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Lifestyle - Beyrouth insight

Chafic El Khazen veut bousculer la nuit

Pour ce jeune homme au sourire presque coquin qui s'amuse pendant qu'il travaille, jamais mieux servi que par lui-même, la nuit est un espace dans lequel il plonge et navigue de projet en projet et de lieu en lieu. Perfectionniste, impatient, pour Chafic El Khazen, PDG de Sky Management, le ciel n'a visiblement pas de limites.

Chafic El Khazen, PDG de Sky Management. Photos Michel Sayegh

Samedi, fin de soirée. Les couleurs chaudes de ce moment entre chien et loup se fondent parfaitement bien avec la façade de O1NE House of Entertainment. Tous les graffitis qui ornent ses murs et le distinguent semblent se dissoudre dans le paysage. Nous sommes à quelques heures du concert de Machrou' Leila, les fans commencent à venir, prêts et surtout prêtes à attendre autant qu'il le faudra. Chafic El Khazen, gardien de ce temple qu'est la nuit beyrouthine, veille à chaque détail. Le bâtiment et l'intérieur, une prouesse architecturale et technique qui fait tourner les têtes à 360 degrés, les voituriers, les mises en place, la scénographie, l'éclairage, rien n'échappe, tous les soirs, à son regard exigeant. Entre deux questions et une réponse, au gré d'une interview informelle qui se fait sur les escaliers, à l'extérieur, face à la mer, « on est plus tranquille », dira-t-il, il a le temps de donner des directives, aller, revenir, parler avec les premiers venus. L'expérience, il l'a acquise en sortant, déjà, beaucoup. « J'ai toujours aimé faire la fête, précise-t-il en guise d'explication. Alors je me suis dit: pourquoi ne pas joindre l'utile à l'agréable ? ».

(Presque) oubliés les diplômes d'économie acquis au Liban puis aux États-Unis, (complètement) oubliée l'entreprise familiale qu'il déserte, parce que « ce n'est pas mon truc », Chafic El Khazen, dans un coup d'essai qui devient vite un coup de maître, crée le SKYBAR qu'il installe sur le roof du Palm Beach Hotel en 2003. Les temps sont alors heureux, on trinque au bonheur, et le 7e ciel n'est plus inaccessible. « Personne n'y croyait, confie-t-il. On se moquait de moi... » Le concept et sa réussite lui donnent des ailes. Les raisons de ce succès : « J'ai un défaut qui joue en ma faveur : je suis un obsessif compulsif. C'est presque maladif ! » « Quand on veut vendre une expérience aux gens, puisque c'est de ça qu'il s'agit en créant un lieu, il faut la rendre la plus complète possible, poursuit-il. Intervenir dans chaque phase du projet, réfléchir à chaque détail sous-jacent auquel personne n'aura pensé et qui transformera cette soirée en une expérience inoubliable : le confort des sièges, leur hauteur, l'intensité de l'éclairage, la carte, la température ambiante, le service, surtout le service... Le perfectionnisme, à ce point, est un mal qui a grandi chez moi dans le bon sens. »

Superénergie
Lorsqu'il réalise que le premier bar ouvert au ciel dans la capitale marche si bien, il décide d'en faire un vrai business. En 2006, SKYBAR s'agrandit et s'épanouit dans un local de plus de 1 000 m2 qui peut accueillir jusqu'à 2 500 personnes. Il déménage sur le toit du Biel et trône sur une ville qui va vite et brusquement être bousculée par la guerre de juillet 2006. « J'ai dû fermer deux jours après l'ouverture... » La saison est anéantie. L'année suivante, il reprend le flambeau de la nuit. « Je ne fais pas ça que pour l'argent, précise-t-il. J'aime créer des projets qui mettent le Liban sur la scène internationale. »
Le SKYBAR, une formule gagnante, évolue avec les années, les nouvelles musiques et technologies, les modes et les attentes d'une jeunesse exigeante. Pour « institutionnaliser tout ça », ses projets sont réunis sous un même label : Sky Management. Il s'exporte à l'étranger, essentiellement à Abou Dhabi où la société devient partenaire stratégique du gouvernement, y organise les soirées du Grand Prix de formule 1 et de nombreux concerts, dont celui de Prince.

Au Liban, il produit d'énormes spectacles parmi lesquels ceux de David Guetta, Snoop Dog, 50 Cent, Wyclef Jean, Macklemore ou encore Bob Sinclar et The PussyCat Dolls. Sous ce même « parapluie », comme il l'appelle, il crée le Twenty Seven en collaboration avec Cotton Candy, un lieu provisoire qui changera régulièrement de concept ; le restaurant Liza, une joint venture entre Sky Management et Liza et Ziad Asseyli, géré par Sky Management. Et puis il imagine le O1NE, – son frère Sari se charge de l'impressionnante architecture –, d'abord à Yas Island à Abou Dhabi puis, quelques mois plus tard, au Liban, qui deviendra le O1NE House of Entertainment. « C'était à la base une boîte de nuit d'hiver, que je faisais dans la lignée du SKYBAR. Je voulais un truc impressionnant, que je puisse moduler et exporter à l'étranger. » Le concept est une belle réussite à Abou Dhabi et sans cesse modulé puisque son concepteur, toujours plein d'idées, y a intégré une technologie plus pointue, qui lui permet de rêver d'encore plus.

O1NE House of Entertainment devient ainsi officiellement, depuis le mois d'avril, un espace polyvalent au service de spectacles, de concerts plus ou moins intimistes, de shows locaux ou internationaux. À l'affiche de ce mois, Ghinwa qui chante pour les enfants, R&B Night, le cirque Eclipse, le musicien Michel Fadel, le DJ Luciano et, enfin, Yasmine Hamdane.
En exploitant au mieux les possibilités et l'infrastructure des lieux, en diversifiant le programme pour embrasser un public plus large, Chafic El Khazen a ainsi donné à la nuit, et la sienne, une autre dimension et d'autres couleurs. En mai, il rajoute à son palmarès le restaurant La Crêperie, qu'il a repris et rajeuni. À sa manière, obsessive compulsive...

 

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