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Culture - Exposition

Beau(x) oui, comme Bowie

Après avoir été conçue pour le Victoria and Albert Museum de Londres, l'exposition David Bowie is sillonne le monde et investit le nouveau Philarmonie de Paris. Elle réunit plus de 300 objets : des manuscrits, des photos, des affiches de concerts, des instruments, des costumes, etc., le tout minutieusement conservé et archivé, parfois depuis plus de 40 ans. Avant d'entrer dans la première salle, le visiteur est invité à enfiler un casque audio pour pleinement s'immerger dans les différentes périodes de la vie de Bowie. L'émotion étreint le spectateur lorsque la voix tellement spéciale de Bowie s'impose dans ses tympans. On plonge ainsi de plain-pied dans les souvenirs et la genèse de l'icône pop, auteur de 27 albums et de 140 millions de disques vendus entre 1967 et 2013.

©Duffy Archive & The David Bowie Archive

Caméléon

De salle en salle, on suit le processus de création et les multiples vies (et réincarnations) du caméléon Bowie. Si un artiste s'est bien renouvelé tout au long de sa très longue carrière, tant au niveau musical que dans son style vestimentaire, c'est bien le dandy anglais. On redécouvre les personnages sortis de l'imaginaire de David Bowie.
Tous les alter ego, et les costumes, sont là : celui de Freddie Burretti confectionné pour la tournée de Ziggy Stardust, la veste aux couleurs de l'Union Jack d'Alexander McQueen, ou encore l'impressionnant body Tokyo Pop imaginé par Kansai Yamamoto pour AladdinSane. Tous ces costumes l'ont aidé à bâtir un culte autour de son œuvre. À secouer le vieux monde.


Galaxie

« David Bowie is » ne se limite pas à donner en partage un moment dans la vie de Bowie : l'exposition fait défiler et décrypte cinquante années de pop. Elle aide à comprendre Lou Reed, Brian Eno et Iggy Pop, qui sont ses amis proches. Des amis qui se nourrissent mutuellement de leurs talents et de leurs réflexions communes. Burroughs, Faulkner, Orwell, Camus, Flaubert, ou encore Mishima, tous font partie de la vie de David Bowie qui s'est beaucoup inspiré de ses lectures pour écrire. L'adaptation de l'exposition au Philarmonie de Paris permet aussi de souligner le lien unique que David Bowie a eu avec la France. Lorsqu'il quitte le Royaume-Uni à la fin de l'année 1965, c'est pour traverser la Manche. C'est ce que l'on peut lire dans le carnet d'Henri Leproux, le fondateur du temple du rock parisien Golf Drouot. David Bowie se produit du 31 décembre 1965 au 2 janvier 1966 dans cette salle mythique qui a déjà vu les débuts de Johnny Hallyday et de Jacques Dutronc.


David Bowie, 1973. Photographie de Masayoshi Sukita. © Sukita/The David Bowie Archive

 

Omni-caméra

Amoureux du cinéma, les films de Stanley Kubrick, de Luis Buñuel et de Fritz Lang l'ont souvent inspiré. Après avoir conquis une vraie aura, Bowie passe de l'autre côté de l'écran et joue l'extraterrestre dans L'homme qui venait d'ailleurs (The Man Who Fell to Earth), singe Andy Warhol à merveille dans Basquiat ou, plus récemment, l'impressionnant Nikola Tesla dans Le Prestige. Sinon, personne ne peut oublier le major Jack « Strafer » Celliers dans l'insensé Furyo (Merry Christmas Mr. Lawrence) de Nagisa Oshima en 1983, ni John Blaylock, l'amoureux-vampire de Catherine Deneuve et de Susan Sarandon dans Les Prédateurs (The Hunger), sorti la même année.
Dès l'émergence de la MTV dans les années 80, David Bowie comprend très vite l'influence de la chaîne musicale américaine. Il se met à travailler avec leur clippeur David Mallet et coréalise même certains d'entre eux, dont Ashes To Ashes et China Girl.
Pour son dernier album, l'actrice Tilda Swinton apparaît dans The Stars (Are Out Tonight) et Marion Cotillard dans The Next Day.


Queer

En janvier 1972, un mois avant la tournée de Ziggy Stardust, Bowie révèle sa bisexualité au magazine musical britannique Melody Maker. Avec ses cheveux rouge sang, ses platform boots assorties, son maquillage et son visage androgyne, Bowie devient la première rock-star queer. L'année suivante, avec son personnage AladdinSane, Bowie assume pleinement son virage glam-rock et remet en question le machisme du vieux rock'n'roll. Encore aujourd'hui, la sexualité de Bowie reste une des clefs de son succès. En attendant, l'exposition n'apporte pas de réponse claire. C'est tant mieux.


Précurseur

Le choix du présent dans l'intitulé de l'exposition est volontaire, la légende est bien vivante. En témoigne le nombre d'artistes qui se réfèrent au jeune homme, devenu aujourd'hui fringant grand-père et auteur d'un nouvel album en 2013.
« Bowie sera encore moderne en l'an 3000 ! » Fabienne et Nicole éclatent de rire en sortant de l'exposition. Les deux amies quinquagénaires sont conquises par cette première rétrospective d'envergure du performer anglais. Elles avaient 18 ou 20 ans lorsqu'elles se sont mises à écouter David Bowie. « C'est mon frère qui m'a sauvée de Gérard Lenormand et de Chantal Goya, il revenait de Londres et m'a fait découvrir cet artiste qui repoussait toutes les limites artistiques » confesse Fabienne. « Quand je me suis mise à écouter Bowie, mes parents ne comprenaient pas, ça les dépassait ! » raconte de son côté Nicole. Le culot et le charisme de David Bowie ont changé les perspectives de vie d'adolescents du monde entier. Encore aujourd'hui, Bowie bouscule l'ordre établi.

« David Bowie is », jusqu'au 31 mai au Philarmonie de Paris (à La Cité de la musique de La Villette).

 

 

Costume de scène dessiné par Kansai Yamamoto pour le « AladdinSane Tour », 1973. Photographie de Masayoshi Sukita. ©Sukita/The David Bowie Archive

 

 

 

Les 5 (albums) immanquables

 

« SpaceOddity » (1969)
David Bowie crée son premier alter ego : l'astronaute Major Tom. Le single SpaceOddity sort en juillet et la BBC choisit de diffuser la chanson sur les images de l'alunissage d'Apollo 11.
À la croisée de Bob Dylan et Marc Bolan, l'ovni folk psychédélique SpaceOddity atterrit sur Terre en 1969, inspiré par 2001, Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick.

« Ziggy Stardust » (1972)
David Bowie incarne Ziggy Stardust, une star androgyne et bisexuelle du futur. Accompagné par le guitariste Mick Ronson et ses Spiders from Mars, l'artiste livre un chef-d'œuvre punk rock. Sa prestation de la chanson Starman dans l'émission Top of the Pops fait hurler dans les foyers britanniques.

« Station to Station » (1976)
Lorsqu'il s'installe à Los Angeles, David Bowie tombe dans tous les excès. Il consomme quotidiennement 200 dollars de cocaïne, devient complètement paranoïaque et enregistre son dixième album studio dans un état plus que second. Le méchant Thin White Duke, nouveau personnage, prend le dessus pour parler de Nietzsche, de mythologie et de religion sur des rythmiques funk rock.

 


 Photographie originale pour la couverture de l'album «Earthling», 1977. ©Frank W. Ockenfels

 

« Heroes » (1977)
Pour échapper à la drogue, David Bowie s'exile à Berlin Ouest avec Iggy Pop. Inspiré par les groupes de krautrock Can, Neu ! et Kraftwerk, David Bowie ressuscite avec la création de la trilogie berlinoise : Low, Heroes et Lodger. Il aide Iggy Pop à enregistrer et à produire Lust for Life et The Idiot. 18 mois de vie commune qui permettent la naissance de cinq albums qui changent la face du rock.

« Let's Dance » (1983)
David Bowie demande au guitariste Nile Rodgers du groupe Chic de produire son quinzième album studio. Avec les singles disco new wave Modern Love et Let's Dance, c'est le plus gros succès commercial du chanteur anglais. Et quand Bowie reprend China Girl pour sauver son ami Iggy Pop de ses ennuis financiers, c'est le jackpot.

 

 

Photographie de presse pour l'album «Diamond Dogs», 1974.
©Terry O'Neill/Victoria and Albert Museum

 

 

Bowie en 7 dates

8 janvier 1947 : naissance de David Robert Jones dans le quartier de Brixton à Londres.

1961 : blessé par un coup de poing dans une bagarre, sa pupille gauche se dilate, le mythe des yeux vairons est né.

1964 : première apparition télévisée à la BBC, en tant que fondateur de la Société pour la prévention de la cruauté envers les hommes aux cheveux longs.

1967 : sortie le 1er juin du premier album sobrement intitulé David Bowie.

1974 : découvre Metropolis de Fritz Lang, qui l'inspire pour son album DiamondsDogs.

1986 : joue Jareth, le roi des Gobelins, dans Labyrinth.

2013 : après dix années de silence, David Bowie revient avec un 24e album, The Next Day.

Caméléon
De salle en salle, on suit le processus de création et les multiples vies (et réincarnations) du caméléon Bowie. Si un artiste s'est bien renouvelé tout au long de sa très longue carrière, tant au niveau musical que dans son style vestimentaire, c'est bien le dandy anglais. On redécouvre les personnages sortis de l'imaginaire de David Bowie.Tous les alter ego, et les costumes,...

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