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À La Une - Conflit

Le Pentagone met en doute la volonté des Irakiens de combattre l'EI

Un hélicoptère syrien s'écrase près d'Alep.

Des soldats irakiens inspectant le site d'un attentat à Diyala. Photo Reuters

Le ministre américain de la Défense Ashton Carter a estimé dimanche que l'armée irakienne n'avait "pas montré de volonté de se battre" pour la ville de Ramadi (ouest) tombée il y a une semaine dans les mains du groupe Etat islamique (EI).

"Ce qui est arrivé apparemment c'est que les forces irakiennes n'ont pas montré de volonté de se battre. (...) Nous avons un problème avec la volonté des Irakiens de combattre l'EI et de se défendre", a déclaré sur CNN le chef du Pentagone. Les soldats irakiens "n'étaient pas en nombre insuffisant, ils dépassaient largement en nombre les forces opposées, et ils ne sont pas parvenus à se battre. Ils se sont retirés de la zone", a affirmé le ministre américain de la Défense.
"Nous pouvons leur fournir un entraînement, nous pouvons leur apporter des équipements, mais nous ne pouvons évidemment pas leur donner la volonté de se battre", a-t-il ajouté. "Mais si nous leur fournissons un entraînement, des équipements et de l'aide, j'espère qu'ils se mettront à vouloir se battre parce que c'est seulement s'ils combattent que l'EI peut être vaincu", a fait valoir M. Carter.

Les bombardements aériens, conduits par une coalition de pays menée par les Etats-Unis, "sont efficaces mais ...rien ne peut remplacer la volonté des forces irakiennes de se battre", selon le ministre. "Nous ne pouvons pas porter la victoire, seuls les Irakiens peuvent le faire, et en particulier dans ce cas des tribus sunnites dans l'ouest. Et si nous devons changer la manière dont nous aidons les forces irakiennes, nous l'envisagerons", a-t-il dit.

Les jihadistes de l'EI ont pris dimanche le contrôle total d'un poste-frontière entre la Syrie et l'Irak, où les forces gouvernementales appuyées par des milices chiites tentent de lancer une contre-offensive après la capture dimanche dernier de la ville clé de Ramadi par les jihadistes.

En capturant le poste-frontière d'Al-Walid quelque 72 heures après la prise de son pendant syrien, Al-Tanaf, l'EI s'assure le contrôle de deux routes principales reliant l'immense province irakienne d'Al-Anbar à la Syrie. Cette dernière victoire survient une semaine après la prise de Ramadi et quelques jours après celle de Palmyre, historique cité syrienne inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, deux des plus importantes victoires des jihadistes depuis un an. Ces succès militaires permettent à l'EI d'étendre le territoire du "califat" qu'il a proclamé en juin 2014 sur les territoires saisis en Irak et en Syrie, pays dont il contrôle désormais 50% selon une ONG.


Dimanche à l'aube, les jihadistes se sont emparés du poste d'Al-Walid "après le retrait de l'armée et des gardes-frontières", a déclaré un colonel de police. "Il n'y avait pas de soutien militaire et les soldats n'étaient pas assez nombreux pour protéger le point de passage", a expliqué Souad Jassem, chargée des frontières pour la province d'Al-Anbar. "Daech (acronyme arabe de l'EI) contrôle désormais les deux côtés des deux points de passages", a-t-elle ajouté, en référence à la prise l'an dernier d'un autre poste-frontière.

Ces victoires du groupe ultraradical sunnite soulèvent des questions sur la stratégie suivie par les Etats-Unis à la tête de la coalition qui a mené plus de 3.000 raids en Irak et en Syrie depuis août 2014, dont des dizaines ces derniers jours, sans empêcher l'EI d'avancer. En 24 heures, ses avions ont ainsi frappé Al-Anbar à sept reprises pour appuyer le début d'une contre-offensive des forces gouvernementales autour de Ramadi. Aidées des hommes de la principale force tribale sunnite du secteur, essentielles pour leur connaissance parfaite du terrain, et de miliciens chiites, les forces irakiennes sont parvenues à reprendre samedi Houssayba, à 7km à l'est de Ramadi.

 

(Lire aussi: Après Ramadi et Palmyre, Bagdad et Damas ?, l'analyse d'Anthony Samrani)

 

Mettre l'EI sur la défensive
Il est essentiel d'agir rapidement avant que les jihadistes n'organisent la défense de la ville en y disposant bombes et explosifs, une technique qu'ils ont développée dans de nombreuses autres cités en Irak et en Syrie. En outre, "le gouvernement irakien doit mettre l'EI sur la défensive dans l'est d'Al-Anbar avant le début du Ramadan mi-juin, quand le mouvement terroriste essaiera sans aucun doute de multiplier les attaques contre les religieux chiites et les civils à Bagdad et dans la cité sainte (chiite) de Kerbala", estime Michael Knights, du groupe de réflexion Washington Institute.

Mais si Al-Anbar, la plus vaste province du pays et base de l'EI, est importante, les forces irakiennes doivent se déployées sur d'autres fronts. Les troupes d'élite défendent ainsi la principale raffinerie du pays, Baïji (nord-est), aidées depuis quelques semaines par les miliciens chiites des Hashed al-Shaabi.

En Syrie, la prise de Palmyre pourrait permettre aux jihadistes de lancer des attaques contre la capitale Damas et Homs, troisième ville du pays, estiment des experts. Ville mondialement connue pour la beauté de son site archéologique, Palmyre est tombée aux mains de l'EI le 21 mai, faisant craindre de nouvelles destructions de trésors antiques par les jihadistes, qui ont fait exploser des sites historiques en Irak. Le chef des Antiquités syrienne a cependant assuré que la plupart des trésors de Palmyre avaient été transférés à Damas.


(Lire aussi: L'EI va-t-il détruire Palmyre ? : « Avec leur petit côté sadique, ils peuvent très bien faire traîner les choses »)


Dimanche, l'agence officielle Sana a affirmé, en citant des habitants, que les jihadistes avaient exécuté 400 personnes, "en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées", dans la ville antique de Palmyre, tombée jeudi aux mains de l'EI. Mais l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a mis en doute ce bilan. "Pas plus de 35 personnes ont été tuées depuis que la ville a été prise. A l'exception d'une femme et de deux enfants, tous étaient des hommes", selon l'ONG.

Un hélicoptère syrien s'écrase près d'Alep
En outre, dans la province d'Alep (nord) un hélicoptère de l'armée syrienne s'est écrasé, l'EI affirmant l'avoir abattu alors que la télévision officielle syrienne évoquait une "panne technique", en faisant état de "la mort des membres de l'équipage". Un compte twitter jihadiste a également affirmé, en postant la photo d'un hélicoptère en flamme, que l'appareil avait été abattu par un missile sol-air et que tout l'équipage avait péri.


D'autre part, les combats dans le secteur de l'hôpital de Jisr al-Choughour dans la province d'Idleb (nord-ouest) ont fait au moins 75 morts au sein des forces du régime selon un nouveau bilan de l'OSDH.
Une source au sein des services syriens de sécurité a affirmé à l'AFP que "toutes les personnes bloquées dans l'hôpital avaient pu sortir mais certains avaient été tués et blessés durant les combats et d'autres à leur sortie", sans vouloir fournir de chiffres.

Al-Nosra, la branche syrienne d'el-Qaëda, et ses alliés ont finalement pris vendredi le contrôle total de l'hôpital où étaient assiégés plus de 200 soldats et miliciens et leurs familles, après avoir capturé le reste de Jisr al-Choughour le 25 avril. Il a pris au moins 73 soldats en otage alors que 91 militaires et miliciens favorables au régime ont réussi à arriver dans des régions tenues par le régime, selon le directeur de l'OSDH.

Les autorités syriennes avaient indiqué pour leur part que les soldats encerclés avaient pu s'échapper. 300 membres d'al-Nosra ont été tués et des centaines blessés par des raids menés par l'armée de l'air lors de la bataille, selon la télévision syrienne.

 

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Le ministre américain de la Défense Ashton Carter a estimé dimanche que l'armée irakienne n'avait "pas montré de volonté de se battre" pour la ville de Ramadi (ouest) tombée il y a une semaine dans les mains du groupe Etat islamique (EI)."Ce qui est arrivé apparemment c'est que les forces irakiennes n'ont pas montré de volonté de se battre. (...) Nous avons un problème avec...

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ILS VEULENT QUE D'AUTRES FASSENT LE JOB POUR EUX !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 36, le 24 mai 2015

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Commentaires (2)

  • ILS VEULENT QUE D'AUTRES FASSENT LE JOB POUR EUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 36, le 24 mai 2015

  • "Il est vain de siffler un âne qui ne veut pas boire" Les soldats irakiens et les soldats syriens ne veulent pas combattre Daech, selon les Américains. Ils veulent, apparemment, que les autres viennent combattre et mourir pour eux. Allah a dit : "Lève-toi afin que je me lève avec toi." Non, Messieurs, "Ne gratte ta peau que ton ongle," dit un dicton libanais.

    Un Libanais

    18 h 20, le 24 mai 2015

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