Rechercher
Rechercher

Culture - Expositions

Nihad al-Turk, par-delà le bien et le mal

En toute placidité et impunité, voilà des visages, objet de quête existentielle, aux regards froids. Des regards qui scrutent et scannent à la galerie Ayyam.
Un monde plus sombre que lumineux. Entre sourire et larmes, l'Aleppin Nihad al-Turk, avec de l'encre sur papier Canson et des gribouillis de bic rouge et noir, fait des dessins étranges, foloniens. Dix dessins sur papier (mais en fait l'artiste autodidacte en a signé 35, qui ne sont pas tous exposés aux cimaises de la galerie Ayyam) pour des têtes de femmes et d'hommes entre enfance et âge adulte. Touffe de cheveux, nattes de petite fille, crâne rasé à la Tarass Boulba, regard en visière de casque, traits robotiques (avec sourire, lèvres gommées ou bouches cousues), ces visages, à la fois inquiétants et caricaturaux, ont une éloquence particulière. Surtout avec cette allure de boule gonflée, de ballon grossi à la loupe... Avec des doigts levés en V de la victoire, des frêles oisillons posés sur l'index ou les épaules comme perchés sur une branche d'arbre, ces visages expressifs, comme échappés à un asile ou une geôle, mangent tout l'espace du tableau.
Des silhouettes avec une singulière luminescence semblent venir, comme E.T., d'une autre planète. On peut aussi les associer à un masque de fer ou des masques de tragédies antiques de Sophocle, Eschyle ou Euripide. Pourquoi pas une robotique venue de l'univers des Guerres des deux mondes de George Orwell ? Mais on ne peut nier leur humanité car ils expriment une douleur de vivre, des cris tus ou bâillonnés, des rires contagieux, une tendresse communicative. Bref, une palette d'émotions parfaitement perceptibles comme ces prisonniers enchaînés qui ne peuvent tout dire mais dont le regard, encore ardent d'espoir et de vie, trahit une intériorité frémissante.
Dessins allégoriques, allusifs, faussement monstrueux dans leur naïveté ou candeur car parfois amputés du don de la parole avec des bouches cadenassées. Ils portent comme une blessure ouverte les stigmates de la guerre d'un artiste syrien marqué par les violences et installé aujourd'hui à Beyrouth, à l'instar de nombreux compatriotes.
En petites touches patientes et nerveuses, en gestes saccadés et libératoires, ces visages, par-delà toute notion de bien ou de mal, émergent de l'ombre et racontent tout haut leur drame, leur besoin et leur soif de liberté.

*L'exposition « Dessins sur papier » de Nihad al-Turk à la Galerie Ayyam (rue Zeitouné) se prolongera jusqu'au 28 mai courant.

En toute placidité et impunité, voilà des visages, objet de quête existentielle, aux regards froids. Des regards qui scrutent et scannent à la galerie Ayyam.Un monde plus sombre que lumineux. Entre sourire et larmes, l'Aleppin Nihad al-Turk, avec de l'encre sur papier Canson et des gribouillis de bic rouge et noir, fait des dessins étranges, foloniens. Dix dessins sur papier (mais en fait...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut