L'église Notre-Dame-de-la-Victoire est l'un des lieux de pèlerinage les plus célèbres de la République tchèque. C'est là que se trouve la fameuse statuette de cire du Petit Jésus de Prague, également connue sous le nom de Bambino de Praga. Originaire d'Espagne, cette statuette a été reçue en dot par la duchesse Maria Manrique de Lara lors de son mariage avec un noble tchèque en 1556. Sa fille, Polyxena de Lobkowicz, l'offrit en 1628 au monastère des carmes, religieux liés à l'église Notre-Dame-de-la-Victoire.
Pendant la grande guerre de trente ans, l'Europe souffre des luttes entre chrétiens. De violents affrontements entre catholiques et protestants déchirent l'Église. Prague, capitale de la Bohême, est particulièrement touchée par ces querelles. La noblesse protestante refuse d'obéir à l'empereur Ferdinand II. Malgré la misère qui règne, ce dernier garde une grande confiance en l'amour de Dieu; il demande ainsi au pape Paul V d'envoyer auprès de lui le père Dominique de Jésus, supérieur général des carmes.
Ces bons religieux arrivent dans un moment difficile : les ressources du monastère sont insuffisantes et la pauvreté se fait sentir dans toute sa rigueur. Les chroniques rapportent que le pain a manqué plus d'une fois au réfectoire. La princesse de Lobkowicz, qui suit avec intérêt l'installation des carmes dans sa ville, veut les aider. En 1628, elle leur donne la statuette en cire et leur dit : « Je vous donne ce que j'ai de plus précieux. Vénérez l'Enfant-Jésus, vous ne manquerez de rien. »
À partir de ce jour, la grande pauvreté du couvent cesse. Les moines deviennent les plus fervents adorateurs du Divin Enfant, et la rumeur, qui veut que l'Enfant-Jésus protège de divers maux (peste, pillages, etc.), naît après que le couvent eut été épargné à plusieurs reprises. De nombreux miracles lui ont été attribués à l'époque baroque, notamment la protection de Prague lors du siège des Suédois en 1639. La statuette a ainsi été portée en procession autour des églises de la ville en 1651 et solennellement couronnée, en 1655, par l'archevêque de Prague.
La célèbre statuette mesure 45 cm de hauteur et est faite de toile tendue, recouverte de cire. Les cheveux, bruns au départ, ont été teints en blond. Elle est habillée d'un splendide manteau brodé et porte une couronne ornée de pierres précieuses. Sa main droite est levée en signe de bénédiction. Dans sa main gauche, elle porte le globe terrestre surmonté de la croix glorieuse. Elle est posée sur l'autel central de l'église Notre-Dame-de-la-Victoire.
L'Enfant-Jésus a deux couronnes et une riche garde-robe de plus d'une centaine de vêtements précieux, offerts par des pèlerins illustres ou anonymes. Sa robe est changée dix fois par an par le costumier de l'Enfant, fonction occupée depuis 1747 par les carmélites. Elle varie selon les périodes : blanche à Pâques, rouge lors du dimanche blanc, violette pour l'avent... La robe la plus somptueuse a été cousue par l'impératrice Marie-Thérèse elle-même. Les plus beaux manteaux brodés, ainsi que de nombreux objets liés au culte de la statuette sont visibles au musée de l'Enfant-Jésus de Prague, situé dans l'église, derrière l'autel principal, au premier étage.
« Plus vous m'honorerez et plus je vous favoriserai » : cette confidence de l'Enfant-Jésus au père Cyrille, du couvent des carmes de Prague, est toujours d'actualité. La statuette du Divin Enfant ne cesse de répandre ses bienfaits et reste un objet de dévotion des chrétiens du monde entier. Le lundi est le jour qui lui est consacré. La pratique des 12 lundis a été établie pour étendre la dévotion au Saint-Enfant-Jésus. « Hâte-toi, disait l'Enfant-Jésus à la vénérable Marguerite du Saint-Sacrement, de puiser dans les trésors de Mon Enfance pour obtenir grâce à ta patrie. » Honorer le Saint-Enfant-Jésus durant une série de 12 semaines, en mémoire des 12 mystères de sa Divine Enfance, est une ingénieuse pratique de dévotion en son honneur. Bien des âmes l'ont admise...
Sources principales : canalacademie.com ; villedeprague.fr ; chretiensmagasine.fr
commentaires (0)
Commenter