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Moyen Orient et Monde - Conflit

Onu : les exactions de l’EI contre les yazidis pourraient constituer un « génocide »

« Le schéma » des attaques contre la minorité a montré l'intention des jihadistes de les « détruire en tant que groupe », estiment des enquêteurs.

Les yazidis ont été visés par les exactions de l’État islamique, notamment dans les alentours du mont Sinjar dans le Nord. Rodi Said/Reuters

Les attaques en Irak des jihadistes de l'État islamique (EI) contre les yazidis pourraient constituer un « génocide », ont estimé hier des enquêteurs de l'Onu, demandant la saisie de la Cour pénale internationale (CPI).
Depuis qu'ils ont commencé à enquêter sur les atrocités commises par l'EI depuis leur offensive de juin dernier en Irak, les enquêteurs de l'Onu ont obtenu le témoignage d'une centaine de personnes, dont des rescapés des attaques perpétrées contre la minorité. « Les attaques (...) étaient clairement orchestrées. Les ordres arrivaient par téléphone », a expliqué Suki Nagra, la responsable de la mission d'enquête de l'Onu sur l'Irak, lors de la présentation de son premier rapport. « Il y avait une chaîne de commande. Nous avons obtenu les noms de certains des attaquants présumés », mais les ordres venaient d'ailleurs, a-t-elle ajouté. D'après les survivants, un certain nombre de combattants étaient des étrangers, venus de pays de la région, mais aussi – bien qu'en très petit nombre – de pays occidentaux, a-t-elle précisé.
Regroupés notamment dans le Kurdistan irakien, les yazidis forment un groupe ethnique pratiquant une religion monothéiste qui a emprunté certains de ses éléments au christianisme ou à l'islam. Considérée comme hérétique par l'EI, cette minorité a été particulièrement visée par les exactions du groupe extrémiste sunnite qui a conquis des pans entiers du territoire irakien, notamment les alentours du mont Sinjar dans le Nord, fief de l'ethnie.
Le rapport de l'Onu explique que « le schéma » des attaques contre les yazidis a montré l'intention des jihadistes de les « détruire en tant que groupe », avec des villages entiers « vidés » de leur population, ce qui « suggère fortement que l'État islamique pourrait avoir perpétré un génocide ». Le rapport, demandé en septembre dernier par le Conseil des droits de l'homme de l'Onu à l'initiative du gouvernement irakien, mentionne « le meurtre brutal et ciblé » de centaines d'hommes et de garçons yazidis dans les plaines de Ninive en août dernier. Dans de nombreux villages yazidis, la population a été regroupée. Selon les enquêteurs de l'Onu, les hommes et garçons de plus de 14 ans ont été séparés des femmes et des filles. Les hommes ont été emmenés plus loin et abattus par les jihadistes, tandis que les femmes étaient enlevées comme butin de guerre.

 

(Reportage vidéo : Les enfants soldats de l'État islamique : deux petits Yazidis témoignent)

 

Appel au Conseil de sécurité
Les enquêteurs dénoncent aussi le « traitement brutal » – meurtres, tortures, viols et enrôlement d'enfants... – infligé à d'autres groupes ethniques, citant les chrétiens, Turkmènes, sabéens, mandéens, kaka'e, Kurdes et chiites. « Certains pourraient constituer des crimes contre l'humanité et/ou des crimes de guerre », précisent-ils. Mme Nagra a expliqué que le meurtre des chrétiens ne peut pas être considéré comme un génocide par les enquêteurs car les chrétiens, contrairement aux yazidis, se sont vu offrir la possibilité de se convertir ou de s'enfuir.
Le rapport mentionne de nombreux autres crimes, notamment en juin lorsque environ 600 hommes détenus dans la prison de Badouch, principalement des chiites, ont été emmenés dans des camions jusqu'à un ravin, où ils ont été abattus par des combattants sunnites de l'EI.

 

(Lire aussi : Esclaves des jihadistes de l'EI, des Yazidies poussées au suicide)


Les enquêteurs indiquent par ailleurs avoir reçu des informations rapportant que des forces de sécurité irakiennes et des milices associées avaient commis de graves violations des droits de l'homme lors de leurs opérations de contre-offensive contre l'EI et pourraient aussi avoir commis des crimes de guerre.
Face à l'horreur de ces crimes, les enquêteurs ont appelé le gouvernement irakien à enquêter et à devenir partie au statut de Rome de la CPI. Ils demandent aussi au Conseil de sécurité de « porter la situation en Irak devant la CPI ».
Une autre commission d'enquête du Conseil des droits de l'homme travaille depuis 2011 sur la situation en Syrie, et les dernières mises à jour de ses rapports incluent les crimes commis par l'EI dans ce pays.

 

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Qui sont les Yazidis ?

 

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