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N-D de l’Étoile

On peut croire aux miracles ou pas. On peut être croyant ou athée, pratiquant ou pas. Mais on ne saurait nier que par temps de crise ou même de détresse, ce n'est plus à la clémence des rois que les humains en appellent mais à celle du Créateur, du Ciel, de l'Être suprême, du Surnaturel, appelez-le comme vous voudrez.

Quatre jours pour parcourir en procession les quatre coins du pays dans un débordement de ferveur religieuse : chargé de symboles, riche d'enseignements est le périple libanais de la statue de la Vierge de Fatima. Lequel s'est achevé en apothéose hier avec l'extraordinaire, l'incroyable, la surréelle entrée de l'icône de bois peint dans l'enceinte d'un Parlement pétrifié, fossilisé, dans sa propre impuissance.

Près d'un siècle après la proclamation d'un Grand Liban dédié aux maronites, il reste évident que le Liban ne saurait être le Liban sans les chrétiens. Or ceux-ci ont toutes les raisons d'être dévorés d'inquiétude. Autour d'eux, ils ne voient qu'épreuves et même persécutions pour leurs coreligionnaires d'Orient. Et chez eux ils voient s'effilocher, jour après jour, leur participation effective au pouvoir.

Non moins inquiets devraient être cependant les musulmans libanais. Le temps est révolu, lui aussi, où leurs aînés pouvaient rêver d'union avec leurs frères d'outre-frontière : les sirènes arabes qui chantaient naguère à leurs oreilles ont perdu la voix, dans le fracas des chaos arabes et les clameurs des peuples martyrisés. Ne leur reste plus, eux aussi, que ce bout de terre où, en dépit des folies suicidaires de certains et où, assez miraculeusement, il fait bon vivre encore.

Ce ne sont pas les seuls chrétiens, mais le Liban tout entier, que le patriarche maronite vouait, il y a deux ans, à la protection de la Vierge Marie : un Liban où les hommes de bonne volonté, musulmans en particulier, ont bien de la peine à tenir tête aux idéologies théocratiques et dérives jihadistes importées d'ailleurs, qu'elles soient d'inspiration sunnite ou chiite. Que ces braves triomphent, et ce serait là le vrai miracle.

Issa GORAIEB
igor@lorient-lejour.com.lb

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P.-S. : Parlant de miracles, il faut décidément en voir un dans cette magistrale leçon de citoyenneté que nous donne une pièce de théâtre à modique budget, œuvre de l'ONG March. On y voit d'authentiques combattants sunnites et alaouites de Tripoli recyclés en acteurs de talent se retrouver sur scène. Enfoncés, les piètres cabotins qui accaparent les tréteaux politiques !

On peut croire aux miracles ou pas. On peut être croyant ou athée, pratiquant ou pas. Mais on ne saurait nier que par temps de crise ou même de détresse, ce n'est plus à la clémence des rois que les humains en appellent mais à celle du Créateur, du Ciel, de l'Être suprême, du Surnaturel, appelez-le comme vous voudrez.
Quatre jours pour parcourir en procession les quatre coins du pays...