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Scan TV - Décryptage

Quatrième pouvoir ou excès de pouvoir ?

Ces derniers jours, la télévision ne savait plus où donner de la tête avec une course aux scandales de plus en plus acharnée afin d'attirer le plus grand nombre de téléspectateurs. En ce moment, dans les salons et surtout sur les réseaux sociaux, le quatrième pouvoir est littéralement accusé d'excès, voire d'abus de pouvoir, de désinformation et de diffamation.

 

Marcel Ghanem, l'hyperavocat du diable

 

Marcel Ghanem est un journaliste de la grande école, dont l'éloquence naturelle et l'élasticité faciale sont légendaires – même si ses mimiques sont parfois assez déplacées vu la gravité et la délicatesse de certains sujets. Ce spécialiste du petit écran, au charme duquel les téléspectateurs ne sont pas insensibles, oscille régulièrement entre talk-shows politiques et programmes à scandales (sociaux), s'octroyant un rôle de justicier au-dessus de tout soupçon. De la sécurité sanitaire des aliments à l'affaire Ella Tannous, en passant par le général Aoun et Samir Geagea, tout le monde attend son tour sagement afin de passer dans Kalem el-Ness, qui réussit à se caser sur la grille de la LBCI n'importe quel jour de la semaine en plus du rendez-vous fixe du jeudi si l'actualité s'y prête.
Marcel Ghanem, vitrine du talk-show vedette, est accompagné par une équipe de journalistes chevronnés et enthousiastes chargés de préparer des reportages choc. Face à ses invités, il se permet de faire la moue (toutes les moues...), d'accaparer ou de couper la parole, et même parfois de les ridiculiser avec son sang-froid et son fameux rictus aux coins des lèvres si l'idée avancée ne le convainc pas ou ne convainc pas l'opinion publique. Mais ce journaliste brille davantage lorsqu'il joue à l'avocat du diable. Un excellent avocat que tous les diables du monde ne peuvent faire ciller.
Marcel Ghanem, l'un des journalistes les plus influents au Liban et qui se plaît dans son rôle de justicier, voire de juge ou d'enquêteur, a tout récemment mis en émoi l'ordre des médecins en la personne de son président, le Dr Antoine Boustany, à qui il a asséné une leçon d'éthique dans le programme de son collègue Joe Maalouf. Le médecin a de son côté organisé une campagne acharnée contre ce monstre des talk-shows, l'accusant de diffamation contre un médecin avant la fin de l'enquête.
Kalam el-Ness, chaque jeudi, LBCI, 21h30.

 

Tony Khalifé, militant des droits des machos

 

Laissant derrière lui Lil Nacher sur al-Jadeed, Tony Khalifé n'a pas hésité à utiliser son propre nom pour en faire le titre de son programme sur la MTV, Tony Khalifé, 1544, qu'il a même transformé en marque enregistrée en son nom.
Un des premiers journalistes polémistes spécialisé dans les scandales et les affaires de mœurs, M. Khalifé a provoqué des réactions enflammées ces derniers jours en dénonçant certaines pratiques d'associations militant contre la violence domestique, et notamment Kafa, dont l'excellence du travail n'est plus à démontrer. « Ces associations incitent les femmes à demander le divorce, créant ainsi des problèmes avec leurs maris, des hommes dont la nature est telle qu'ils peuvent aller jusqu'à tuer leurs femmes », a-t-il déclaré sans états d'âme sur le plateau du programme Mouzi3 el-Arab. « Pourquoi ne pas créer des associations qui prennent la défense des hommes agressés? » a-t-il conclu dans son intervention. Son commentaire a provoqué un tollé au sein de la communauté des militants pour le droit des femmes. Plusieurs défenseurs des droits de l'homme ont rejeté les propos de Tony Khalifé les qualifiant d'« aberrants, car ils mettent sur un même pied d'égalité un mari violent et une femme qui ose demander la protection d'une ONG, ce qui la rend coupable, tandis qu'elle est en réalité la seule victime dans ce cas de figure ».
Le journaliste avait par ailleurs abordé durant son programme, d'une façon très dépassionnée, limite biaisée, l'affaire du moukhtar Amine Abou Jaoudé qui a agressé sa femme dans un lieu public (la vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux), ce qui lui a valu une attaque virulente de la part d'une militante qui l'a accusé d'avoir été payé par Amine Abou Jaoudé, et donc indirectement d'être corrompu. Tony Khalifé a déposé plainte pour diffamation.
1544, MTV, chaque lundi, 21h30.

 

 

Rima Karaki, Zorro en jupons

 

En septembre 2014, après le départ de Tony Khalifé, la NTV (al-Jadeed) demande à Rima Karaki de reprendre son émission Lil Nachr. Le succès de la journaliste est indéniable. Les téléspectateurs locaux et internationaux sont littéralement ravis quand elle fait taire en direct, en lui coupant le micro, le cheikh Hani Sibaï, qui lui avait totalement manqué de respect durant l'émission. Les réseaux sociaux étaient en ébullition et la vidéo reprenant cet épisode a été visionné par plus de 9 millions de personnes sur YouTube.
La semaine dernière, Rima Karaki a encore une fois mélangé les genres, chamboulant le petit écran et les réseaux sociaux. Animatrice de télévision ou justicière en jupon ? Rima Karaki a chassé en direct un père accusé d'agresser physiquement son fils après que ce dernier ait eu l'audace de se défendre. Enragée par les propos du père, la présentatrice lui a ordonné de quitter le studio en s'écriant : « Je n'arrive plus à trouver mes mots tellement je suis touchée par cette affaire et outrée par ta réaction... Sors de là tout de suite ! Allez, allez, lèves-toi et quitte le plateau tout de suite ! » L'invité n'a pu qu'obtempérer et se diriger vers la sortie où les autorités compétentes, saisies par l'affaire, lui passent les menottes aux mains devant des caméras qui n'ont pas manqué de retransmettre dans les moindres détails cette arrestation.
Un moment de félicité pour les téléspectateurs et un nouveau coup médiatique réussi, qui a grandement contribué à alimenter la réputation de cette femme qui, décidément, ne craint ni la confrontation ni l'inversion clichés.
Une question : qu'adviendra-t-il désormais du fils dont la responsabilité incombe au père ?
Lil Nachr, chaque lundi, NTV, 21h30.

 

Joe Maalouf, défenseur universel autoproclamé

 


Joe Maalouf est un jeune homme qui électrise tout sur son plateau. Ce personnage au caractère bien trempé qui n'aime visiblement pas les demi-mesures ou les nuances a réussi à se mettre à dos la quasi-totalité du pays. Et souvent à raison... Cet accusateur, voire inquisiteur, par excellence ne mâche pas ses mots et ne cesse de répéter durant son émission que son programme « est capable de défendre les droits de tous les citoyens qui subissent des injustices quels que soient les contraintes, les dangers ou les menaces ».
La semaine dernière Joe Maalouf s'est autoproclamé avocat de la défense de son collègue Marcel Ghanem et d'un reportage diffusé dans le cadre du programme Kalem el-Ness sur la même chaîne, LBCI. Il a ainsi reçu les deux journalistes qui ont préparé le reportage accusant le médecin Issam Maalouf d'être responsable d'une erreur médicale dans l'affaire du bébé Ella Tannous, à laquelle les médecins ont dû amputer les membres, seule alternative pour la garder en vie.
Joe Maalouf a repris avec les deux reporters de Kalem el-Ness les détails du reportage, insistant sur leur souci de précision et leur devoir en tant que journalistes de dévoiler la vérité au téléspectateur. Mais il a par la suite changé de registre en attaquant frontalement le président de l'ordre des médecins, le Dr Antoine Boustany, qui avait accusé initialement Marcel Ghanem de diffamation contre le médecin impliqué et arrêté dans l'affaire Ella Tannous. C'est sur un ton moqueur que Joe Maalouf a remonté en surface une ancienne affaire de justice dans laquelle le Dr Boustany était accusé de plagiat dans un de ses livres. Cette revanche en direct durant une émission qui était censée éclairer l'affaire du bébé Tannous, seule victime dans toute cette magouille médiatisée à fond, n'était plus hélas qu'un conflit personnel qui ne concerne en rien le téléspectateur.
Hki Jeless, chaque lundi, LBCI, 21h30.

 

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