Après plusieurs jours de suspense, la Grèce a honoré jeudi son versement d'avril au Fonds monétaire international (FMI), mais l'incertitude perdure sur sa capacité à payer ses dettes à partir du mois prochain, faute d'accord avec ses créanciers. « J'ai reçu mon argent », c'est-à-dire les 488 millions de dollars dus, a confirmé la directrice générale du FMI Christine Lagarde à Washington.
Peu avant, une source grecque au fait de cette transaction avait assuré à l'AFP qu'il était « impossible que la Grèce ne serve pas toute sa dette ce mois-ci ». Cette dette comprend aussi en avril un peu moins de 425 millions de dollars de paiements d'intérêts, et le renouvellement de 2,5 milliards de dollars de bons du Trésor à six et trois mois arrivant à échéance les 14 et 17 avril. Déjà mercredi et jeudi, l'Agence grecque de la dette (PDMA) a réussi à renouveler un total de 1,5 milliard de dollars de bons à six mois. La semaine dernière, Athènes avait pourtant déclaré qu'elle aurait des difficultés pour rembourser ce prêt du FMI tout en assurant le paiement des traitements et des pensions de retraite du secteur public.
En attendant, difficile de comprendre l'état des négociations entre Athènes et ses créanciers, dont les experts se sont réunis ces deux derniers jours à Bruxelles. La Grèce a soumis aux autres pays de la zone euro une nouvelle demande d'aide financière, mais ses partenaires lui ont donné six jours ouvrés pour préciser son programme de réformes, a-t-on appris de plusieurs responsables de l'Union européenne. « Côté grec, il y a eu une déclaration forte sur le fait que sa situation de trésorerie commençait à devenir vraiment mauvaise et on a appelé à dégager une aide de trésorerie avant la réunion des ministres des Finances de la zone euro (Eurogroupe) du 24 avril, a déclaré à Reuters une source de la zone euro. Mais (...) personne n'est désireux d'apporter un soutien avant qu'il y ait des progrès en matière de programme de réformes. »
Le chômage baisse, la production augmente
« Il nous manque encore des précisions sur les mesures spécifiques, notamment en ce qui concerne l'impact budgétaire, et il ne reste plus beaucoup de temps : les décisions doivent être prises le 24 avril, lors de la prochaine réunion de l'Eurogroupe à Riga. » La Grèce n'a reçu aucune aide financière extérieure depuis août alors que 7,2 milliards d'euros (7,7 milliards de dollars) restent en principe à verser sur le total de 240 milliards d'euros prévus par l'Union européenne et le FMI. Elle répète régulièrement depuis plusieurs semaines qu'elle risque de manquer rapidement de liquidités mais ne bénéficie pour l'instant que de l'aide d'urgence de la Banque centrale européenne (BCE) aux banques.
Si Athènes et ses créanciers parviennent à s'accorder sur une liste de réformes avant la réunion de Riga, le gouvernement d'Alexis Tsipras pourrait se voir accorder par la BCE un relèvement du plafond des émissions de bons du Trésor, ce qui constituerait un premier ballon d'oxygène. L'équipe Tsipras espère aussi qu'un compromis avec la zone euro permettra la restitution de 1,9 milliard d'euros (2 milliards de dollars) de profits réalisés par la BCE sur les obligations d'État grecques qu'elle a acquises ces dernières années.
En attendant, Athènes engrange de timides résultats économiques : le taux de chômage, qui avait culminé à 28 % en septembre 2013, a reculé à 25,7 % en janvier, son plus bas niveau depuis octobre dernier, et la production industrielle a rebondi de 1,9 % en rythme annuel en février, grâce à une hausse de 5,8 % de la production manufacturière.
Le gouvernement grec a multiplié les déclarations contradictoires ces dernières semaines sur sa capacité à respecter cette échéance, alors qu'il négocie parallèlement avec ses partenaires de la zone euro une prolongation de l'aide accordée à Athènes pour lui éviter un défaut sur sa dette.