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Culture - Exposition

Le dépouillement raffiné des images de Franck Christen

Simplicité, élégance et efficacité, trois vertus capitales pour les dix-sept photographies relativement grand format de Franck Christen, sous le titre « Undercover », à la galerie Tanit-Naila Kettaneh-Kunigk. Une signature visuelle alliant grâce, intensité et netteté.

Né à Mulhouse mais vivant à Bruxelles, à quarante-quatre ans, Franck Christen a déjà plus de huit expositions personnelles et de multiples shows en groupe. Un parcours qui, en plus d'un indéniable talent, l'a propulsé au premier rang des artistes photographes dont la signature et l'inspiration sont ardemment attendues par le public.
Aujourd'hui, pour son étape beyrouthine, il offre cette originale et lumineuse palette d'images où, de la vitrine d'un magasin (Comme des garçons !) de Tokyo à un hibou aux aguets comme un shérif, en passant par les montagnes de la Suisse et la mer d'huile aux tons à la fois nacrés et laiteux des côtes de notre capitale, le chasseur d'instantanés se joue des apparences. Avec virtuosité. Celle d'un voyageur esthète, d'un auteur de « haïku », concis et essentiel. Une poésie certainement qui nimbe ces images qui créent une narration singulière, à la fois distante, détachée mais si présente, si jalouse de préserver la quintessence des êtres et des objets.


Disposition soignée de ces photographies, comme une mise en scène élaborée et réfléchie (c'est bien d'une mise en place qu'il s'agit) pour une ronde où la caméra fait des étincelles. Tout d'abord ces images, jaillies d'une culture variée, superposées en un même espace pour un tour du monde et du temps. Tant il est vrai que Christen est bien un portraitiste du monde...
Des yeux creusés en lumignons, coupures de presse, vedettes saisies sur le vif (Marlène Dietrich, Andy Warhol...), pin-up, t-shirts de sportifs émérites, un mélange curieux et prenant, tel un tableau baroque, onirique, pour cette devanture qui se transforme en un authentique œil magique, un limonaire laissant échapper une musique des quatre points cardinaux...


Rigueur classique dans ce travail fignolé avec finesse, délicatesse mais aussi présence de toute évidence d'un certain art japonisant. Ces radis trempés dans l'eau aux filaments étoilés comme des cheveux d'ange, tels un ectoplasme indéchiffrable, en sont une illustration vivante. Tout comme ce paysage grandiose et serein du cours d'une rivière aux eaux verdâtres reflétant de lourdes frondaisons statiques comme un pan de montagne taillé dans une masse compacte de branches et de feuilles d'arbre...
Ou cette tête de poisson, à la bouche grande ouverte, au regard rond, étouffé dans son nylon qu'on prendrait pour une nature morte de la Renaissance... Ou cette forêt de bambous qui a toutes les allures d'une estampe échappée aux mains des porteurs de calame du pays du Soleil-Levant. Plus surréaliste est ce stock de bustes en plâtre gisant au coin d'un grenier qui n'est pas sans rappeler un bout de l'imaginaire de Chirico ou Delvaux.
Nourries d'un certain esprit de l'absurde métissé d'un brin d'humour ou d'ironie, pour une fantaisie non dénuée de charmante insolence, cette œuvre a plus d'une référence, plus d'un concept. En un tournemain ubuesque, elle se joue des poses, du cadre, du format à travers plus d'un pôle et d'un dialogue dans l'espace.

*L'exposition « Undercover » des photographies de Franck Christen se prolonge à la galerie Tanit-Naila Kettaneh-Kunigk (Mar Mikhaël) jusqu'au 29 mai 2015.

 

Un hibou nommé Frank

 

 

On revient à ce hibou capté dans l'œil d'une caméra qui ne laisse rien au hasard. Le hibou, symbole de sagesse ou de malheur, est ici tel un gendarme en faction, un policier justicier bombant le torse et que l'artiste, un peu pince-sans-rire, prénomme Portos. Probablement pour son aspect imperceptiblement ventru, à la fois belliqueux et débonnaire. Il est drôle et inquiétant avec ses serres ferrées, son œil jaune perçant et son plumage ramagé de blanc. Mais c'est surtout d'un regard de lucidité et de clairvoyance qu'il s'agit. Tout comme l'œil de la caméra de Franck Christen qui ne flirte ni avec les fioritures ni le superficiel, c'est un regard direct, intense : il ne s'embarrasse d'aucune dérive, il fonce droit et efficace comme un épervier sur sa proie...

Né à Mulhouse mais vivant à Bruxelles, à quarante-quatre ans, Franck Christen a déjà plus de huit expositions personnelles et de multiples shows en groupe. Un parcours qui, en plus d'un indéniable talent, l'a propulsé au premier rang des artistes photographes dont la signature et l'inspiration sont ardemment attendues par le public.Aujourd'hui, pour son étape beyrouthine, il...

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