suivi l'entraînement des Casques blancs en Turquie, dans la ville d'Adana. Pas de fixeur sur place, mais les ONG Akut et Mayday Rescue, qui organisent ces formations, nous ont accueillis et donné accès à la zone. Un contact de plusieurs mois avait été maintenu avec celles-ci auparavant, de même qu'avec les Casques blancs d'Alep, en Syrie, retrouvés sur place.

Comment s'est passé le tournage ?
Une journée a été dédiée à la rencontre avec le gouvernement provisoire syrien, exilé à Gaziantep, en Turquie. Une autre au camp de réfugiés de Buruk, à proximité d'Adana. Nous avons obtenu l'autorisation d'y entrer auprès du ministère des Affaires étrangères turc, après près de trois semaines de négociations. Une fois le tournage terminé, une période de deux mois a été consacrée à la traduction, au montage et à la création de l'interface.
Le documentaire se compose de deux parties. La première en dessins, que le spectateur « anime » lui-même en scrollant, et la seconde partie, avec le réel. Pourquoi avoir mêlé les deux genres ?
La vidéo permet de montrer ce qu'on a vu. Le dessin, le reste. Ce dernier medium permet en effet de raconter la genèse du mouvement, ce qui se passe en Syrie, que nous n'avons pas pu filmer, mais que nous voulions retranscrire pour permettre de comprendre cette initiative civile à travers un récit, celui de Shahoud.
Par ailleurs, nous ne voulions pas compter sur des images prises par les Casques blancs eux-mêmes pour notre récit. Nous avons utilisé leurs images une fois, en intro, pour donner un aperçu de leur réalité. Mais il fallait s'approprier la narration, ce que le dessin permet de faire. Emmanuel Prost, notre dessinateur, a travaillé à partir de photos du terrain. Les sons sont tous extraits de scènes tournées par des vidéastes syriens amateurs.

Le film d'animation sensibilise-t-il plus ?
Pas sûr. Mais le scroll permet d'impliquer le lecteur dans le récit et son déroulé. Chaque format a son utilité. Nous avons tenté de trouver le bon pour chaque histoire. Ce documentaire est disponible sur www.casquessurlefront.com

 

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