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À La Une - Violences

Situation humanitaire critique au Yémen avec la poursuite du conflit

Les combats ont déjà fait plus de 500 morts selon l'ONU.

Des Yéménites préparent l'enterrement de plusieurs personnes tuées dans un raid de l'armée saoudienne contre une position des Houthis à Bani Matar, près de Sanaa. Photo AFP

La situation humanitaire critique au Yémen a poussé la Russie à réclamer samedi devant le Conseil de sécurité de l'ONU une pause dans la campagne de frappes aériennes de la coalition arabe qui lutte contre les rebelles chiites houthis.

La campagne militaire menée par l'Arabie saoudite, lancée le 26 mars, a ralenti l'avancée des Houthis, liés à l'Iran, qui cherchent à s'emparer d'Aden, la grande ville du sud du Yémen, après avoir pris la capitale Sanaa et des régions du nord et du centre du pays. Mais les combats ont déjà fait plus de 500 morts selon l'ONU.

Sur le terrain, les insurgés houthis font face à la résistance des "Comités populaires", une force paramilitaire soutenant le président yéménite Abd Rabbo Hadi Mansour qui, devant la progression rebelle, avait quitté Aden pour se réfugier en Arabie saoudite où il a été rejoint samedi par son Premier ministre démissionnaire Khaled Bahah.

Aux Nations unies, la Russie, proche de l'Iran, avait réclamé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité et a déposé samedi un projet de résolution demandant une pause dans les raids aériens le temps de permettre l'évacuation des étrangers, a expliqué à l'AFP un diplomate du Conseil.
Pour sa part, le comité international de la Croix Rouge (CICR), alarmé par la situation humanitaire, a demandé une pause humanitaire de 24 heures afin d'apporter un soutien médical à la population civile.
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a fait savoir samedi que la priorité du Caire, membre de la coalition arabe, était de sécuriser la navigation sur la mer Rouge et le détroit de Bab el-Mandeb, qui sépare l'Afrique de la Péninsule arabique près de la ville yéménite de Taëz. Ce détroit revêt une importance stratégique pour l'Egypte, Israël ou encore les Etats-Unis et la France, du fait de la proximité avec Djibouti.

Parachutages

Les combats à Aden depuis l'entrée des Houthis le 25 mars ont fait "185 morts et 1.282 blessés", dont "75% des civils", a dit à l'AFP le chef du département de la Santé, Al-Khader Lassouar. Ce bilan partiel n'inclut pas les victimes rebelles, a-t-il précisé. Selon une source militaire, au moins 13 insurgés ont été tués dans de nouveaux raids nocturnes de la coalition et des bombardements de la marine à Aden.

Plusieurs sites militaires tenus par les rebelles autour de Sanaa, au nord d'Aden ainsi que la base aérienne d'Al-Anad à Lahj (sud) ont été visés par des raids samedi, selon des témoins.
De leur côté, les insurgés et leurs alliés ont tiré des obus contre al-Moalla, un quartier résidentiel près du port d'Aden, tuant six civils, dont un enfant, et blessant 12 autres personnes, selon des témoins et une source médicale.

(Lire aussi : Les habitants d'Aden face à la peur et aux manques)


M. Lassouar a appelé les organisations internationales et les monarchies arabes du Golfe, qui participent à l'opération "Tempête décisive", à apporter une assistance médicale d'urgence aux hôpitaux d'Aden. "Les stocks de médicaments se sont épuisés et les hôpitaux ne parviennent plus à faire face au nombre croissant des victimes", a-t-il dit.

L'ONU et les organisations humanitaires s'inquiètent du nombre croissant de victimes civiles dans ce conflit déclenché par une offensive des Houthis contre Sanaa en 2014, officiellement pour exiger la démission du gouvernement accusé de corruption et contester un projet de Constitution qu'ils jugeaient injuste.
Le dernier bilan officiel dressé par l'ONU remonte à jeudi avec 519 morts et 1.700 blessés en deux semaines de combats au Yémen. Et le CICR a déploré la mort vendredi à Aden de deux agents humanitaires yéménites alors qu'ils secouraient des blessés, trois jours après la mort d'un employé du Croissant rouge yéménite à Dhaleh (sud).

Evacuations

Devant l'insécurité croissante, la Jordanie a évacué vendredi 48 ressortissants par voie terrestre, au lendemain de l'évacuation de dizaines d'Egyptiens.
Les ambassades sont fermées à Sanaa depuis sa prise par les Houthis fin janvier, et les employés étrangers de l'ONU et des entreprises ont été rapatriés.

Autre signe du chaos, un collectif de tribus sunnites a pris dans la nuit de vendredi à samedi le contrôle d'Al-Shihr, la deuxième ville de la province du Hadramout (sud-est), selon des habitants. Elles sont intervenues pour mettre fin à des actes de pillage dans un camp militaire déserté, selon un responsable.
Des centaines de combattants du collectif ont samedi afflué à Moukalla, chef-lieu du Hadramout, pour reprendre cette ville à el-Qaëda qui la contrôlait depuis vendredi après avoir donné l'assaut contre la prison centrale et libéré 300 détenus, dont un de ses chefs, selon des habitants.

A Dhaleh, les rebelles ont ouvert les portes d'une prison et laissé partir plus de 500 personnes qui y étaient incarcérées, selon une source militaire, qui redoute "une anarchie généralisée" dans le pays.


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