La Suède veut débusquer les réfugiés qui empruntent un passeport suédois

La Suède doit renforcer le contrôle des passeports suédois afin de débusquer les migrants qui entrent frauduleusement dans ce pays en jouant sur la ressemblance physique avec le porteur du document, préconise un rapport présenté lundi.
La proposition remise au gouvernement se veut une réponse à un afflux historique de personnes cherchant à bénéficier de la généreuse politique d'asile de la Suède. Ainsi en 2014, ce royaume scandinave a reçu plus de 81.000 demandes, ce qui représente 0,8% de sa population.
L'une des fraudes consiste à embarquer dans un avion avec un passeport suédois d'une personne au physique et à l'âge suffisamment proches. Environ 30% des demandeurs d'asile arrivent par les airs, selon l'Agence des migrations, les autres arrivant par la route ou par bateau.
"À travers des réseaux criminels établis à la fois en Suède et dans d'autres pays, des canaux sont déjà en place, qui sont en mesure de fournir aux migrants des passeports", a constaté Ebba Sverne Arvill, ancienne magistrate et policière chargée d'évaluer l'ampleur du phénomène et de faire des propositions pour lutter contre ce délit.
Par ailleurs, "il est fort probable qu'il arrive que des ressortissants suédois laissent ou prêtent leur passeport, contre rétribution ou non", a-t-elle ajouté.
Même si la Suède est, après la France, le deuxième pays le plus fréquemment touché dans l'Union européenne, le nombre des utilisations frauduleuses de passeports détectées est faible, 950 par an.
Tous les cas ne concernent pas des réfugiés : certains peuvent le faire "en vue de commettre un acte terroriste" ou d'échapper aux autorités qui les recherchent.
Mais parmi les voyageurs en provenance de pays non membres de l'espace Schengen ayant utilisé frauduleusement un passeport suédois, une forte majorité (77%) arrivait de Turquie, lieu de transit habituel des réfugiés syriens et irakiens.
Le nombre des réfugiés pour lesquels le subterfuge réussit est "relativement élevé", selon Mme Sverne Arvill, mais "très difficile" à évaluer puisque les immigrants clandestins détruisent généralement le passeport pendant le vol pour suivre la consigne de leurs passeurs ou ne pas impliquer des proches qui les ont aidés.
Elle a proposé l'annulation des passeports des Suédois qui en obtiennent un provisoire après une déclaration de perte, d'exiger un justificatif de voyage à chaque demande de passeport provisoire, de limiter à trois en cinq ans le nombre des passeports autorisés, et de réduire la durée de validité des passeports des mineurs.