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Culture - Théâtre

Les « Sœurs » de Wajdi Mouawad sur scène

Le dramaturge d'origine libanaise Wajdi Mouawad présente au Théâtre national de Chaillot à Paris Sœurs, deuxième volet d'une saga familiale entamée il y a deux ans avec Seuls (le fils) et qui va se poursuivre avec Frères, Père et Mère, comme autant de pièces d'un puzzle.
À Ottawa, deux femmes passent tour à tour dans la même chambre d'hôtel. Chacune porte comme un poids l'histoire familiale, un père ou une mère envahissant. « J'ai 50 ans, maman », plaide la Québecoise Geneviève, harcelée au téléphone par sa mère. « J'ai 50 ans, papa », dit Layla, d'origine libanaise. Les deux personnages sont incarnés par la même actrice, l'émouvante Annick Bergeron, dont l'histoire a inspiré le rôle de Geneviève Bergeron, tandis que la propre sœur de Wajdi Mouawad, Nayla, a inspiré celle de Layla.
L'exil traverse toute la pièce comme un fil rouge. Wajdi Mouawad, arraché au Liban dans l'enfance, en transit en France à l'adolescence, puis contraint de partir pour le Québec où la famille s'installe à Montréal en 1983, sait de quoi il parle. Le père de Layla « porte un pays qui n'a jamais existé et me fait porter le poids d'une guerre qu'il ne m'a jamais racontée », dit-elle.
Geneviève souffre d'un autre exil : celui de sa sœur, une petite Amérindienne adoptée par la famille dans le Manitoba, qu'une vraie sœur de sang vient chercher un jour en assenant qu'elle « n'a rien à faire ici ».
Entre le Liban et le Manitoba, d'un exil à l'autre, la pièce explore les solitudes de deux femmes qui ont tout porté jusqu'à exploser. L'avocate-médiatrice de conflits va dévaster la chambre d'hôtel ultramoderne parce que la voix synthétique qui commande la télévision refuse de parler en français.
Clin d'œil à son pays d'accueil, Wajdi Mouawad joue joliment avec les errements du bilinguisme au Canada. Geneviève Bergeron explose parce que la voix synthétique l'appelle en boucle « Guenevieve Burger-on ».
On s'amuse beaucoup des absurdités de notre monde occidental : le frigo qui parle et décompte automatiquement les boissons prélevées, la lumière audiocommandée, etc. Au froid glacial de l'hiver canadien s'ajoute le froid intersidéral de la chambre d'hôtel « interactive ».
Peut-être faut-il être toujours entre deux rives, comme Wajdi Mouawad, pour mettre le doigt sur nos aberrations, avec humour et créativité : vidéo et dessins « habillent » une mise en scène singulière.
Sœurs se poursuivra jusqu'au 18 avril à Chaillot puis à la Schubühne de Berlin du 21 au 22 avril 2015, au Théâtre national de Toulouse du 28 au 30 avril et à Barcelone (Théâtre Lliure) du 17 au 19 juillet.

Le dramaturge d'origine libanaise Wajdi Mouawad présente au Théâtre national de Chaillot à Paris Sœurs, deuxième volet d'une saga familiale entamée il y a deux ans avec Seuls (le fils) et qui va se poursuivre avec Frères, Père et Mère, comme autant de pièces d'un puzzle.À Ottawa, deux femmes passent tour à tour dans la même chambre d'hôtel. Chacune porte comme un poids...

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