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Liban - L’éclairage

Aoun vs Kahwagi, énième acte, sur fond de nominations sécuritaires

Lors de sa dernière visite à Clemenceau, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, avait proposé au chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt, la nomination de nouveaux chefs sécuritaires et rejeté la prorogation du mandat des chefs actuels sous n'importe quel prétexte. Dans une tentative de sonder l'opinion de M. Joumblatt, le général Aoun avait souligné que sa position à l'égard de la prorogation serait négative sur toute la ligne.
Le lendemain, le chef du PSP dépêchait à Yarzé le ministre Waël Bou Faour pour transmettre un message au commandant en chef de l'armée, le général Jean Kahwagi. La teneur du message, en substance, était la suivante : Walid Joumblatt n'est pas contre le général Kahwagi et n'adhère pas aux thèses avancées par certains. Il est, en revanche, en faveur de l'élection d'un président de la République dans la mesure où cela permettrait de résoudre tous les problèmes en suspens, y compris la question des nominations des chefs sécuritaires. C'est pourquoi Joumblatt réclame des leaders, notamment chrétiens, qu'ils accélèrent la conclusion de l'accord autour de l'échéance présidentielle et appelle les députés à participer aux séances électorales.
De son côté, Michel Aoun, qui poursuit sa croisade contre la prorogation du mandat des chefs sécuritaires, a dépêché le ministre Gebran Bassil à Bickfaya, chez Amine Gemayel, puis à Maarab, chez Samir Geagea, afin d'évoquer plusieurs dossiers, parmi lesquels la nécessité de remettre à l'ordre du jour de la Chambre le retour de la nationalité aux émigrés, qui fait partie, selon lui, de la « législation de nécessité ». Selon M. Bassil, les députés du CPL accepteraient de se rendre à la Chambre pour ce genre de question dans ce cadre seulement, ou pour s'opposer à la prorogation du mandat des responsables sécuritaires, et surtout à celui du commandant en chef de l'armée, poste pour lequel trois officiers maronites sont sur les rangs : les généraux Chamel Roukoz, Maroun Hitti et Georges Nader. Les entretiens du chef de la diplomatie auraient également porté sur la question de repousser l'âge de la retraite pour un nombre déterminé de généraux qui se trouvent à des postes-clefs.
Par ailleurs, le CPL aurait proposé au courant du Futur un marché consistant à nommer le général Roukoz commandant en chef de l'armée, en contrepartie de la nomination du général Imad Osman au poste de directeur général des FSI. Mais le courant aouniste n'aurait, jusqu'à l'heure, toujours pas reçu de réponse à sa proposition. Le courant du Futur ne serait pas particulièrement tenté par un tel deal puisqu'il considère que la priorité absolue reste l'élection présidentielle. Dans la sphère politique, la position la plus courante veut en effet que la voie la plus courte pour éviter la prorogation du mandat des responsables sécuritaires est celle qui consiste à se rendre à la Chambre et à mettre fin à la vacance présidentielle à travers l'élection d'un président de la République.
Pour certains milieux politiques du 14 Mars, l'attitude aouniste hostile à la prorogation du mandat des chefs sécuritaires n'est rien moins qu'une tentative d'écarter le général Kahwagi, l'un des principaux rivaux du général Aoun, de la course à la présidentielle. Certains diplomates tenteraient actuellement d'établir une liste succincte des candidats qui seraient agréés par les deux camps, dans une tentative visant à aider les Libanais à réaliser l'échéance. Cette liste serait ensuite proposée aux différents leaders pour obtenir leur point de vue, dans une tentative visant à délivrer l'élection présidentielle du cercle des quatre pôles maronites et à pousser à l'élection d'un président consensuel.
De l'avis d'un politique du 14 Mars, l'arrivée du général Roukoz à Yarzé pourrait apaiser quelque peu les prises de position du général Aoun et peut-être faciliter le retrait éventuel du chef du CPL de la course à la présidentielle si son élection s'avère impossible. Selon cet homme politique, un troc entre le commandement en chef de l'armée et la fin de l'obstructionnisme perpétré à l'encontre de l'élection présidentielle est nécessaire, d'autant que l'avènement de Michel Aoun est effectivement difficile. Mais les milieux de Rabieh rejettent de telles hypothèses et sont hostiles à tout troc éventuel, voire à tout lien qui pourrait être établi entre les deux échéances. C'est pourquoi des milieux diplomatiques insistent sur la nécessité d'un accord global entre les leaders incluant la présidentielle, le gouvernement dans son ensemble, la loi électorale, la date des prochaines législatives, ainsi que les nominations sécuritaires et administratives.
Dans la foulée de la position aouniste hostile à la prorogation du mandat des responsables sécuritaires, certains proposent de repousser l'âge du passage à la retraite des officiers, un projet qui se trouve dans les tiroirs du gouvernement et qui n'a cependant pas été mis à l'étude en Conseil des ministres en raison d'une absence de consensus à ce sujet. Pourquoi ? Parce qu'un tel projet pourrait porter préjudice à l'armée et à sa hiérarchie, répond un ancien officier de l'armée. En l'absence de tout consensus sur cette question, le ministre de la Défense Samir Mokbel aurait pris l'initiative d'exposer le projet à Nabih Berry en proposant que dix députés présentent une proposition de loi à la Chambre en séance ordinaire pour réclamer que soit repoussé l'âge du passage des officiers à la retraite. Mais M. Berry souhaiterait l'existence d'un consensus sur cette question avant de proposer un tel projet en assemblée générale, surtout qu'il ne tombe pas sous le coup de la « législation de nécessité ».
Compte tenu de ce panorama général et du rude climat de division qui prévaut dans le pays, des milieux politiques doutent de la possibilité de nommer de nouveaux responsables sécuritaires, estimant qu'il est impossible de comparer la question de la nomination de la Commission de contrôle des banques à celle des chefs sécuritaires. Un ancien ministre se demande d'ailleurs comment la première prorogation du mandat du général Kahwagi a eu lieu. C'est, à l'époque, le ministre de la Défense Fayez Ghosn, proche du bloc du Changement et de la Réforme – lequel comptait d'ailleurs dix ministres dans le cabinet Mikati –, qui avait proposé la prorogation de mandat. Les ministres aounistes s'étaient pourtant gardés de présenter leur démission, et M. Ghosn avait signé la proposition après avoir trouvé une entourloupe juridique pour entériner cette prorogation par décision ministérielle. Pour un ministre, la situation du pays sur le plan de la sécurité est tellement critique, face à la montée en flèche des mouvements extrémistes, qu'il serait très mauvais de procéder à des changements dans l'institution militaire à l'heure où la troupe est en état d'alerte à la frontière et à travers le pays. Le statu quo actuel pourrait facilement être maintenu jusqu'à l'élection d'un nouveau président de la République puisque c'est au chef de l'État, en tant que chef suprême des armées, qu'il appartient, en dernière analyse, de procéder aux permutations sécuritaires. La solution passerait donc immanquablement par l'élection d'un nouveau président, et que celui qui souhaite mettre fin à cette série de prorogations se rende à la Chambre avec ses députés pour élire un nouveau chef de l'État.
Il reste que, selon des informations dignes de foi, le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, serait déterminé à proroger le mandat du général Ibrahim Basbous conformément aux lois ainsi que celui du chef de la gendarmerie, sans vouloir entrer dans le jeu des nominations. Le Premier ministre Tammam Salam privilégierait la même option, dans le but de préserver la stabilité du pays et l'unité des services de sécurité, en attendant le déblocage de la présidentielle.
Les ministres aounistes iront-ils jusqu'à claquer la porte du cabinet Salam pour protester contre cette mesure ou bien se contenteront-ils de protester sans plus, comme ils l'avaient fait au sein du cabinet Mikati lors de la première prorogation du mandat Kahwagi ? La question demeure entière.

Lors de sa dernière visite à Clemenceau, le chef du Courant patriotique libre (CPL), Michel Aoun, avait proposé au chef du Rassemblement démocratique, Walid Joumblatt, la nomination de nouveaux chefs sécuritaires et rejeté la prorogation du mandat des chefs actuels sous n'importe quel prétexte. Dans une tentative de sonder l'opinion de M. Joumblatt, le général Aoun avait souligné que sa...

commentaires (5)

je dirais meme plus puisque vous soutener aoun .. bien dit bravo ou moins apres 6 mois vous avez eu le courage de le dire haut et fort !! maintenant continuer ce courage meme et allons voter au parlement selon ce que notre constitution le demande!!

Bery tus

23 h 52, le 30 mars 2015

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Commentaires (5)

  • je dirais meme plus puisque vous soutener aoun .. bien dit bravo ou moins apres 6 mois vous avez eu le courage de le dire haut et fort !! maintenant continuer ce courage meme et allons voter au parlement selon ce que notre constitution le demande!!

    Bery tus

    23 h 52, le 30 mars 2015

  • "Sacrés" maronites !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 52, le 30 mars 2015

  • POUR LE PARAVENT... VIENDRA LE VENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 50, le 30 mars 2015

  • Ces 2 generaux ne jouent pas dans la meme division , on a a ma droite le Phare-Aoun Commandante Kheneral , visionnaire pour un Liban FORT , et a ma gauche ,un General qui fait de son mieux et a qui on souhaite beaucoup de succes dans la lutte contre le terrorisme bacteriel venu des salafowahabite bensaouds aux abois . That's it !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 40, le 30 mars 2015

  • Au lieu de jouer aux malins que ces messieurs se présentent en effet au parlement et votent pour leur candidat contre les deux autres candidats présents. Etant au deuxième tour c'est celui qui aura la majorité qui sera Président. C'est aussi simple que cela. C'est constitutionnel, c'est facile et expéditif. Alors il n'y aura plus de problèmes ni avec le gouvernement, ni avec les nominations, et le pays pourra alors s'organiser pour ramasser les morceaux du Hezbollah et de la politique de la "Moumana3a" d'une manière organisé et structuré. Le Liban pourra aussi prospérer malgré les menaces a ses frontières puisqu'il pourra alors les contrôler unanimement.

    Pierre Hadjigeorgiou

    12 h 39, le 30 mars 2015

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