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Culture - Théâtre

L’amour, « peut-être » soluble dans la vérité...

À l'affiche du théâtre Monnot jusqu'au 24 mai*, L'Illusion conjugale, une pièce contemporaine qui revisite un thème vieux comme le monde : l'infidélité. Avec assez de finesse, d'humour et de suspense pour ne pas verser dans le rabâché.

Entre Jeanne et Maxime, pas de larmoyants aveux mais une comptabilité des trahisons menée avec, apparemment, beaucoup de détachement. Photo David Hury

Jeanne et Maxime. Un couple comme tant d'autres. L'habitude qui s'installe au fil du temps. Un sentiment d'acquis qui engendre « peut-être » des envies d'aller voir ailleurs. Quelques coups de canif donnés « peut-être » au contrat. En sourdine. Et voilà que dans le confort ouaté de ce duo bourgeois, le doute qui s'est infiltré progressivement monte, s'installe, enfle jusqu'à crever la bulle de l'« illusion conjugale ».
À partir de là, sous prétexte d'une remise des compteurs à zéro, Jeanne et Maxime vont se livrer à un petit jeu. En lieu et place des classiques et larmoyants aveux d'adultère, ils « s'amuseront » à comptabiliser chacun ses petits écarts. 12 contre 1 ou contre 2 « peut-être ». Le score des infidélités avouées est largement inégal. Mais « peut-être » pas au détriment de celui ou de celle qui enregistre le chiffre le plus bas. Et si ces aveux « calculés » se révélaient plus pernicieux que prévu ?
Éric Assous, l'auteur de cette pièce, avait prévenu : « Il est toujours risqué, pour ne pas dire déconseillé, de prendre son conjoint pour confident. La sincérité comme base de l'harmonie du couple est un leurre. » Pour autant, rien n'est vraiment dit de manière directe dans ce subtil jeu de l'amour et de la conjugalité auquel se livrent trois personnages sur scène : Jeanne (Cécile Longé), Maxime (Joe Abi Aad) et Claude, l'ami du couple (Joe Toutounji). Un trio qui pourrait être celui du mari, de la femme et de l'amant, entre autres possibilités... Car voilà, toute la pièce repose sur les « peut-être », sur une trame entièrement tissée en demi-teintes, où les ambiguïtés des uns et des autres vont générer leurs lots de pressentiments, présomptions, soupçons et jalousies...

Molière du meilleur auteur 2010
Sur ce thème vieux comme l'institution du mariage, le dramaturge français Éric Assous a ciselé un texte piquant, aux dialogues à fleurets mouchetés, où finesse et humour se conjuguent pour délivrer autant de moments de rire que d'interrogations profondes sur la subtilité des êtres, les différentes conceptions de l'infidélité ou encore les liaisons dangereuses de l'amour et de la vérité. Une pièce qui lui avait valu en 2010 le Molière du meilleur auteur. Et qui avait donné l'envie à Joe Abi Aad, passionné de théâtre (qu'il pratique assidument depuis plus de 20 ans – il a été l'un des piliers des pièces de Nadine Mokdessi), de la jouer au Liban. Avec son copain des planches Joe Toutounji, également comédien amateur de longue date, et Cécile Longé, consule de France et comédienne aussi à ses heures perdues, il (re)forme, à Beyrouth, un trio calqué sur celui de la pièce parisienne.
Dirigés par Valérie Vincent, qui a signé une mise en scène d'une sobre efficacité, les trois acteurs amateurs tirent plutôt bien leur épingle du jeu. Même si celui de Jeanne (Cécile Longé) tout en sensibilité retenue (parfois trop même, pour les Méditerranéens que nous sommes) diffère du jeu plus en mode cocasse de Joe Abi Aad et de celui de Joe Toutounji aux attitudes et gestuelles très marquées Régis Laspalès. Mais au final, ce tempo à trois cadences donne aux 90 minutes de représentation un subtil équilibre entre gravité et légèreté. Et cela fait toute la saveur de cette (dés)illusion.
À signaler que les recettes des représentations iront au profit de l'Afel (Association du foyer de l'enfant libanais), de l'Irap (Institut de rééducation audiophonétique), de la Société française de bienfaisance et de l'association Langages et Expressions.

*Rue de l'église St-Joseph à 20h30. Avec deux séances supplémentaires à 17h les 23 et 24 mai. Billets en vente dans toutes les branches de la Librairie Antoine.

Jeanne et Maxime. Un couple comme tant d'autres. L'habitude qui s'installe au fil du temps. Un sentiment d'acquis qui engendre « peut-être » des envies d'aller voir ailleurs. Quelques coups de canif donnés « peut-être » au contrat. En sourdine. Et voilà que dans le confort ouaté de ce duo bourgeois, le doute qui s'est infiltré progressivement monte, s'installe, enfle...

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