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Liban - Vient de paraître

« La société libanaise à l’épreuve du drame syrien » sous l’œil des chercheurs

Des contributeurs du dernier numéro de la revue « Confluences Méditerranée » ont débattu à Beyrouth de l'impact de la crise syrienne sur le Liban, avec un focus sur la question des réfugiés.

Le dernier numéro de la revue « Confluences Méditerranée » porte sur l’impact de la crise syrienne sur la société libanaise.

« Comment le Liban survit-il à la crise syrienne et que nous dit la gestion de cette crise de la société libanaise ? » Cette question a été le fil rouge d'Élisabeth Longuenesse, coordinatrice du dernier numéro de la revue Confluences Méditerranée* consacré à « La société libanaise à l'épreuve du drame syrien », présenté jeudi soir sous les voûtes de l'Institut allemand des recherches orientales à Beyrouth.
Publié par l'Institut de recherche et d'études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo) et L'Harmattan, cet ouvrage collectif a fait l'objet d'un débat clôturant une journée d'ateliers organisée par l'Institut français au Proche-Orient (Ifpo) en partenariat avec le programme Wafaw (When Authoritarism Fails in the Arab World). Quatre contributeurs ont débattu de diverses problématiques abordées dans la revue et ont été interpellés par Émilie Sueur (L'Orient-Le Jour) devant une trentaine de chercheurs et d'étudiants.
L'imbrication historique, spatiale et sociale des sociétés syrienne et libanaise a été soulignée à plusieurs reprises comme essentielle dans la compréhension de la situation. Cette imbrication a notamment été évoquée par Kanj Hamadé, de l'Université libanaise, à travers un retour historique sur les mutations de l'agriculture du Haut Oronte, à la frontière libano-syrienne. Un exposé lors duquel le chercheur a rappelé l'impact de l'établissement des frontières dans cette région, de la mise en œuvre de politiques agricoles différentes des deux côtés de la frontière et des mélanges de populations syrienne et libanaise.
La proximité et l'imbrication historique des deux voisins peuvent-elles seules expliquer l'extraordinaire capacité d'absorption des réfugiés syriens par le Liban ? Le pays du Cèdre accueille en effet 1,2 million de réfugiés syriens, qui représentent plus du quart de la population. « Malgré toutes les failles de l'État, le Liban arrive à accueillir ce nombre incroyable de réfugiés. C'est peut-être grâce à l'économie très informelle qui oblige la société à se débrouiller, trouver des solutions par elle-même », a relevé, sur ce point, Mme Longuenesse, sociologue et directrice de recherche au CNRS. Dans son introduction à la revue, elle souligne également que « la façon dont la "crise des réfugiés" est gérée est à l'image des contradictions du pays ».
Sur ce point, Isabelle Grappe, didacticienne et plurilinguiste rattachée au British Council, a évoqué les difficultés au niveau de l'absorption par le secteur de l'enseignement public libanais des jeunes réfugiés, à travers la question très ciblée de l'adaptation aux différents dialectes. « Des problèmes dont la résolution, a-t-elle noté, contribuerait également à l'amélioration de l'enseignement en général au Liban. »
Nicolas Dot-Pouillard, chercheur à l'Ifpo, et Jean-Baptiste Pesquet, doctorant en sciences politiques et anthropologie à l'École pratique des hautes études à Paris, ont, eux, constaté l'émergence progressive d'un discours de neutralité chez les réfugiés syriens. Une évolution qu'ils expliquent par le fait que les réfugiés se sentent « pris entre deux feux » à deux niveaux : entre « les oppositions » syriennes et le régime, entre les courants politiques libanais du 8 et du 14 Mars. Les deux chercheurs ont indiqué que le début de cette évolution vers un discours de neutralité est lié à la reprise de Qousseir par le régime, au printemps 2013, et la fermeture d'une partie de la frontière.
Alors que l'afflux de réfugiés a réveillé, au Liban, le spectre du précédent des réfugiés palestiniens, les deux chercheurs ont estimé que les situations sont différentes, relevant notamment que, dans les années 1960-1970, il y avait une interaction des organisations politiques représentant les déplacés palestiniens et une partie du spectre politique libanais, ce qui n'est pas du tout le cas pour les réfugiés syriens.
Autant de sujets denses qui sont traités en profondeur dans le numéro de Confluences Méditerranée, dans lequel l'on trouve également des contributions de Hala Abou Zaki sur les réfugiés syriens dans le camp de Chatila, de Charbel Nahas sur l'économie des guerres civiles, de Hicham Achkar sur le secteur immobilier qui bénéficie de l'afflux de réfugiés, de Bruno Marot sur la crise du logement au Liban, de Michele Scala sur la mobilisation des travailleurs de Spinneys et de Lea Abou Khater sur celle des fonctionnaires, de Nahla Chahal sur Tripoli et de Kamel Mohanna sur les réponses humanitaires à la crise syrienne.

* Disponible notamment à la librairie Le Point

« Comment le Liban survit-il à la crise syrienne et que nous dit la gestion de cette crise de la société libanaise ? » Cette question a été le fil rouge d'Élisabeth Longuenesse, coordinatrice du dernier numéro de la revue Confluences Méditerranée* consacré à « La société libanaise à l'épreuve du drame syrien », présenté jeudi soir sous les voûtes de l'Institut allemand...

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