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Liban - Partis

Le sacre de la jeunesse à la tête des Kataëb

Élu avec 87,3 % des suffrages, le député Samy Gemayel a eu droit à de véritables festivités après une victoire sans surprise.

Photo Hassan Assal

C'est sans surprise que le député Samy Gemayel a été élu hier septième président du parti Kataëb pour un mandat de quatre ans, après une compétition facile contre le président de la section Kataëb de Hasbaya-Marjeyoun, le journaliste Pierre Atallah, qui confiait en tout cas il y a quelques jours que sa candidature n'avait pour but que de « relancer la vie démocratique et d'empêcher qu'un nouveau président de parti soit élu d'office sans élection ».

Si la bataille électorale pour la présidence du parti était loin d'être serrée, le siège central des Kataëb à Saïfi a toutefois connu par la suite une ambiance très animée et même tendue. 397 délégués élus par 7 000 personnes affiliées au parti étaient en effet appelés à élire à leur tour un bureau politique de 16 cadres parmi 36 candidats, ainsi que le deuxième vice-président du parti, après l'élection d'office de Joseph Abou Khalil comme premier vice-président, face à Tannous Cordahi, qui s'était retiré de la course.

Tôt le matin, une foule de délégués et autres responsables ont afflué vers Saïfi, alors que les routes menant au siège du parti étaient fermées à la circulation. Vers 10h30, une demi-heure après l'ouverture du bureau de vote, Samy Gemayel a déposé ses bulletins dans les différentes urnes, consacrées chacune à l'élection du président, du second vice-président, du comité d'honneur, du bureau politique et du comité de contrôle des finances. Le jeune député a refusé les propos selon lesquels cette élection représenterait une « fausse démocratie », avant d'être suivi vers 11h30 par Amine Gemayel, qui a confié avoir déposé des bulletins blancs dans toutes les urnes et sur lesquels il aurait écrit « Longue vie au Liban ». L'ancien président de la République a assuré que le scrutin est démocratique, les 400 délégués étant libres de voter pour le candidat qu'ils préfèrent, espérant que cette expérience s'étendra à l'ensemble du pays, « qui a effectivement oublié la signification des élections ».

(Lire aussi : Samy Gemayel prône une ouverture sur les musulmans)

Quota pour les femmes

Au total, 388 délégués ont pris part au scrutin, certains s'étant absentés pour cause de force majeure, comme le ministre Sejaan Azzi, qui avait perdu son oncle la veille. Un second tour a eu lieu vers 20 heures pour l'élection de 3 candidats aux postes de membres du bureau politique, qui n'ont pas récolté plus de 200 voix au premier tour, comme le veut le règlement intérieur du parti. Un quota de 20 % pour les femmes a également été adopté cette fois pour la première fois dans l'histoire des Kataëb, alors que 6 femmes s'étaient porté candidates.

Pour la première fois depuis longtemps, par ailleurs, la tension électorale était palpable au siège central entre les candidats au poste de second vice-président, l'ancien ministre Sélim Sayegh et l'ex-membre du bureau politique Sassine Sassine, et entre les candidats au bureau politique.

Cela s'expliquerait notamment par le fait du changement de leadership au niveau de la présidence du parti, le retrait de Amine Gemayel et l'arrivée de Samy Gemayel ayant encouragé la formation d'une nouvelle équipe de travail. Pierre Atallah et Samy Gemayel ont par ailleurs évité de donner des directives aux délégués concernant le choix du vice-président et du bureau politique, contrairement aux élections précédentes où le candidat à la présidence se présentait dans le cadre d'une sorte de liste électorale. Si des rumeurs couraient hier selon lesquelles Samy Gemayel aurait encouragé certains électeurs à voter en faveur de quelques candidats en secret, il aura certainement son mot à dire concernant le troisième vice-président qu'il nommera au cours de la semaine.

(Pour mémoire : Samy et Nadim Gemayel, d'une même voix, font l'apologie du prochain renouveau Kataëb)

Vers 20 heures, les bulletins concernant l'élection du président et du vice-président du parti ont commencé à être dépouillés, et les résultats ont été annoncés une demi-heure plus tard en faveur de Sélim Sayegh – 273 voix contre 100 – qui a déjà occupé ce poste sous Amine Gemayel, et en faveur de Samy Gemayel évidemment, alors que des convois partisans arborant les drapeaux des Kataëb et des portraits du nouveau président du parti multipliaient les navettes aux alentours du siège central, que les hymnes du parti retentissaient dans le centre-ville et que les feux d'artifice illuminaient le ciel de la capitale et dans d'autres régions du pays. « Nous n'attendions que ça depuis longtemps, affirmait une jeune partisane. On espère que ces élections rajeuniront le parti. C'est pour cela qu'elles sont importantes. »

« À chaque leadership son style »

Ces affirmations ont été reprises hier par l'ancien ministre Sélim Sayegh, qui a déclaré à L'Orient-Le Jour que « le parti a des lignes historiques, des constantes nationales loin des aspirations partisanes étroites, mais que la façon de faire va changer ». « Le style c'est l'homme et à chaque leadership son style. Nous avions un président de la République à la notoriété régionale qui dirigeait le parti et maintenant un président plus jeune qui n'a pas la même expérience, mais qui est plus dynamique, a-t-il ajouté. Ces élections sont importantes, car elles expriment l'alternance au pouvoir au sein du parti. Dans la longue tradition des Kataëb, Amine Gemayel a décidé de céder le pouvoir sans que le règlement intérieur du parti ne le préconise, voyant que les institutions du parti sont saines et que celui-ci est prêt à une telle transition. À l'époque où toute la configuration régionale change, que les États autour de nous vivent un risque de démantèlement, et que la démocratie n'a plus au Liban les mêmes voies d'exécution aux niveaux municipal, législatif ou présidentiel, les Kataëb veulent montrer qu'il existe encore une oasis de démocratie dans ce désert d'autoritarisme. La démocratie n'est pas une notion parachutée et fait partie intégrante de nos mœurs. »

(Pour mémoire : « Confiant et tranquille », Amine Gemayel veut passer la main à un nouveau directoire Kataëb)

Affirmant qu'il ne suffit pas d'avoir hérité un legs important de 80 ans, l'ancien ministre a déclaré : « Nous avons envie de faire de la politique autrement, de rêver à une nouvelle approche de la chose publique, de dire aux nouvelles générations qu'il n'y a pas une fatalité de corruption et de clientélisme au Liban. »

Avec 339 voix contre 37 pour Pierre Atallah, c'est en tout cas haut la main que Samy Gemayel a remporté hier ces élections. Loin est le scénario de 1992 où Georges Saadé avait vaincu Samir Geagea à une voix de différence, et loin sont les rêves de rébellion familiale que Samy Gemayel avait un jour tenté de concrétiser avec le mouvement Loubnanouna en 2005. Rentré au bercail du parti, le jeune député a ramené une nouvelle fois la présidence du parti aux Gemayel, et rien ne laisse croire que cette longue histoire de famille est bientôt finie.

À la question de savoir s'il serait à son tour intéressé par la présidence des Kataëb dans 4 ans, le député Nadim Gemayel qui a voté hier pour son cousin n'en a pas rejeté l'éventualité, affirmant qu'« il était encore trop tôt pour en parler... ».


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commentaires (6)

hey 87.4 % ca me rappelle qlq chose loool !! Mabrouk a samy, je sais qu'il est capable il a ete a l'ecole de son frere Pierre (on ete ensemble avec nadim et plusieurs autres dont Nabil AC ... je sais ce que deja vont dire les opposants, car c'est un Gemayel .. oui c'est vrai mais il y a eu quand meme des élections, et le partie KATAEB n'a pas eu tout le temps a sa tete un Gemayel, just se rapeler parmis les 7 présidents qui sont passes la fameuse (négativement) presidence de Bakradoni!!

Bery tus

19 h 25, le 15 juin 2015

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Commentaires (6)

  • hey 87.4 % ca me rappelle qlq chose loool !! Mabrouk a samy, je sais qu'il est capable il a ete a l'ecole de son frere Pierre (on ete ensemble avec nadim et plusieurs autres dont Nabil AC ... je sais ce que deja vont dire les opposants, car c'est un Gemayel .. oui c'est vrai mais il y a eu quand meme des élections, et le partie KATAEB n'a pas eu tout le temps a sa tete un Gemayel, just se rapeler parmis les 7 présidents qui sont passes la fameuse (négativement) presidence de Bakradoni!!

    Bery tus

    19 h 25, le 15 juin 2015

  • André Malraux (1901-1976) ministre de la Culture du général de Gaulle, a dit : Tout le monde a été, est, ou sera gaulliste. De même, du haut de la pyramide de mon âge, je pourrais dire la même chose des Kataéb : Tout le monde au Liban a été, est, ou sera phalangiste.

    Un Libanais

    15 h 14, le 15 juin 2015

  • SACRÉ LAFONTAINE. COMMENT SAVAIT-IL TOUT CE QU'IL SAVAIT SUR LE LIBAN ? INSPIRÉ DE SES FABLES... ET DÉDIÉ, SANS EXCEPTION AUCUNE, À TOUS LES HÉRITIERS DE NOS ABRUTIS. LES MULETS D'UNE ÉTABLE, ASSOIFFÉS DE NOBLESSE, HÉRITIERS DE GRANDS NOMS, NE DISCUTAIENT TOUJOURS QUE DE LEURS VIEUX PARENTS LES HONNEURS DES BEAUX JOURS ; ILS RACONTAIENT DE LEURS ANCÊTRES LES PROUESSES, ET PRÉTENDAIENT QU'ON DÛT LES METTRE DANS L'HISTOIRE. ILS CROYAIENT S'ABAISSER, SERVANT LE CITOYEN; MAIS NULS, COMME ILS ÉTAIENT, ET DE TRISTE MÉMOIRE, ON JUGEA QU'ILS N'ÉTAIENT BONS QUE POUR LE MOULIN. LAFONTAINE DIT : QUAND LE MALHEUR NE SERAIT BON QU'À METTRE UN SOT À LA RAISON, TOUJOURS SERAIT-CE À JUSTE CAUSE QU'ON LE DIT BON À QUELQUE CHOSE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 18, le 15 juin 2015

  • Pathétique, ce népotisme....

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    11 h 56, le 15 juin 2015

  • Mabrouk et je crois dur comme fer qu'il réussira! Bonne chance et bonne route!

    Pierre Hadjigeorgiou

    10 h 38, le 15 juin 2015

  • Il est grand temps de se mettre au travail.Le Parti des Kataeb, comme tous les autres, n'a devant lui que six courts mois pour batir son PLAN ECONOMICO-SOCIAL pour les quatre prochaines decades, mais aussi pour les quatre prochaines annees.Chaque parti politique devrait s'atteler a construire le sien propre, c'est a dire sa propre vision du LIBAN DE DEMAIN, dans chacun de ses dix-huit secteurs de base.Que les prochaines elections parlementaires qui devraient, inchÁllah!,prendre place en Janvier 2016 soient conduites sur base de "PLANS" que chaque parti proposerait.Que nous elisions des deputes qui n'auraient d'autres soucis et d'autres ambitions que de construire un Liban meilleur pour TOUS.

    George Sabat

    08 h 18, le 15 juin 2015

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