À son retour d'une récente tournée au Canada où il a rencontré des membres de la diaspora libanaise à Ottawa, Toronto et Montréal, le député Alain Aoun, membre du Courant patriotique libre (CPL), affirme revenir de son voyage avec une impression très positive. « Les Libanais au Canada restent proches de l'actualité libanaise, souligne-t-il. Ils vivent toujours en communauté là-bas, peut-être parce qu'ils sont de la première génération d'émigrants. Ils sont assoiffés de nouvelles du Liban et de contacts avec leur pays d'origine. »
« Le défi, poursuit-il, c'est de pouvoir transmettre cette réalité à la nouvelle génération. Le deuxième défi majeur est l'intégration dans la société canadienne, surtout depuis la résurgence de l'inquiétude provoquée par la montée de l'extrémisme, et les amalgames qui peuvent nuire aux Libanais dans les sociétés occidentales, notamment les musulmans parmi eux. L'une des responsabilités de la communauté libanaise au Canada est de réussir son intégration, ce qui est déjà le cas. D'autant plus que nul autant que les Libanais n'a la même expérience de cohabitation confessionnelle. » Il souligne que la question du vote dans les pays de l'émigration – qui n'est pas encore possible jusqu'à ce jour – a été soulevée avec les Libanais rencontrés au Canada.
Les entretiens du député ne se sont pas limités aux membres de la diaspora, mais ont inclus également des parlementaires canadiens. « Nous avons discuté de l'engagement du Canada dans la coalition contre le groupe État islamique, précise-t-il. Il est important pour nous d'expliquer ce que représente la menace de Daech dans la région, et particulièrement au Liban. Nous insistons sur la nécessité de soutenir ceux qui combattent ce groupe jihadiste en première ligne, notamment l'armée libanaise. Le soutien des États-Unis, du Canada et de l'Europe à l'armée doit être, selon nous, concret et de qualité. » M. Aoun souligne qu'il avait déjà abordé ce sujet avec les autorités américaines, lors d'une tournée aux États-Unis.
Les négociations avec les Iraniens
À la question de savoir si l'alliance du CPL avec le Hezbollah a été évoquée au cours de sa visite, Alain Aoun affirme que « ce n'est pas une question qui a souvent été soulevée durant les entretiens que j'ai eus, que ce soit aux États-Unis ou au Canada ». « Aujourd'hui, poursuit-il, les préoccupations occidentales sont différentes. L'instabilité généralisée dans la région les inquiète, instabilité à laquelle est venue s'ajouter, depuis mes voyages, la crise au Yémen. Il y a la montée en puissance de Daech, la guerre en Syrie... La priorité des priorités, comme j'ai pu le constater lors de mes entretiens avec l'administration américaine ou aux Nations unies, ce sont les négociations avec l'Iran au sujet du nucléaire. Il s'agit de l'un des développements majeurs qui, sans aucun doute, pourrait ouvrir la voie à des compromis et des solutions. »
La présidentielle
La vacance présidentielle connaîtra-t-elle une issue prochaine, selon lui ? En a-t-il discuté au cours de ses entretiens ? « Je pense qu'il ne faut pas s'attendre à une quelconque intervention étrangère dans ce dossier, répond-il. D'une part, les acteurs régionaux ont d'autres préoccupations et priorités. D'autre part, le blocage interne au Liban reste d'actualité. »
Selon lui, les derniers bouleversements au Yémen vont compliquer encore davantage la situation régionale et retarder d'autant l'échéance présidentielle qui doit faire l'objet d'un compromis. Nous sommes donc toujours tributaires de l'étranger pour nos échéances internes... « Nous avons choisi de l'être, répond Alain Aoun. À mon sens, nous vivons une contradiction : nous avons raté une chance de régler le problème entre nous. » « De ce fait, poursuit-il, nous sommes de nouveau à la merci des puissances régionales, le Liban étant l'une des scènes où a lieu cette lutte d'influence entre les grands axes régionaux. »
« Si jamais le dialogue interchrétien entre le CPL et les Forces libanaises (FL) aboutit à une position commune sur la présidence, ce serait une des voies internes qui pourraient changer la donne, en mettant un élément nouveau sur la table », estime-t-il toutefois. « Pour notre part, nous pensons qu'en vue d'assurer la stabilité du Liban, nous devons renforcer l'équilibre au sein des institutions entre les composantes du pays, ajoute-t-il. Il faut, pour cela, retrouver un rôle chrétien essentiel sur la scène interne, ce qui passe nécessairement par la présidence de la République. »
Ramener le Liban à la normalité
Que faudrait-il attendre du document commun avec les FL qui doit paraître bientôt ? « Le document est la base d'un accord auquel on aboutirait ultérieurement, explique Alain Aoun. On ne peut conclure un accord sur la présidentielle sans qu'il ne soit fondé sur une assise politique, un terrain d'entente commun. Une fois cette étape franchie, et elle devrait l'être très bientôt, nous passerons à la discussion d'un accord sur l'élection présidentielle, étape qui nécessitera de prendre position. Nous discuterons, à ce niveau, de la forme de partenariat au cas où un accord est trouvé sur la présidence. »
Interrogé sur d'éventuelles craintes sécuritaires et tensions sunnito-chiites qui se répercuteraient sur le Liban, M. Aoun estime que « malgré toute la virulence des propos tenus de part et d'autre, les deux parties insistent toujours sur le dialogue ». « À mon avis, la volonté de maintenir le Liban à l'écart des grands conflits régionaux – une volonté internationale, régionale et locale – est toujours d'actualité, dit-il. Elle survivra aux derniers développements au Yémen, après avoir survécu aux rebondissements de la guerre en Syrie. Dans le contexte régional actuel, c'est une chance que le Liban puisse jouir d'un minimum de stabilité. Il ne faut pas s'endormir pour autant, mais en profiter pour mener à bien l'échéance présidentielle et ramener le pays vers une sorte de normalité. »
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commentaires (9)
c'est un COMBLE qu'il dise ca, surtout apres la declaration bienvenue du patriarche raiie !! en tt cas, c'est la 2 eme personnes qui regrette ces action tout comme une certaine personne avait dit le fameux: " SI J'AVAIS SU" haha
Bery tus
20 h 31, le 08 avril 2015