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Liban - Justice

Hani Hammoud devant le TSL : Le Hezbollah avait mis en garde Rafic Hariri contre son attitude antisyrienne

Au second jour de son témoignage devant le Tribunal spécial pour le Liban, à la Haye, M. Hani Hammoud, l'un des principaux proches conseillers de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri, s'est livré à un véritable procès des pratiques syriennes au Liban avant 2005 et du comportement de Damas à l'égard de la classe politique libanaise. M. Hammoud a indiqué, à titre d'exemple, sur ce plan que Damas avait pratiquement interdit à Rafic Hariri de fonder un parti, d'organiser des meetings populaires ou même de se rendre dans de grandes mosquées de la capitale pour la prière du vendredi.


Au début de la séance, le juge David Re, président de la chambre de première instance du tribunal, a donné lecture d'un avis avalisant l'utilisation des informations relatives à la circulation des communications sur le réseau de la téléphonie mobile au Liban, tant en ce qui concerne le mouvement des appels téléphoniques que des messages SMS. La défense, rappelle-t-on, contestait le fait que le tribunal ait acquis ces informations directement auprès des deux opérateurs de téléphonie mobile au Liban. La décision dont le juge Re a donné lecture souligne que l'acquisition et l'utilisation de ces données dans le cadre du procès sont légales et ne constituent pas une atteinte aux droits de l'homme.

 

(Lire aussi : Hani Hammoud : Rafic Hariri était en faveur de la 1559 sans le dire)


Le tribunal a ensuite écouté le témoignage de M. Hani Hammoud qui a notamment exposé des faits précis qui illustrent le climat de menaces directes et d'intimidation que le régime syrien et le Hezbollah entretenaient dans leurs rapports avec Rafic Hariri afin de contraindre l'ancien Premier ministre assassiné de rester dans le giron du régime syrien. M. Hammoud a notamment indiqué sur ce plan que le 11 janvier 2005, feu Nassir el-Assaad, qui était chef du service de politique locale au quotidien el-Moustaqbal, est entré en contact par téléphone avec lui afin de demander un rendez-vous urgent avec Rafic Hariri. L'entrevue a eu lieu en fin de soirée. Nassir el-Assaad a rapporté, en présence de Hani Hammoud, la teneur d'un entretien qu'il avait eu la veille avec l'ancien député du Hezbollah Ibrahim Amine el-Sayyed qui lui avait tenu les propos suivants : « Votre ami a-t-il perdu la raison ? Rafic Hariri est-il devenu fou ? Ne sait-il pas que ces gens peuvent le tuer ? Que fait-il ? Il refuse leurs demandes au sujet des listes électorale et il s'emploie à s'allier avec l'opposition chrétienne ? »


M. Hammoud a indiqué à cet égard que Nassir el-Assaad avait été très perturbé par les propos du député hezbollahi, d'où son insistance à rencontrer Rafic Hariri pour lui rapporter la mise en garde d'Ibrahim Amine el-Sayyed. M. Hammoud a relevé sur ce plan que l'ancien Premier ministre avait accueilli cette mise en garde à la légère, soulignant qu'il s'agissait là d'une manœuvre d'intimidation visant à l'amener à donner une suite favorable aux demandes des dirigeants syriens qui voulaient que l'ancien Premier ministre inclue sur ses listes de candidats pour les élections législatives des personnalités alliées à Damas. S'adressant à Nassir el-Assaad, Rafic Hariri avait dit : « Nassir, soit raisonnable ; personne ne tue personne. S'ils s'en prennent à moi, ce sera un suicide pour eux. » Hani Hammoud a précisé, en réponse à une question, qu'il était clair, à son avis, que lorsque l'ancien Premier ministre a souligné que « s'ils s'en prennent à moi, ce sera un suicide pour eux », il pointait du doigt le régime syrien. « Pour Nassir el-Assaad, c'est du régime syrien qu'il s'agissait, a précisé M. Hammoud. Et pour Rafic Hariri, la petite phrase "ces gens-là tuent" se rapportait au régime syrien car cette allusion était liée au refus de Rafic Hariri de prendre sur ses listes des candidats prosyriens et à sa velléité de rejoindre l'opposition chrétienne (...) dans le cadre de la Rencontre du Bristol. »

 

(Pour mémoire : Joumblatt devant les juges : Le régime syrien a tué Hariri)

 

L'autre mise en garde de Hussein Khalil
Hani Hammoud a par ailleurs indiqué que le 4 février 2005, Nassir el-Assad est entré en contact avec lui pour l'informer qu'il venait d'avoir un entretien avec Hussein Khalil, le conseiller politique du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, et qu'il devait rencontrer en tout urgence Rafic Hariri. Celui-ci se trouvait toutefois à Paris. L'entrevue a donc eu lieu le 7 février en présence de M. Hammoud et de Georges Bkassini (actuellement directeur de la rédaction du quotidien al-Moustakbal). « Nassir el-Assad a rapporté alors à Rafic Hariri la teneur de son entretien avec Hussein Khalil qui avait dit :"Pour qui il se prend, Rafic Hariri ? Il dit non aux Syriens ? Sayyed Nasrallah n'est pas en mesure de dire non aux Syriens. Comment il leur refuse de faire élire des députés qui sont leurs alliés ? Comment prend-il l'initiative de s'allier à l'opposition chrétienne dans le cadre de la Rencontre du Bristol ?" Il s'agit des mêmes propos tenus deux ou trois semaines plus tôt par Ibrahim Amine el-Sayyed. »


M. Hammoud a souligné que quelques minutes après cette entrevue avec Nassir el-Assaad (le 7 février), Rafic Hariri a reçu Hussein Khalil à son bureau. Le lendemain, Nassir el-Assaad a rencontré à nouveau Rafic Hariri à qui il a demandé comment s'était déroulée la réunion avec Hussein Khalil, la veille au soir. « Le président Hariri a alors répondu à Nassir el-Assad : "Il a tenu les mêmes propos qu'il avait tenus devant toi, mais d'une façon polie." »

 

Le dialogue avec le Hezbollah
Hani Hammoud a ensuite évoqué le volet du dialogue de Rafic Hariri avec le Hezbollah, indiquant que ce dialogue est passé par deux étapes. La première, a-t-il précisé, est intervenue après le retrait israélien en l'an 2000. « Le président Hariri, a déclaré M. Hammoud, désirait convaincre le Hezbollah, par le dialogue, qu'avec la fin de l'occupation (israélienne), la résistance armée (du Hezbollah) n'avait plus sa raison d'être. Il voulait convaincre le Hezbollah de s'intégrer à l'État. La seconde étape du dialogue est intervenue en 2004-2005 lorsque Rafic Hariri espérait amener Hassan Nasrallah à convaincre Bachar el-Assad de l'inopportunité de la prorogation du mandat du président Émile Lahoud. En outre, après l'adoption de la résolution 1559, dont l'aboutissement devait être aux yeux de Rafic Hariri le retrait de l'armée syrienne du Liban, l'ancien Premier ministre voulait convaincre Hassan Nasrallah qu'un tel retrait ne serait pas une catastrophe pour le Hezbollah, mais une occasion pour le Liban. »


Par ailleurs, Hani Hammoud a indiqué que le régime syrien avait interdit à Rafic Hariri de fonder un parti ou de visiter certaines régions, de même qu'il lui avait interdit, après sa réunion en décembre 2003 avec Bachar el-Assad en présence de Ghazi Kanaan, Rustom Ghazalé et Mohammad Khallouf, d'organiser des meetings populaires, d'agréer des rassemblements devant sa résidence ou d'assister à la prière du vendredi dans une mosquée fréquentée par un grand public.
Enfin, M. Hammoud a souligné qu'il avait lui-même reçu des menaces directes des services syriens après le scandale de la banque al-Madina afin de le contraindre à étouffer l'affaire dans les médias relevant du courant du Futur.

 

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Au second jour de son témoignage devant le Tribunal spécial pour le Liban, à la Haye, M. Hani Hammoud, l'un des principaux proches conseillers de l'ancien Premier ministre assassiné Rafic Hariri, s'est livré à un véritable procès des pratiques syriennes au Liban avant 2005 et du comportement de Damas à l'égard de la classe politique libanaise. M. Hammoud a indiqué, à titre d'exemple,...

commentaires (2)

A-T-ON ENTENDU QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU... QUE NOUS NE CONNAISSONS PAS DÉJÀ, OU SUPPOSONS CONNAÎTRE... CAR NOUS NE VOYONS POINT DES INVESTIGATIONS DE SUPPOSITIONS ALTERNATIVES... JUSQU'AUJOURD'HUI DU TRAIN TSL ? ET LES MILLIARDS ROULENT... ET ROULENT... CONSTATEZ QUE JE SUIS POUR LA PUNITION DES CRIMINELS DE CET IGNOBLE ASSASSINAT DE FEU HARIRI...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 46, le 21 mai 2015

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Commentaires (2)

  • A-T-ON ENTENDU QUELQUE CHOSE DE NOUVEAU... QUE NOUS NE CONNAISSONS PAS DÉJÀ, OU SUPPOSONS CONNAÎTRE... CAR NOUS NE VOYONS POINT DES INVESTIGATIONS DE SUPPOSITIONS ALTERNATIVES... JUSQU'AUJOURD'HUI DU TRAIN TSL ? ET LES MILLIARDS ROULENT... ET ROULENT... CONSTATEZ QUE JE SUIS POUR LA PUNITION DES CRIMINELS DE CET IGNOBLE ASSASSINAT DE FEU HARIRI...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 46, le 21 mai 2015

  • Autrement dit, M Hani Hammoud, démasque devant le TSL les agissements des tenants de la tyrannie syrienne au Liban et la complicité avec celle-ci de hauts responsables du Hezbollah.

    Halim Abou Chacra

    06 h 23, le 21 mai 2015

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