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Culture - Installation

Ceci n’est pas un film

Fouiller et creuser dans l'image pour en ressortir avec du (re)nouveau, voilà ce que propose Julien Maire dans son installation présentée dans le cadre du festival Bipod.

Ses outils sont des fraiseuses CNC, des découpeuses laser, optique de précision et, nouvelles recrues, des imprimantes 3D. Son lieu d'exploration est le FabLab.iMal où il a installé son atelier de travail dont il est l'un des responsables après y avoir été en résidence permanente en 2004, 2010 et 2012. Julien Maire est un artiste nouveaux médias, diplômé de l'Académie des beaux-arts de Metz, auteur d'œuvres contemporaines telles que Exploding Camera, Low Res Cinema et Demi-Pas, et qui travaille depuis dix ans sur le croisement de plusieurs disciplines hybrides. Pour comprendre ce que fait Julien Maire, il faudrait revenir à la case départ, puis suivre le cheminement de l'exposition.

L'archéologie des médias
L'archéologie des médias est une école de penseurs qui ont élaboré cette science nouvelle pour réfléchir sur l'histoire des médias et comprendre comment ils ont changé notre perception de la vie. « Comme un retour sur la lanterne magique et les principes cinématographiques. On ne peut considérer la vie sans l'appréciation de l'image et du cinéma. Cela influence trop notre quotidien pour ne pas le considérer comme un vrai élément historique. »

Matériel/ immatériel
Trois performances visuelles se déploient à la salle Noha el-Radi du Madina. Man at work est comme un film en 3D, mais sans... le film. L'artiste bricoleur a modélisé 85 figurines décomposant le mouvement d'un homme creusant un trou, puis les a matérialisées une à une avec une imprimante 3D selon le procédé de la stéréolithographie. Pour Julien Maire, la projection est liée à la matérialité. L'artiste décrit un cinéma en relief puisque l'image n'est pas véritablement une image mais un volume transparent. Il s'y dégage donc une impression de flou et de net qui crée cette profondeur de champ. Il était essentiel de déconstruire cette idée reçue – que les machines font tout le travail – et de montrer ce rapport à la terre et à une action manuelle et physique. « Ce bonhomme qui creuse, c'est mon premier travail avec l'imprimante 3D (conçue par Form Lab). Je suis un peu spécialisé dans la fabrication digitale et il y a deux types de technologies additives et soustractives, c'est un peu une ironie que de présenter un homme au travail qui creuse parce qu'il y a une technologie soustractive d'un côté et additive de l'autre. L'impression 3D est une impression additive. Ce type de projection est en rapport avec la matière. »
Dans une toute autre performance développée à Honk Kong, c'est l'idée de l'homme statique qui prévaut. L'artiste est assis alors que tout le décor se construit autour de lui automatiquement comme sorti par magie d'une boîte. Ces systèmes copient la facilité de ce qui se passe à l'intérieur d'une image et des systèmes informatiques. C'est donc mécaniquement que Julien Maire reproduit ces effets avec des propriétés intrinsèques aux images de synthèse.

Compression/décompression
C'est la troisième performance qui traduit le principe de compression/décompression. Les structures qu'il compose lui-même, qu'il fabrique mécaniquement et qu'il articule manuellement verticalement et horizontalement comme un accordéon réussissent à créer une impression de relief communément appelée de nos jours 3D. Elles sont faites avec un minimum de matériel. L'exposition développée à l'iMal (Bruxelles) visait à l'occupation du maximum d'espace avec le minimum de matériel. L'artiste couvrira 300m2 avec une seule planche de bois et trente mètres de plastique.

Rétro/futuriste
Man at work puise autant dans les premières expériences du cinématographe que dans la technologie dernier cri. Passéiste et futuriste, cette projection simple est en noir et blanc parce qu'elle suppose un retour sur le début du cinéma et joue sur ce rapport entre haute et basse technologie. « Elle est à la fois sculpture et mouvement, un aller-retour entre des technologies digitales et manuelles intégrées dans notre vie. »
« Alors que dans le temps il fallait 24 images par seconde pour n'en faire qu'une en mouvement, aujourd'hui, on a besoin d'une soixantaine. Devant ce surplus, voire cette invasion d'images, je m'intéresse au principe de lenteur. »
Julien Maire vise au renouveau de l'image cinématographique et au fait de retrouver les premières impressions cinématographiques qui ont suscité en chacun des spectateurs cet émoi enfoui. Que probablement l'homme qui creuse, ce Man at work, est en train de déterrer.

Ses outils sont des fraiseuses CNC, des découpeuses laser, optique de précision et, nouvelles recrues, des imprimantes 3D. Son lieu d'exploration est le FabLab.iMal où il a installé son atelier de travail dont il est l'un des responsables après y avoir été en résidence permanente en 2004, 2010 et 2012. Julien Maire est un artiste nouveaux médias, diplômé de l'Académie des...

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