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Moyen Orient et Monde

« Les principes du régime républicain fondé par Atatürk sont toujours valables », souligne l’ambassadeur de Turquie au Liban

L'ambassadeur de Turquie au Liban, Inan Özyildiz, répond aux questions de L'Orient-Le Jour sur le poids de l'héritage du kémalisme dans son pays :

Que représente aujourd'hui celui qui se faisait appeler le « Turc père », pour le peuple turc ?
Mustafa Kemal Atatürk est le fondateur de la République de Turquie. Il n'a pas seulement joué un rôle déterminant comme le commandant des forces turques qui ont combattu les forces d'occupation pendant la guerre d'indépendance entre 1919-1922, mais il a aussi créé un nouvel État-nation et une nouvelle nation turque moderne, sur les cendres d'un empire multiethnique et théocratique, écroulé et démantelé.
Il a en outre posé les principes fondamentaux de la nouvelle République et les premières pierres d'un régime républicain, et a ouvert la voie à une évolution démocratique. La Turquie aujourd'hui se base toujours sur ces principes fondamentaux et les réformes qu'il a réalisées.
À mon avis, ce qui fait qu'Atatürk, ce grand leader décédé en 1938 et toujours respecté par les Turcs ainsi que par les autres nations, reste notre contemporain, c'est son côté visionnaire, illuminé, intellectuel et moderne, et sa philosophie enracinée dans une étude approfondie de la pensée du siècle des Lumières.
Malgré le fait qu'il a mené une guerre d'indépendance contre les pays européens qui avaient envahi une grande partie du territoire turc, il n'a pas hésité, après la victoire et la libération de la patrie, à revendiquer une place pour cette République jeune au sein de la famille des nations occidentales. La Turquie a vite pris sa place dans la Société des Nations, signé des accords et noué des alliances avec ses voisins. Avec ses réformes, comme le régime républicain, la laïcité, le système d'éducation à l'occidentale, le code civil, ou bien les réformes comme l'adoption de l'alphabet latin, de la tenue européenne, du calendrier grégorien, de l'égalité entre hommes et femmes, il a su transformer une société rurale, analphabète en grande majorité, déprimée par les guerres successives, en une société moderne, ouverte à toutes sortes de développement. Sa philosophie politique et ses tentatives pour introduire le multipartisme ont fourni les bases et l'élan d'une transformation démocratique dans les décennies qui ont succédé à sa mort.

L'unanimité en Turquie autour de ce personnage est-elle en train de s'écorner ? Comment expliquer ce phénomène ?
Soixante-dix-sept ans après sa mort, Atatürk, avec ses pensées et ses réformes, est toujours d'actualité. L'État et la République qu'il a fondés sont plus forts que jamais. Les principes fondamentaux sont toujours valides. Et plus le temps passe, plus on comprend mieux sa vision et son héritage. Surtout que lorsqu'on regarde ce qui se passe dans notre région, on peut d'autant mieux estimer la valeur et les dimensions de ses réformes. Malgré les débats quotidiens autour de sa personnalité ou son œuvre, sa mémoire n'a pas été ternie. Il est toujours respecté par la grande majorité de la société turque, comme le fondateur de la Turquie, un génie militaire victorieux, un grand réformateur, ainsi qu'un leader visionnaire et civilisateur. La Turquie, qui connaît aujourd'hui des succès très importants dans les domaines de la démocratisation, du développement économique, de l'intégration avec le monde, et l'Europe en particulier, lui doit énormément car les bases solides qu'il a fondées et l'orientation qu'il a donnée au pays sont toujours présentes.

Le président Erdogan fait souvent référence à Mustafa Kemal Atatürk dans ses discours. En quoi sa politique est-elle l'héritière du kémalisme malgré tout ce qui les sépare ?
Comme je viens de le dire, les principes du régime républicain fondé par Atatürk sont toujours valables. Ils sont d'ailleurs cités dans la Constitution turque. La vision formulée par Atatürk pour une nouvelle nation turque, ouverte au progrès, n'a pas changé. La nation turque aujourd'hui jouit d'une stabilité et d'une démocratie moderne qui se sont renforcées dans le sillage de ses réformes et de ses pensées. La modernisation turque, qui date du début du XIXe siècle, a pris sa forme actuelle avec les réformes d'Atatürk.

L'ambassadeur de Turquie au Liban, Inan Özyildiz, répond aux questions de L'Orient-Le Jour sur le poids de l'héritage du kémalisme dans son pays :
Que représente aujourd'hui celui qui se faisait appeler le « Turc père », pour le peuple turc ?Mustafa Kemal Atatürk est le fondateur de la République de Turquie. Il n'a pas seulement joué un rôle déterminant comme le commandant des...

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