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Culture - Rencontre

De Mayence à Venise, le chapelet de projets de Zad Moultaka

Passage éclair à Beyrouth du compositeur et peintre libanais aux semelles de vent. Toujours entre deux voyages, deux valises, deux portes, deux (ou plutôt de multiples) projets ! Rencontre-express pour un état des lieux à travers une série de créations aux quatre points cardinaux.

Zad Moultaka, la rencontre de l’art lyrique avec l’art pictural.

Toujours cette allure d'adolescent sage malgré un front qui se dégarnit de ses cheveux noirs. Toujours ce regard vif et mobile, cette silhouette frêle, cette modestie confondante, cette boulimie au travail, cette curiosité intellectuelle insatiable. En faisant du saut de mouton entre peinture, sculpture et créations de divers opus musicaux, allant des pièces de musique sacrée (Hildegarde de Bingen qui vient de sortir) à l'opéra pour enfants (en allemand) à Mayence, en passant par la poésie d'Adonis. Nomenclature d'un calendrier bien fourni et superchargé.

Auréolé de gloire, il rentre tout juste de la 56e Biennale de Venise où il expose au palais Albrizzi (du 8 mai au 10 juin 2015) son dernier cru de tableaux et sculptures intitulé « Come in terra ». On retient dans la brochure de présentation cette phrase d'Emmanuel Daydé, critique d'art et commissaire d'exposition, pour cerner le jet pictural (et musical !) de Zad Moultaka : « Farouchement contemporain tout en demeurant puissamment archaïque, toute son œuvre pourrait ainsi tenir dans une seule et même tentative, celle-là même que définit le poète Wadih Saadé : lier deux rives avec une voix. »

Et en ce même cadre princier, pour accompagner couleurs et monde visuel, le 3 juin retentira la voix du baryton Andreas Fisher, avec Beneventi, dans une partition du compositeur de  Zajal. Le 31 juillet, ce sera avec C. Barré, le temps de se produire au Festival de Chaillot et à Radio-France.
Et pour le calvaire et l'innommable démission générale du drame des chrétiens d'Orient pris dans l'engrenage de la barbarie jihadiste, reprise en temps opportun, le 20 juin, à l'abbaye de Noirlac, de la Passion de Marie en syriaque.
Le 28 mai, lever de rideau, à Mayence, sur l'opéra Konig Hamed et Pricessin Sherifa (Le roi Hamed et la princesse Sharifa) d'après un conte persan sur un livret d'Ina Karr et Anselm Defferth.
Art lyrique pour auditeurs entre 8 et 12 ans signé Zad Moultaka, qui a déjà un passé serré avec l'inspiration du vert paradis de l'enfance. On cite pour mémoire Les Comptines, Déclaration d'innocence et le cycle de dix notes de Hildegard von Bingen, bénédictine mystique et sainte.

Dix scènes d'une heure pour trois personnages interprétés ici, comme par une charmante ironie bouffonne, par trois chanteurs (un contre-ténor, un baryton et un ténor), pour une narration magnifiant la fausse innocence à travers le rapport à l'autre et la parité homme/femme souvent mal assurée. Par les hommes ! Et où le machisme est mis à rude épreuve par la séduction des femmes, toujours plus fines, plus subtiles et arrivant en toute superbe à leur fin devant les attitudes pataudes des mâles...
Cinq musiciens pour soutenir cette partition polymorphe où danse, humour, fraîcheur, clin d'œil à Bach, Mozart et Ravel sont autant de richesse que la dissonance et l'énergie inspirée par la dérythmique de la langue arabe !
Sur un autre plan, approché pour le centenaire de Yehudi Menhuhin, Moultaka s'est attelé à l'écriture d'un opus qui ira de l'Europe aux États-Unis.

En octobre prochain, pour le Festival de l'Île-de-France, il présentera Traverser avec la voix enregistrée du poète Adonis. Le verbe sonore de l'enfant de Qassabine (près de Lattaquié) sera porté par quatre musiciens et le soprano Amel Ibrahim Djelloul.
Et, last but not least, pour Baalbeck cet été, il met les touches finales pour une création (pas la première pour la Cité du soleil !) au titre emprunté à un poème d'Etel Adnan : Les dieux ont dansé puis décidé de mourir....

 

Pour mémoire
La musique de Zad Moultaka sous empreinte digitale

Toujours cette allure d'adolescent sage malgré un front qui se dégarnit de ses cheveux noirs. Toujours ce regard vif et mobile, cette silhouette frêle, cette modestie confondante, cette boulimie au travail, cette curiosité intellectuelle insatiable. En faisant du saut de mouton entre peinture, sculpture et créations de divers opus musicaux, allant des pièces de musique sacrée (Hildegarde...

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