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Liban - Société

Toujours trop d’enfants victimes d’abus sexuels, accuse Himaya

Un total de 711 cas d'abus de mineurs ont été traités en 2014 par l'association Himaya pour l'innocence en danger. Ce chiffre, qui ne montre que le sommet de l'iceberg, serait sous-estimé en raison de la loi du silence et le tabou entourant les violences sexuelles.

Le Mois international de prévention contre l'abus de l'enfant met en évidence le problème des violences envers les plus petits ainsi que la nécessité d'intervenir de toute urgence par la mise en place et la diffusion d'une politique de prévention. À cette occasion, l'association Himaya révèle, pour la seule année 2014, un total de 711 cas d'abus signalés, dont plus de 50 % estimés à « haut risque ».


Un chiffre alarmant, puisqu'il ne s'agit ici que des cas identifiés par Himaya. « Par combien doit-on alors les multiplier si nous prenons en compte les chiffres des autres ONG et ceux des ministères concernés ? »,
souligne Lama Yazbeck, directrice exécutive de l'association. Elle relève que les cas de maltraitance ont été souvent détectés par un membre de la famille de la victime, ou par les acteurs locaux et internationaux qui travaillent dans le domaine de la protection de l'enfance. Toutefois, pour diverses raisons, dont les plus fréquentes sont la culpabilité, l'impuissance et la honte, qui viennent s'ajouter à la peur de la réaction des proches et aux menaces de l'auteur de l'abus, « les violences sexuelles, aussi bien chez les filles que chez les garçons, sont masquées dans plus de 70 % de cas, et n'apparaissent que lors du suivi psychosocial ».
À l'instar de la campagne menée en 2011, l'association Himaya lance, sur deux ans, une série d'actions et d'activités pour sensibiliser le grand public à cette question en l'incitant à rompre avec cette culture du silence qui entraîne chez l'enfant un préjudice physique ou affectif grave, parfois irrémédiable. En parallèle, des sessions de prévention dans les écoles ou au sein d'établissements partenaires permettent aux enfants d'acquérir des compétences et des réflexes qui les protégeront contre l'abus sexuel. « Nous les encourageons à dénoncer les injustices de la situation dans laquelle ils vivent, à exprimer leur souffrance, à chercher à se faire aider, à être confiants dans la loi libanaise. »

 

(Lire aussi : Les enfants de migrants victimes, au quotidien, de discrimination et d'abus)

 

Protection juridique assurée
Lama Yazbeck indique, par ailleurs, qu'une étude a montré que « le dénigrement, la discrimination des genres, le chantage affectif, la non-distinction entre autorité et force, entre amour et crainte, et tant d'autres amalgames, ont parfois conduit les victimes à s'approprier ces manières d'être, comme pour ne pas trahir leurs proches, et ce jusqu'au risque de s'identifier à l'agresseur, à ses comportements et à ses modes de fonctionnement ».
Elle ajoute : « Ce mois doit être celui où nous redoublons d'effort et de rigueur dans nos actions pour inviter les citoyens et les acteurs de la société civile à s'informer et à s'engager d'avantage dans l'appropriation des compétences et des ressources nécessaires pour l'émancipation de notre jeunesse et sa protection. La participation de chacun de nous est essentielle dans cette tâche colossale. » Elle fait observer que grâce à une combinaison de certains facteurs de protection, comme le soutien familial, la reconnaissance et l'affection dont le rôle est crucial, les enfants résilients réussissent à bien s'adapter malgré les traumatismes et les événements stressants.

 

(Lire aussi : Les enfants... ces victimes oubliées de la violence domestique)


Elle rappelle, d'autre part, qu'une enquête approfondie et adaptée à chaque situation est menée par les assistantes sociales de Himaya, qui travaillent en étroite coordination avec les psychologues. Une fois les enquêtes et les entretiens préliminaires effectués, c'est un accompagnement psychosocial individualisé qui est mis en place, contribuant à munir ces enfants d'outils d'autoprotection et d'autonomie, et à renforcer leurs capacités de résilience pour qu'ils puissent se projeter positivement dans l'avenir.
Pour les cas jugés « niveau de risque élevé », les équipes de Himaya implantées dans toutes les régions libanaises, à l'exception du Sud-Liban, entreprennent les mesures juridiques auprès des juges des mineurs et les ministères concernés pour établir « un dossier de protection ». Pour conclure, Lama Yazbeck tient à remercier « tous ceux et toutes celles qui nous soutiennent, les parents qui décident de s'engager dans un vrai travail de remise en question, les volontaires et les partenaires pour leur dévouement continuel, leur temps de qualité et leurs généreuses contributions. Notre travail dépend initialement de leur soutien. Cette campagne, qui va s'étaler sur les deux années à venir, ne serait ni possible ni efficace s'ils n'y étaient pas associés ».

 

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