Barack Obama a loué mercredi la solidité des liens entre les États-Unis et l'Arabie saoudite au moment où Washington tente de rassurer les monarchies du Golfe face aux activités "déstabilisatrices" de l'Iran dans la région.
En l'absence du roi Salmane d'Arabie saoudite, qui a décliné au dernier moment l'invitation de la Maison Blanche, le président américain a reçu dans le Bureau ovale le prince héritier Mohammed ben Nayef, ainsi que le fils du roi et ministre de la Défense, le prince Mohammed ben Salmane. "Les États-Unis et l'Arabie saoudite sont unis par une amitié extraordinaire et une relation qui remonte à Franklin Roosevelt et au roi Fayçal", a-t-il fait valoir. Mettant en exergue le coopération dans la lutte anti-terroriste, "cruciale pour la stabilité de la région mais aussi pour la sécurité des Américains", il a souligné le rôle central joué par Riyad dans la lutte contre le groupe État islamique, qui a proclamé un "califat" sur les territoires conquis en Irak et en Syrie.
Cette rencontre intervient quelques heures après l'entrée en vigueur au Yémen d'une trêve humanitaire censée mettre fin à sept semaines de raids aériens menés par Riyad pour stopper l'avancée des rebelles Houthis soutenus par l'Iran. Évoquant ce dossier source de vives tensions dans la région, M. Obama a appelé à "bâtir sur le cessez-le-feu" pour restaurer un processus permettant la mise en place d'un gouvernement représentatif au Yémen.
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Profondément inquiets
Après un dîner mercredi soir à la Maison Blanche, le président américain et les dirigeants des six pays membres du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Émirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar) se retrouveront jeudi dans la résidence présidentielle de Camp David, à un centaine de kilomètres au nord de la capitale fédérale.
Dans un entretien publié dans le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat, M. Obama s'est aussi employé à rassurer ses invités: si les États-Unis négocient avec l'Iran sur son programme nucléaire, ils ne baissent pas pour autant la garde face à la République islamique, a-t-il martelé. "Les pays dans la région ont raison d'être profondément inquiets des activités de l'Iran, particulièrement son soutien à des groupes violents à l'intérieur des frontières d'autres pays", a souligné le président américain.
Énumérant les pays dans lesquels Téhéran est impliqué - soutien au régime Assad en Syrie, au Hezbollah au Liban, au Hamas dans la bande de Gaza ou encore aux Houthis au Yémen - M. Obama s'est appuyé sur ce constat pour défendre les négociations engagées sur le nucléaire. "Nous pouvons imaginer combien l'Iran pourrait être encore plus provocateur s'il disposait de l'arme atomique", souligne-t-il. "C'est l'une des raisons pour lesquelles l'accord auquel nous souhaitons aboutir est si important: en empêchant que l'Iran ne se dote de la bombe atomique, on supprimerait l'une des principales menaces à la sécurité de cette région".
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'Manque de confiance'
Après l'accord-cadre conclu début avril à Lausanne, en Suisse, entre les grandes puissances du groupe 5+1 (Chine, États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) et l'Iran, l'objectif affiché est d'aboutir à un accord définitif avant le 1er juillet.
Au-delà de la crainte que Téhéran ne se dote in fine de la bombe atomique tout en ayant obtenu la levée des sanctions qui étranglent son économie, les monarchies du Golfe ont aussi le sentiment d'un désengagement américain.
Rappelant que des milliers de militaires américains sont présents dans la région et que de nombreux exercices communs y sont menés chaque année, M. Obama assure qu'il ne devrait y avoir "aucun doute" sur l'engagement des États-Unis en faveur de ses "partenaires" du CCG. Pour Bruce Riedel, ancien conseiller de Bill Clinton sur le Moyen-Orient, l'absence du roi Salmane, "message très clair et délibéré" de l'Arabie saoudite à l'administration Obama, incite cependant à ne pas s'attendre à des avancées majeures lors du sommet de Camp David jeudi. "Les Saoudiens n'étaient pas très enthousiastes (sur ce sommet) dès le départ", explique l'expert de la Brookings Institution à l'AFP. "Au fur et à mesure que la date s'est rapprochée, ils ont senti qu'il n'y aurait pas de propositions véritablement concrètes".
Le sénateur républicain John McCain voit lui dans cette absence de taille "un indicateur du manque de confiance" de Riyad et des autres monarchies envers le président américain.
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08 h 47, le 14 mai 2015