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Liban - Tribune

Le dilemme chrétien

Il n'est pas facile par les temps qui courent d'être citoyen du Moyen-Orient, encore moins chrétien de la région. Beaucoup d'interrogations et d'inquiétudes préoccupent cette minorité : danger existentiel représenté par Daech, impuissance face au conflit sunnito-chiite, et problème structurel quant au rôle et la place à occuper sur l'échiquier politique.
Face à une telle situation, l'attitude chrétienne oscille entre la peur, l'incapacité et la persévérance à croire en un futur dans cette partie du monde.
Si la menace de Daech n'est pas exclusive aux chrétiens, ses conséquences sont pour autant plus graves quand il s'agit d'eux. L'invasion des régions chrétiennes en Irak et en Syrie provoqua un dépeuplement qui, compte tenu des séquelles psychologiques et socio-économiques, sera en grande partie irréversible. La montée en puissance de l'extrémisme et son enracinement durable en concomitance avec le conflit régional confessionnel appelé à durer sont suffisants pour faire perdre aux chrétiens une foi déjà très vulnérable en un avenir pour leurs enfants dans ces régions. D'autant que leur présence marginale politiquement et militairement dans ces pays en fit une proie très facile et ne suscita aucun intérêt ou soutien international comme ce fut le cas pour la minorité kurde à titre comparatif.


Seule petite exception à ce tableau, les chrétiens du Liban qui par leur présence effective dans l'armée à tous les niveaux y compris au sein du commandement se sentent toujours comaîtres de leur destin dans cette guerre contre Daech aux frontières et ne partagent pas jusqu'à nouvel ordre ce sentiment d'impuissance et de désespoir dont souffrent leurs coreligionnaires d'Orient.


La deuxième problématique à laquelle font face les chrétiens est leur importance inversement proportionnelle à l'ampleur du conflit sunnito-chiite dans la région. Plus ce conflit se généralise et s'élargit sous forme de lutte d'influence et de guerre régionale où armes, combattants et dollars s'entremêlent à grande échelle, plus les chrétiens en baisse démographique vertigineuse, sans support financier et depuis longtemps non armés, se retrouvent affaiblis et dépourvus de moyens pour avoir la moindre influence sur le cours des événements. Pire, ils perdent tout intérêt aux yeux des deux pôles régionaux et des puissances internationales qui ne leur trouvent aucune place ou rôle dans leur dispositif à ce niveau du conflit.


L'exception libanaise reste partiellement de rigueur. Dans un pays où l'équilibre est presque parfait entre sunnites et chiites, la présence chrétienne reste relativement importante pour les deux camps antagonistes mais – il est utile de le préciser – dans la limite du jeu de pouvoir interne qu'ils se livrent. Une dégradation régionale sunnito-chiite avec répercussion directe sur la scène libanaise remettrait les chrétiens sur le banc des spectateurs. La confrontation en Syrie en est un bon exemple.


Néanmoins, en temps d'accalmie ou de trêve régionale, le rôle des chrétiens se réactive systématiquement. Le jeu d'équilibre de forces dans les institutions nécessite des alliances où les chrétiens trouvent leur place entière. Plus important est l'apport à la stabilité que les chrétiens assurent à travers l'amortissement de la friction sunnito-chiite qui trouve dans la scène chrétienne, caractérisée surtout par son dynamisme électoral et sa pluralité, un moyen de diffusion de la tension politique et de prévention contre la discorde confessionnelle.
Partant, les chrétiens libanais sont appelés à intégrer tous ces paramètres dans leur stratégie et leurs objectifs, à commencer par l'échéance présidentielle. Éviter le sort des autres chrétiens d'Orient en voie de disparition et assurer leur pérennité au Liban passent par « leur droit à l'autodétermination », à savoir le degré de leur contribution aux décisions dans ce pays. Le débat autour de la présidentielle doit, avant tout, apporter des réponses convaincantes pour résoudre ce dilemme.

 

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commentaires (4)

Avant de vouloir nous expliquer le dilemme chretien ALLEZ VOTER JUSTEMENT POUR LE SEUL PREDIDENT CHRETIEN AU MO ... Et apres on verra sur kel président chretien vous allez mettre votre poids et apres seulement apres vous pouvez nous informer sur votre vision des CHRETIEN du Liban !!

Bery tus

20 h 14, le 15 avril 2015

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Commentaires (4)

  • Avant de vouloir nous expliquer le dilemme chretien ALLEZ VOTER JUSTEMENT POUR LE SEUL PREDIDENT CHRETIEN AU MO ... Et apres on verra sur kel président chretien vous allez mettre votre poids et apres seulement apres vous pouvez nous informer sur votre vision des CHRETIEN du Liban !!

    Bery tus

    20 h 14, le 15 avril 2015

  • LES CHRÉTIENS LIBANAIS SONT LES PLUS EXPOSÉS À CAUSE DE L'IDIOTIE QUI FRAPPE CERTAINS D'EUX... ET LA NULLITÉ CERTAINS AUTRES... LES EXEMPLES AMERS SE MULTUPLIENT MAIS LE SOMMEIL PROFOND LES EMPÊCHE D'EN SAISIR LE SENS !!!

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 04, le 15 avril 2015

  • Au lieu de disserter de politique et de discourir sur des sujets ressassés et remâchés prenant les gens pour des débiles, il ferait mieux d'aller, avec ou sans son foulard orange, au Parlement pour élire le Président de la République.

    Un Libanais

    14 h 01, le 15 avril 2015

  • Alain, vous dites: "plus les chrétiens en baisse démographique vertigineuse, sans support financier et depuis longtemps non armés, se retrouvent affaiblis et dépourvus de moyens pour avoir la moindre influence sur le cours des événements. Pire, ils perdent tout intérêt aux yeux des deux pôles régionaux et des puissances internationales" Non, Alain, les chretiens ne sont pas sans support financier et ne l'ont jamais ete. En fait ce sont les banquiers et les entrepreneurs chretiens qui ont probablement le plus profite des politiques financiere et fiscale erronees des 2 dernieres decades.Mais, a l'instar des politiciens, ils refusent de mettre leur fortune au service de la cause nationale, autrement ce pays n'aurait pas ete dans la m ou il croupit a l'heure actuelle.Il y a un moyen de s'en sortir, mais ceci implique quelques sacrifices que ni les chretiens, ni les autres ne sont disposes a faire, d'ou notre dilemne actuel.

    George Sabat

    10 h 16, le 15 avril 2015

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